Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RAAB (Kurt)

acteur et décorateur allemand (Bergreichenstein 1941 - Hambourg 1988).

Personnalité remarquée du nouveau cinéma allemand, il se signale d'abord comme acteur de théâtre underground avant d'être engagé dans la troupe de l'Antitheater, de Rainer Werner Fassbinder, puis d'obtenir le rôle principal et de cosigner le scénario de Pourquoi Monsieur R. est-il atteint de folie meurtrière ? (Fassbinder, CO Michaël Fengler, 1969). Également nommé chef décorateur, il signera par la suite les décors de tous les films de Fassbinder jusqu'en 1977. Coscénariste épisodique d'autres œuvres comme la Tendresse des loups (U. Lommel, 1973, qu'il décore et interprète également), il mène, parallèlement à son activité théâtrale, une carrière cinématographique dense, jouant souvent pour Fassbinder, de Whity (1970) à la Femme du chef de gare (1976) en passant par Gibier de passage (1972) et le Rôti de Satan (1976). Il a également interprété : la Déchéance de Franz Blum (R. Hauff, 1973) ; Adolf et Marlène (Lommel, 1976) ; Bel Canto (Robert Van Ackeren, 1977) et Tricheurs (B. Schroeder, 1984), et a réalisé un film, l'Île des plantations sanglantes (Die Insel der blutigen Plantage). Un film vidéo le Désir de Sodome (Sehnsucht nach Sodom, 1989) est réalisé par Hanno Baethe, Hans Hirschmüller avec la participation de Kurt Raab, film dont le sujet est à la fois un dialogue entre amis et une réflexion sur la mort et la maladie (le sida) qui devait emporter l'acteur fétiche de Fassbinder.

RABAL (Francisco)

acteur espagnol (Aguilas, Murcia, 1926 - Bordeaux 2001).

D'origine modeste, il acquiert un solide métier sur les planches et devient l'un des jeunes premiers les plus sollicités par les tâcherons d'après-guerre, tels que Rafael Gil, José Luis Sáenz de Heredia et Francisco Rovira Beleta (Hay un camino a la derecha, 1953). Son talent et ses affinités politiques le rapprochent des éléments novateurs du cinéma espagnol : Bardem (Sonatas, 1959 ; A las cinco de la tarde, 1960), Saura (les Bandits, 1963) et surtout Buñuel, le grand exilé, qui lui offre le rôle ambigu de Nazarin (1958) et le rappelle pour Viridiana (1961) et Belle de jour (1967). Il accède par la même occasion à une carrière internationale, auprès de Torre-Nilsson (la Main dans le piège, 1961 ; Setenta veces siete, 1962), Antonioni (l'Éclipse, id.), Rivette (la Religieuse, 1966), Visconti (les Sorcières, 1967), Glauber Rocha (Têtes coupées, 1970), Zurlini (le Désert des Tartares, 1976), Luigi Comencini (La storia, 1986), Paul Leduc (Barroco, 1989), Bernard Giraudeau (l'Autre, 1991), Tanner (l'Homme qui a perdu son ombre, id.), Ripstein (Divine : l'Évangile des merveilles, 1997) et bien d'autres metteurs en scène moins personnels. « Paco » Rabal n'en reste pas moins assez présent sur les écrans espagnols (les Longues Vacances de 36, J. Camino, 1976 ; Epílogo, Gonzalo Suárez, 1983 ; Padre nuestro, Francisco Regueiro, 1985 ; La hora bruja, J. de Armiñán, 1985 ; El hermano bastardo de Dios, Benito Rabal, 1986 ; Divinas palabras, José Luis García Sánchez, 1987 ; Attache-moi !, P. Almodóvar, 1989 ; Goya en Burdeos, C. Saura, 1999). Sa composition pour les Saints Innocents (Los santos inocentes, Mario Camus, 1984) lui vaut un prix d'interprétation à Cannes, partagé avec Alfredo Landa.

RABENALT (Arthur Maria)

cinéaste allemand d'origine autrichienne (Vienne 1905 - Wildbad Kreuth, 1993).

