Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CAAN (James)

acteur américain (Bronx, New York, 1939).

Il débute au théâtre dans une troupe itinérante, puis à Broadway dès 1961. Son premier emploi à l'écran dans Irma la Douce (B. Wilder, 1963) est non crédité. Remarqué dans El Dorado (H. Hawks, 1967), où il joue le benjamin du « trio viril » hawksien, cet acteur, d'une calme intelligence sous son aspect athlétique, doit de devenir vedette à Francis Ford Coppola, qui lui confie un rôle dangereusement pathétique dans les Gens de la pluie (1969). Depuis lors, sa maturité est remarquée dans le Parrain (Coppola, 1972), le Flambeur (K. Reisz, 1974), Rollerball (N. Jewison, 1975), Tueur d'élite (S. Peckinpah, id.), Un autre homme, une autre chance (C. Lelouch, 1977), le Souffle de la tempête (A. Pakula, 1978). Il passe à la réalisation en 1979 avec Hide in Plain Sight (où il tient également un rôle). Il joue ensuite dans Thief (Michael Mann, 1981), Kiss Me Goodbye (R. Mulligan, 1982), Jardins de pierre (F. F. Coppola, 1987) et Misery (Rob Reiner, 1990). Ces deux derniers films l'ont révélé comme un remarquable acteur de composition, très sobre, mûr pour des personnages de plus en plus contrastés. Dans For the Boys (M. Rydell, 1991), il incarne avec verve un « entertainer » dont la longue carrière, qui épouse les fluctuations de quarante ans d'histoire, évoque Bob Hope. Contre toute attente, dans Flesh and Bone (Steve Kloves, 1993), il est un terrifiant père criminel. Le comédien parfois léger des débuts possède un registre d'une belle étendue qui semble de plus en plus se tourner vers les rôles de composition : le Grand Nord (The North Star, Nils Gaup, 1995), l'Effaceur (Eraser, Charles D. Russell, 1996). Dans ce registre, il se surpasse presque en mafieux paternel, terrifiant car presque rassurant, dans The Yards (J. Gray, 2000).

CABANNE (William Christy)

cinéaste américain (Saint Louis, Mo., 1888 - Philadelphie, Pa., 1950).

Acteur, assistant et scénariste pour D. W. Griffith, Christy Cabanne acquiert une certaine réputation dès 1914 en dirigeant les sœurs Gish (The Sisters), puis Douglas Fairbanks (The Lamb, 1915). À la fin du muet, sa carrière commence à décliner et bientôt il n'œuvre plus que dans la série B la plus terne (Drums of the Congo, 1942).

CABOT (Jacques Étienne Pélissier de Bujac, dit Bruce)

acteur américain (Carlsbad, N. Mex., 1904 - Los Angeles, Ca., 1972).

Acteur peu connu, il est engagé pour le rôle de Driscoll dans King Kong (E. Schoedsack et M. Cooper, 1933), qui lui vaut une certaine célébrité. Par la suite, il ne retrouve pas un rôle de cette importance et évolue entre des personnages de criminels hautains (Furie, F. Lang, 1936), de héros ou de militaires : les Conquérants (M. Curtiz, 1939), Crime passionnel (O. Preminger, 1945), Un Américain bien tranquille (J. L. Mankiewicz, 1958), Hatari ! (H. Hawks, 1962).

CABRERA (Sergio)

cinéaste colombien (Bogota,1949).

Fils de Fausto Cabrera, acteur d'origine espagnole aperçu plus d'une fois dans ses films, il a longuement vécu et fait des études en Chine maoïste. Il aborde le métier par des études à Londres, puis la photographie (Pura sangre, Luis Ospina, 1982), la télévision et la publicité. Son premier long métrage, Técnicas de duelo (1988), coproduit par Cuba, ne manque pas de qualités (la dérision du machisme et des vieux conflits entre libéraux et conservateurs, par exemple), mais ne trouve guère le succès escompté, au point que le réalisateur n'hésite pas à le remonter et à retourner des scènes pour en tirer un autre titre, Aguilas no cazan moscas (1995), dont les ajouts sont affligeants. Entre-temps, les longs efforts de Cabrera se sont vu récompenser par les prix et les spectateurs rassemblés par La estrategia del caracol (1993), un phénomène jamais vu en Colombie. La mobilisation d'un ensemble de personnages hauts en couleur pour sauver leur immeuble, menacé par la spéculation urbaine, rejoint l'unanimisme jadis prisé par le néoréalisme, avec en prime un humour contagieux, libertaire. Désormais, c'est avec l'Europe qu'il coproduit ses projets. Pourtant, l'ambitieuse adaptation d'un récit d'Alvaro Mutis, Ilona llega con la lluvia (1995), ne convainc guère. Entré en politique, élu député indépendant vis-à-vis du bipartisme colombien, le réalisateur essaye plus modestement de contribuer à la pacification des esprits et à la réconciliation entre les militaires et la guérilla, avec Golpe de estadio (1998), une comédie puisant dans les vieilles recettes et les stéréotypes.

