Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
W

WIPE.

Mot anglais pour volet (2).

WISDOM (Norman)

acteur britannique (Londres 1920).

Comique à grimaces venu du music-hall, il devient une vedette très populaire en Grande-Bretagne, à tel point que ses films sont présentés comme la série des « Aventures de Norman Wisdom » : le Roi de la pagaille (Trouble in Store, John Paddy Carstairs, 1953), Plus on est de fous (One Good Turn, id., 1954), l'Abominable Invité (As Long as They're Happy, J. Lee Thompson, 1955), Un parachute pour M. Pitkin (The Square Peg, Carstairs, 1958), etc.

WISE (Robert)

cinéaste et producteur américain (Winchester, Ind., 1914).

Ayant dû interrompre ses études à cause de la crise, il entre dans le département montage de la RKO en 1933 et parvient, en 1939, au poste de monteur. Dans ce domaine, ses plus grands titres de gloire sont assurément Citizen Kane (1941) et la Splendeur des Amberson (1942) d'Orson Welles. C'est le producteur Val Lewton qui le fait passer à la réalisation pour remplacer le défaillant Gunther von Fritsch dans la Malédiction des hommes-chats (1944), film fantastique, raffiné et délicat, où déjà sa maîtrise technique force l'admiration. C'est un cinéaste appliqué qui ne s'enflamme pas facilement. La chorégraphie explosive de West Side Story (CO J. Robbins, 1961) semble l'avoir laissé presque de glace et, dans ce film célèbre, il n'a peut-être été qu'un simple exécutant. Bien plus vilipendés, mais bien meilleurs sont la Mélodie du bonheur (1965) et Star (1968), qui mêlent le musical et le drame : en fait, Wise a toujours été à l'aise dans des entreprises qui s'adressent à un reste d'enfance chez le spectateur. Le Jour où la terre s'arrêta (1951) est un film de science-fiction d'une rare intelligence, dont Wise a su rendre convaincant le message pacifiste. Il a retrouvé sans peine le ton particulier de ce film dans Star Trek (1979), également réussi. Il a aussi jonglé avec la technologie et avec un suspense très intense dans le palpitant Mystère Andromède (1971). C'est là une autre caractéristique de Robert Wise : il peut rendre haletant un suspense dont l'issue nous est déjà connue (l'Odyssée du « Hindenburg », 1975). Le policier noir, âpre et violent, puissamment rythmé, réveille son talent. Né pour tuer (1947) est excellent. Mais Nous avons gagné ce soir (1949) et le Coup de l'escalier (1959) sont de véritables classiques, concis et justes, qui définissent exactement ses possibilités.

Films  :

La Malédiction des hommes-chats (The Curse of the Cat People, co Gunther von Fritsch, 1944) ; Mademoiselle Fifi (id.) ; le Récupérateur de cadavres (The Body Snatchers, 1945) ; A Game of Death (id.) ; Criminal Court (1946) ; Né pour tuer (Born to Kill, 1947) ; Mystery in Mexico (1948) ; Ciel rouge (Blood on the Moon, id.) ; Nous avons gagné ce soir (The Set-Up, 1949) ; Two Flags West (1950) ; Secrets de femmes (Three Secrets, id.) ; la Maison sur la colline (The House on Telegraph Hill, 1951) ; le Jour où la terre s'arrêta (The Day the Earth Stood Still, id.) ; The Captive City (1952) ; Something for the Birds (id.) ; les Rats du désert (The Desert Rats, 1953) ; Destination Gobi (id., id.) ; Mon grand (So Big, id.) ; la Tour des ambitieux (Executive Suite, 1954) ; Hélène de Troie (Helen of Troy, 1955) ; la Loi de la Prairie (Tribute to a Bad Man, 1956) ; Marqué par la haine (Somebody Up There Likes Me, id.) ; Cette nuit ou jamais (This Could Be the Night, 1957) ; Femmes coupables (Until They Sail, id.) ; l'Odyssée du sous-marin « Nerka » (Run Silent Run Deep, 1958) ; Je veux vivre (I Want to Live, id.) ; le Coup de l'escalier (Odds Against Tomorrow, 1959) ; West Side Story (id., CO J. Robbins, 1961) ; Deux sur la balançoire (Two for the Seesaw, 1962) ; la Maison du diable (The Haunting, 1963) ; la Mélodie du bonheur (The Sound of Music, 1965) ; la Canonnière du Yang-tsé (The Sand Pebbles, 1966) ; Star (Star !, 1968) ; le Mystère Andromède (The Andromeda Strain, 1971) ; Brève Rencontre à Paris (Two People, 1973) ; l'Odyssée du « Hindenburg » (The Hindenburg, 1975) ; Audrey Rose (id., 1977) ; Star Trek : le film (Star Trek : The Motion Picture, 1979) ; Rooftops (1989).

WISEMAN (Frederick)

cinéaste documentariste américain (Boston, Mass., 1930).

Il s'oriente d'abord vers une carrière juridique et fait ses premières armes dans le cinéma en produisant l'œuvre de Shirley Clarke, Harlem Story (The Cool World, 1963). Il aborde la réalisation en 1967 avec Titicut Follies, une étude « objective » sur la prison d'État de Bridgewater (Massachusetts), spécialisée dans la démence criminelle. La crudité de certaines images conduit le film à être interdit dans son lieu d'origine et à l'exportation. Pourtant, Wiseman se veut un témoin dépassionné de la vie interne de diverses institutions, allant des plus officielles (High School, 1968, ou les activités quotidiennes d'une école supérieure de Philadelphie ; Law and Order, celles d'un commissariat de police de Kansas City) aux plus officieuses ou banales (Model, 1980, sur l'univers new-yorkais de la mode ; The Store, 1983, consacré à la marche interne d'un grand magasin de Dallas). En 1986, il réalise Deaf et Blind, sur la rééducation des handicapés et, en 1989, Near Death aborde le grave problème des réactions de la cellule familiale, médicale, religieuse devant la mort et de sa prise en charge des responsabilités décisionnelles. Par ses méthodes à la fois pragmatiques et rigoureuses, Frederick Wiseman dépasse la fameuse question théorique du cinéma direct sur la modification du comportement des sujets filmés face à la présence visible de la caméra. Ses travaux sont dédramatisés, apparemment neutres ; ils ne comportent ni musique ni commentaire. Il s'agit, toutefois, d'œuvres très structurées. Wiseman, généralement producteur, réalisateur et preneur de son de ses films, accumule jusqu'à quarante heures de rushes pour un produit fini de deux heures. L'auteur, qui ne revendique aucune affiliation politique, ne se donne pas le droit d'apporter des réponses mais seulement celui de poser des questions. Il travaille en étroite collaboration avec les institutions qui lui servent de sujets. Mais, souvent, comme c'est le cas pour Primate (1974) — qui nous donne à voir les diverses études faites, au sein du Yerkes Primate Research Center d'Atlanta, sur les singes —, la réaction négative du public conduit l'organisme à se retourner contre le cinéaste. Qu'il aborde le problème de la conscription (Basic Training, 1971), du chômage (Welfare, 1975), du marché de la viande (Meat, 1976), Wiseman laisse pourtant apparaître une perspective, un angle de lecture. Ces bandes sont réalisées en collaboration avec la télévision publique de New York (WNET, réseau PBS).