Scénariste et réalisateur en 1934 (Pappi, qu'interprètent Viktor de Kowa et Hilde Weissner), son troisième film, cette année-là (Was bin ich ohne dich), recueille un certain succès. Apte à illustrer les modes du jour, très éclectique (des comédies musicales aux films d'horreur en passant par les drames sentimentaux), il va signer plus de soixante films en une trentaine d'années, sans susciter un autre intérêt que strictement commercial (les Trois Codonas [Die Drei Codonas], 1940 ; Martina, 1949 ; Die Försterchristl, 1952 ; Mandragore [Alraune], id., remake du film de Galeen ; la Dernière Valse [Der letzte Walzer], 1953 ; le Baron tzigane [Der Zigeunerbaron], 1954 ; Call Girls [Für zwei Groschen Zärrtlichkeit, 1958] ; Im Rythmus der Zeiten [DOC, 1968]). Il a été le cosignataire de la version allemande de la Kermesse héroïque de Feyder en 1935 (Die klugen Frauen). Parallèlement à son métier de cinéaste, il a poursuivi une carrière de metteur en scène de théâtre beaucoup plus personnelle, qui le conduisit à fonder à Munich, en 1965, le Theatron Eroticon.

RABIER (Jean)

chef opérateur français (Paris 1927).

Il assiste Henri Decae sur les quatre premiers films de Claude Chabrol avant de se voir confier, en 1960, les images des Godelureaux du même Chabrol, pour lequel il travaillera régulièrement désormais. On lui doit de remarquables photos pour Jacques Demy (la Baie des Anges, 1963 ; les Parapluies de Cherbourg, 1964) et Agnès Varda (Cléo de 5 à 7, 1962 ; le Bonheur, 1965) ; mais c'est aux œuvres de Chabrol que son nom demeure attaché : Landru (1963), le Scandale (1967), les Biches (1968), la Femme infidèle (1969), Que la bête meure (1970), le Boucher (id.), la Décade prodigieuse (1971), les Noces rouges (1973), Violette Nozière (1978), le Cheval d'orgueil (1980), Une affaire de femmes (1988), Jours tranquilles à Clichy (1990).

RACCORD.

Cohérence du contenu de l'image et/ou du son entre deux plans successifs. Par extension, personnage raccord, objet raccord, effet lumineux ou sonore raccord, personnage, objet ou effet que l'on retrouve dans la continuité du film.

RACHEDI (Ahmed) [Rachidi Aḥmad]

cinéaste algérien (Tébessa [auj. Tbessa], 1938).

Après qu'il a mené des études d'histoire et de cinéma, la guerre d'indépendance lui est en la matière sa véritable école : il appartient avec René Vautier et Mohamed Chanderli à la première unité cinématographique du FLN, puis dirige le premier Centre audiovisuel algérien. Il gagne Tunis : reportage et montage, courts métrages — dont il réalise un certain nombre après l'indépendance : Tébessa année zéro (1963), les Ouadhia (1964), et participe ou dirige des films collectifs : Des mains comme des oiseaux (id.) et surtout l'Aube des damnés (1965). Il adapte ensuite Thala, roman de Mouloud Mammari (l'Opium et le Bâton, 1969 — avec Marie-José Nat et Jean-Louis Trintignant) ; il réalise en France, sur un scénario de Rachid Boudjedra, un témoignage sur les travailleurs émigrés : le Doigt dans l'engrenage (1973). Il a dirigé l'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (ONCIC) de 1967 à la fin de 1972. Rachedi est devenu producteur indépendant à Rome. Il tourne en 1986 une comédie politique le Moulin de Monsieur Fabre avec l'acteur égyptien Izzat al-Alaïli et adapte en 1990 pour le cinéma et la télévision le roman d'Amin Maalouf Léon l'Africain. Depuis 1994, Ahmed Rachedi vit à Paris, où il a fondé Bird Communication, société avec laquelle il poursuit ses activités de producteur.