CABRERA INFANTE (Guillermo)

écrivain et critique cubain (Gibara 1929).

L'auteur du roman Trois Tristes Tigres (sans rapport avec le film homonyme de Ruiz) est le fondateur de la cinémathèque de Cuba, qu'il préside de 1951 à 1956. Critique de cinéma signant G. Cain, il a publié Un Oficio del Siglo XX, recueil de ses articles commentés avec ironie, puis Arcadia todas las noches, une série d'essais sur Welles, Hitchcock, Hawks, Huston et Minnelli. Il a écrit sous un autre pseudonyme le scénario de Point-limite zéro de Sarafian (1971), et pour Losey l'adaptation de Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry, projet non abouti. Ses chroniques cinématographiques sont parues sous le titre Cine o sardina (1997).

CACHE.

Élément opaque qui permet — dans le truquage par cache-contre-cache — de « réserver » une partie de l'image. ( EFFETS SPÉCIAUX.)

CACHE-CONTRE-CACHE.

Truquage (généralement de laboratoire, exceptionnellement de prise de vues) permettant de « marier » deux images filmées en des endroits ou en des moments différents. ( EFFETS SPÉCIAUX.)

CACOYANNIS (Michael)

cinéaste grec (Limassol, Chypre, 1922).

Ses études de droit et d'art dramatique à Londres lui permettent de faire ses débuts d'acteur et de metteur en scène de théâtre (1945-1950). De retour à Athènes en 1953, il écrit le scénario de ‘Réveil du dimanche’ (Kyriakatiko xypnima), son premier film tourné en 1954 avec l'assistance du chef opérateur Alvise Orfanelli, qui a quitté l'Égypte. Stella (Stella, éleftéri yénéka, 1955) marque les débuts à l'écran de Mélina Mercouri dans un rôle de femme libre. Dans la même ligne réaliste, dont le succès apporte un espoir de renouveau du film grec, vite déçu, la Fille en noir (To Koritsi me ta mavra, 1956) et Fin de crédit (To telefteo pséma, 1958) concluent la première phase d'une carrière qui s'égare en Grande-Bretagne (Our Last Spring [Eroïca], 1959 ; l'Épave [The Wastrel], 1960), avant de réussir une adaptation d'Euripide, dont les protagonistes quittent la scène pour le village : Électre (Electra, 1961). Dans ce film (en un superbe noir et blanc dû au chef opérateur Walter Lassaly), qui révèle Irène Papas, le parti pris du cinéaste renouvelle une tradition hésitante d'appropriation des classiques grecs par le film. En 1964, Zorba le Grec (Zorba the Greek), d'après le roman du Crétois Nikos Kazantzakis, remporte un suffrage populaire dû à Irène Papas, Anthony Quinn, Alan Bates, et à l'imagerie soutenue par la musique de Théodorakis. En 1967, le Jour où les poissons... (The Days the Fish Came out) est un échec. Le patchwork de vedettes des Troyennes (The Trojan Women, 1971) renvoie à une conception pour le moins usée du film d'art. Il faut encore citer Attila 74 (1975) et Iphigénie (Iphigéneia, 1977), dont l'habillage moderniste reste superficiel. En 1987, il réalise Sweet Country et, en 1993, tente une incursion sans éclat dans la comédie légère avec Sens dessus dessous (Pano kato kai plaghios). En 1999, il revient à sa première passion, le théâtre, en adaptant à l'écran la Cerisaie de Tchechov (O Vissinokipos). ▲