Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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NUIT AMÉRICAINE. (suite)

Il faut encore supprimer les détails, et veiller à un contraste élevé, tout en conservant une image lisible. Cela pousse généralement à filmer en contre-jour, le liseré lumineux de « contre-lune » autour des personnages fournissant la lisibilité. (Ce liseré, cependant, nuit à la crédibilité lorsqu'il illumine, par exemple, les nuages de poussière derrière le galop des chevaux.) Le problème vient alors de ce que la caméra est dirigée, sinon vers le soleil, du moins vers une zone très lumineuse du ciel, laquelle devient difficile à « éteindre ». Les filtres polarisants, dans certains cas, ou les filtres gris découpés selon la ligne d'horizon apportent une solution lorsque le ciel est dans le champ. (Dans une nuite réelle, on ne voit pas les nuages ; une nuit américaine convaincante demande donc un ciel sans nuages, ce qui peut contraindre le tournage.) Une autre solution consiste à filmer en plongée, pour que le ciel ne soit pas dans le champ.

La nuit américaine dans le cinéma en couleurs.

En noir et blanc, la sous-exposition suggère, à elle seule, l'impression de nuit. En couleurs, elle ne suffit pas : même assombries, les zones claires de l'image conservent leur couleur, ce qui est contradictoire avec le phénomène de Purkinge. Parallèlement à la nécessaire sous-exposition et aux principes généraux décrits à propos du noir et blanc, on introduit donc ici une dominante bleue, à l'instar... du cinéma muet, où il était courant de virer en bleu ou de teinter en bleu les scènes « de nuit ». Une méthode rustique consiste à ne pas mettre devant l'objectif le « filtre de conversion » qui permet précisément, lorsque l'on filme en lumière du jour, d'éviter l'apparition d'une dominante bleue ( TEMPÉRATURE DE COULEUR). En fait, la méthode donne un bleu assez outré, et elle demande à être affinée, soit par un certain filtrage à la prise de vues, soit par l'étalonnage, soit par une combinaison des deux. Cette dominante bleue pose problème, plus qu'en noir et blanc, pour le rendu de la peau : il est nécessaire d'éclairer — et même énormément puisque l'on est en plein jour — les personnages en gros plan, de façon à corriger la tonalité de leur visage.

Par ailleurs, il n'est évidemment pas possible ici d'« éteindre » le ciel avec des filtres colorés. On peut, comme déjà décrit, employer filtres polarisants ou filtres gris, ou bien encore filmer en plongée.

Nuits américaines entre chien et loup.

Une nuit américaine est tout de suite plus crédible si une partie de l'éclairage provient en apparence de sources lumineuses artificielles. Cela n'est pas réalisable en plein jour, on l'a vu. Cela le devient peu avant le coucher ou peu après le lever du soleil, lorsque l'éclairage naturel est très faible. Mais il faut alors tourner vite si l'on veut mettre à profit ces instants privilégiés.

La nuit américaine demeure un artifice dont la crédibilité, comme celle de tout artifice, dépend en grande partie du contexte : découpage, montage, bande sonore, style général du film. Bien que manifestement tournées de jour, certaines nuits américaines ont un réel pouvoir évocateur. ( aussi FILTRE, ÉTALONNAGE.)

NUMÉRIQUE.

Grandeurs numériques.

Grandeurs qui sont constituées d'une suite d'informations en « tout ou rien ». En l'absence d'information (« rien »), on dit que l'information est au niveau 0 (zéro) et au niveau 1 (un), en présence d'une information (une tension de 5 volts). Ce mode de représentation, numérique, n'est pas naturel en audiovisuel où les sensations perçues sont progressives et proportionnelles à la variation d'une caractéristique physique (pression de l'air, éclairement ou luminance). Cette représentation numérique est fondamentalement différente de la représentation analogique où les grandeurs, enregistrées, transmises ou restituées (signal électrique, aimantation ou opacité d'un support photosensible), sont proportionnelles aux grandeurs physiques initiales : par exemple, en enregistrement photographique du son, la largeur de la trace transparente de la piste sonore sera proportionnelle, ou du moins le plus analogue possible, aux variations de la pression sonore lors de l'enregistrement.

Numérisation d'une grandeur.

Opération qui consiste à passer d'une grandeur analogique à une grandeur numérique. La grandeur analogique, dont l'amplitude varie dans le temps, est découpée en échantillons de très courte durée qui correspondent à la période de la fréquence d'échantillonnage du signal analogique. L'amplitude de chaque échantillon est ensuite évaluée selon une échelle de niveaux déterminée, exprimée en puissance de 2 : 2² pour 4 niveaux, 2³ pour 8 niveaux, ..., 2⁸ pour 256 niveaux, etc. On appelle niveau de quantification, exprimé en bits, la puissance de 2 qui définit le nombre de pas de cette échelle. L'amplitude de chaque échantillon sera exprimée, selon cette échelle, dans un système à base 2, ne comportant que des 0 et des 1. Le signal numérique correspondant sera constitué, à partir de cette analyse, par une suite d'impulsions électriques lorsque le signal est au niveau 1, et une absence de signal électrique lorsque le signal est à 0. La succession de ces signaux constitue le flux binaire. Il est possible de numériser toutes les grandeurs analogiques à condition d'adopter des fréquences et des échelles de quantification adaptées. Lors de leur transfert ou de leur traitement, ces signaux conserveront toujours leur valeur 0 ou 1, même s'ils sont perturbés par des signaux parasites, ce qui n'est pas le cas en analogique où ces parasites viennent s'ajouter aux signaux utiles. On pourra donc, en numérique, faire un grand nombre de recopies successives (théoriquement une infinité) sans apporter de perturbations au signal numérique, ou le perdre totalement...

Débit numérique.

Quantité d'informations (niveaux 0 et 1) à transmettre par seconde pour traiter (enregistrer, diffuser) le signal, exprimé en bits par seconde, kbits/s (kilobits par seconde), Mbits/s (mégabits par seconde) ou Gbits/s (gigabits par seconde).

Son numérique