Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GASTONI (Lisa)

actrice italienne (Alassio 1935).

Elle travaille à Londres comme modèle et débute en 1954 dans Prisonnier du harem (You Know What Sailors Are, K. Annakin), suivi par une quinzaine de comédies et films policiers, dont Toubib or not Toubib (R. Thomas, 1954), Trois Hommes dans un bateau (Three Men in a Boat, Annakin, 1956), Tueurs à gages (Intent to Kill, J. Cardiff, 1958). Dès 1961, elle joue en Italie dans des films comiques ou d'aventures qui exploitent sa beauté sensuelle, dont Le avventure di Mary Read (Umberto Lenzi, 1961), Il monaco di Monza (S. Corbucci, 1963). Sa carrière prend un nouvel essor grâce au succès de Merci ma tante (S. Samperi, 1968) et elle joue ensuite dans des drames assez érotiques et plus ambitieux, dont L'amica (A. Lattuada, 1969), Amore amaro (F. Vancini, 1974), Scandale (Samperi, 1976), L'immoralità (M. Pirri, 1978).

GASTYNE (Marc Benoist, dit Marc [Marco] de)

cinéaste français (Paris 1889 - id. 1982).

Grand prix de Rome de peinture, il débute comme décorateur (la Sultane de l'amour, Charles Burguet et R. Le Somptier, 1919), puis passe à la mise en scène à partir de 1924. Il tourne en 1928 une Merveilleuse Vie de Jeanne d'Arc (1928) avec Simone Genevois, beaucoup plus académique que celle de Dreyer, mais non dépourvue de charme « sulpicien ». Au parlant : Une belle garce (1931), la Bête errante (id.), Rotschild (1933), l'Île de la solitude (1936), Trique, gamin de Paris (1960) et de nombreux courts métrages pour enfants.

Son frère, le décorateur Guy de Gastyne (Guy Benoist, dit) [Neuilly-sur-Seine 1888 - Créteil 1972], a collaboré à la plupart de ses films, et aussi avec Grémillon (la Petite Lise), Genina, Baroncelli, L'Herbier (le Bonheur, Tragédie impériale, Entente cordiale), Maurice Tourneur (Katia, Mam'zelle Bonaparte, etc.).

GATLIF (Michel Dahmani, dit Tony)

cinéaste français (Alger - Reggaïa, Algérie, 1948).

D'ascendance à la fois gitane et algérienne, il trouve dans cette double origine l'inspiration de ses films : la Terre au ventre (1978), qui évoque l'Algérie en guerre, et les Princes (1982), un film dépourvu de toute concession et de tout attendrissement sur les Gitans sédentarisés dans une banlieue sans âme. Attentif aux êtres marginalisés, il réalise Rue du départ (1986), qui sera suivi de Pleure pas my love et de Gaspard et Robinson (1990). Il consacre à la culture des Tsiganes et des Gitans, sujet de son premier film (un court métrage, Canta gitano), le documentaire Latcho drom (1993) et tourne en 1994 Mondo, d'après Le Clézio. En 1998 il présente Gadjo Dilo (l'Étranger fou) un « road noire » musical qui le consacre définitivement au niveau international. Son film suivant, Vengo (2000), est une histoire de vendetta qui se déroule en Espagne.

GATTI (Dante, dit Armand)

écrivain et cinéaste français (Monaco 1924).

Journaliste, auteur d'essais, de pièces de théâtre et de récits de voyage, il collabore avec Chris Marker pour Dimanche à Pékin (CM, 1956) et Lettre de Sibérie (1958) et écrit le scénario de Morambong (Jean-Claude Bonnardot, 1959). Il écrit et met en scène pour le cinéma l'Enclos (1961), sur l'univers des camps de concentration. Il part pour Cuba, où il tourne en 1962-63 l'Autre Cristobal (El otro Cristóbal). D'autres projets cinématographiques échouent mais il se livre à diverses expériences théâtrales. En 1970, il tourne pour la télévision allemande Übergang über den Ebro. Entre 1975 et 1979, il réalise quelques vidéofilms pour l'Institut national de l'audiovisuel et, en 1981, il est en Irlande du Nord, où il signe (en 16 mm) Nous étions tous des noms d'arbres.

