Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LISSE.

Bande lisse, bande magnétique non perforée. ( BANDE MAGNÉTIQUE, REPIQUAGE, PRISE DE SON.)

LISSENKO (Nathalie) [Natalia Andrianovna Lisenko]

actrice russe (Saint-Petersbourg 1884 - Paris 1969).

Elle fait partie de la colonie des Russes blancs qui émigre en France après la révolution d'Octobre. Dans son pays, elle était déjà célèbre comme compagne d'Ivan Mosjoukine et héroïne d'adaptations littéraires ou de sombres mélodrames dirigés pour la plupart par Protazanov : la Mouette (id., 1915) ; la Danse macabre (id., 1916) ; le Péché (id., id.) ; le Procureur (id., 1917) ; le Rictus de Satan (id., id.) ; le Père Serge (id., 1918). Devenue la muse de la compagnie Ermoliev (puis Albatros), elle retrouvera des rôles voisins sous pavillon français, toujours aussi fiévreuse et endolorie, dans l'Enfant du carnaval (I. Mosjoukine, 1921), Tempêtes (R. Boudrioz, 1922), le Brasier ardent (Mosjoukine, 1923), Kean (A. Volkov, 1924). Citons trois films d'Epstein : le Lion des Mogols (id.) ; le Double Amour, 1925 ; l'Affiche (id.), un de Cavalcanti, où elle est remarquable (En rade, 1927), et un de L'Herbier (Nuits de prince, 1930). Séparée de Mosjoukine, elle fera encore quelques apparitions, fort discrètes, au parlant (Ce cochon de Morin, G. Lacombe, 1932 ; la Mille et Deuxième Nuit, Volkov, 1933 ; le Veau gras, S. de Poligny, 1939).

LISTE NOIRE.

Le développement de la « chasse aux sorcières », dans le climat propice dû à la « guerre froide », qui s'abattit sur le cinéma hollywoodien à la fin des années 40, et la virulence des attaques portées dès 1950 par le sénateur Joseph McCarthy contre l'industrie cinématographique américaine amenèrent les principaux studios à dresser une liste des interprètes et techniciens dont la présence risquait de compromettre la carrière d'un film.

Parallèlement à l'établissement de cette liste, qui comportera environ deux cents noms, les studios mirent au point des commissions – des « chambres ardentes » pour le scénariste Adrian Scott – destinées à examiner les cas litigieux.

Alors que de nombreux acteurs et scénaristes, tels qu'Edward G. Robinson ou Lucille Ball, refusèrent de donner les noms de leurs collègues soupçonnés d'activités anti-américaines, d'autres, comme Elia Kazan, passèrent dans les rangs des accusateurs. De tous ceux qui furent dénoncés, les acteurs apparurent immédiatement comme les principales victimes. Incapables de changer d'apparence et de prendre un nouveau nom, ils se virent soudain exclus des plateaux et des scènes. Ce fut le cas pour Larry Parks, Will Geer, J. Edward Bromberg, Anne Revere et John Garfield, qui se suicida en 1952.

Les scénaristes furent plus heureux, car les petites compagnies, qui ne pouvaient autrefois envisager de les employer à cause de leurs salaires considérables, s'empressèrent de leur faire des propositions. « C'est stupéfiant – avoua Carl Foreman, scénariste de Mark Robson, Richard Fleischer et Fred Zinnemann – le nombre d'amis qui ont voulu me permettre de travailler... pour peu d'argent. » Le comble fut atteint en 1956 lorsque « Robert Rich » obtint l'Oscar du meilleur scénario pour Les clameurs se sont tues d'Irving Rapper. Or, Robert Rich n'était qu'un des multiples pseudonymes de Dalton Trumbo.

La présence de la liste noire contraignit parallèlement à l'exil des metteurs en scène tels que Joseph Losey, Jules Dassin, John Berry et Cyril Endfield. La carrière de Losey fut de la plus grande inégalité artistique et John Berry signa en France des films indignes de ses prestigieux films américains. Le cas de Jules Dassin est identique. Contrairement à ce que l'on aurait pu craindre, la production, privée de quelques cinéastes de talent et surveillée par ceux qui y voyaient l'influence de dangereux intellectuels antiaméricains, manifesta durant toutes ces années une vitalité et un courage confondants, au lieu de se contenter de fournir de simples films de série. Les « major companies » permirent notamment la réalisation de nombreux films qui dénonçaient le racisme – c'est l'époque des grands westerns antiracistes – envers les Indiens et les Noirs, l'antisémitisme, les menées des forces d'extrême droite et les diverses formes de racket, exaltant en revanche la liberté de la presse, le droit au terrorisme en politique (les Insurgés, de John Huston) et le courage individuel, opposé à la lâcheté collective (Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann).

Alors que le sénateur McCarthy et ses partisans souhaitaient la réalisation de films anticommunistes, Hollywood n'en produisit en fait que très peu, prouvant ainsi, une nouvelle fois, son indépendance et, malgré la liste noire, la plupart de ceux qui avaient été les partisans de Roosevelt et du New Deal, qui avaient milité dans les organisations libérales et avaient pris le parti de l'Espagne républicaine continuèrent en fait à travailler, soutenus le plus souvent par leurs producteurs qui tenaient avant tout – ce fut le cas de Darryl F. Zanuck qui veillait sur la production de la 20th Century-Fox – à avoir des acteurs et des techniciens de talent, fussent-ils de gauche...

L'acteur Ward Bond pouvait alors constater tristement : « Ils travaillent tous maintenant, ces communistes du Cinquième Amendement. Il n'y a rien à faire. Nous avons perdu la bataille. C'est aussi simple que cela. » Plus amer, Carl Foreman déclarait : « Je ne connais personne qui n'ait été durement secoué, que ces événements n'aient pas traumatisé, qui n'ait pas été affecté. Tous les scénaristes se sont mis à mal écrire, sans exception. »

Principales dates :

1938. La commission présidée par Martin Dies s'attaque au Federal Theatre Project.

1947. Hollywood est la cible de la commission présidée par J. Parnell Thomas. Dix des principaux, témoins « inamicaux » deviennent les fameux « Dix d'Hollywood » (John Howard Lawson, Dalton Trumbo, Albert Maltz, Alvah Bessie, Samuel Ornitz, Herbert Biberman, Edward Dmytryk, Adrian Scott, Ring W. Lardner et Lester Cole).

1950. Le sénateur Joseph McCarthy dénonce l'infiltration communiste dans l'administration et les milieux hollywoodiens.