GAUDIO (Gaetano Antonio, dit Tony)

chef opérateur américain d'origine italienne (Cosenza 1885 - Burlingame, Ca., 1951).

Il débute en Italie en 1903 et émigre en 1906 aux États-Unis avec son frère Eugene, qui deviendra aussi chef opérateur. Il éclaire en 1911 une trentaine de courts métrages de Mary Pickford et photographiera plus de mille films en quarante ans. Il est connu pour ses nombreuses innovations techniques et contribuera largement à établir le style caractéristique des studios Warner entre 1930 et 1943. Il réalise deux films en 1925, The Price of Success et Sealed Lips, et photographie, entre autres, le Signe de Zorro (F. Niblo, 1920), la Tentatrice (id., 1926), Little Caesar (M. LeRoy, 1931), le Masque d'or (Ch. Brabin, 1932), Détective privé (M. Curtiz, 1933), Docteur Socrate (W. Dieterle, 1935), la Vie de Louis Pasteur (The Story of Louis Pasteur, id., 1936), Anthony Adverse (LeRoy, id.), le Dernier Round (Curtiz, 1937), la Vie d'Émile Zola (The Life of Emile Zola, Dieterle, id.), les Aventures de Robin des Bois (W. Keighley, 1938), le Mystérieux Dr Clitterhouse (A. Litvak, id.), Juárez (Dieterle, 1939), la Grande Évasion (R. Walsh, 1941), le Grand Mensonge (E. Goulding, id.), la Chanson du souvenir (Ch. Vidor, 1945), le Poney rouge (L. Milestone, 1949).

GAUFRÉ.

Film gaufré  PROCÉDÉS DE CINÉMA EN COULEURS.

GAUGE.

Mot anglais pour format (1).

GAUMONT (Léon)

producteur et industriel français (Paris 1864 - Sainte-Maxime 1946).

Il fut l'un des premiers, sinon le premier, en Europe, à prendre conscience de l'extraordinaire puissance commerciale que représentait le cinéma et à en maîtriser les rouages, au mieux de ses intérêts mais aussi des goûts du public, qu'il respectait au plus haut point. Il n'avait rien de l'inventeur, comme Lumière, ni de l'homme de spectacle, comme Méliès. Il n'était qu'un commerçant, mais un commerçant avisé, qui sut s'entourer d'une équipe artistique hors pair, gérer ses affaires, imposer une image de marque (symbolisée par la célèbre marguerite, concurrençant le coq gaulois de Pathé), le tout avec un dosage raisonnable de conformisme et d'audace. Il eut, certes, des revers de fortune, notamment à la naissance du cinéma parlant, dont il avait été pourtant l'un des précurseurs ; mais il fit en sorte que le nom de Gaumont se perpétue et lui survive.

D'abord commerçant en matériels d'optique (Comptoirs Richard), il se lance, dès 1895, avec l'appui de clients tels qu'Eiffel et Joseph Vallot (le directeur de l'Observatoire du mont Blanc), dans la fabrication et l'exploitation d'appareils de prises de vues animées. Il fonde alors la société en commandite Gaumont et Cie, au capital de 200 000 F. Au moment même où Louis Lumière triomphe avec son Cinématographe, il étudie les possibilités commerciales d'un appareil conçu par Georges Demenÿ, le Chronophotographe, le dotant de tous les aménagements possibles, dont l'enregistrement combiné du son, à l'aide de cylindres de cire. Soucieux avant tout de rentabilité, il lance un « chrono » de poche, peu onéreux, permettant à la fois la prise de vues et la projection. Au Châtelet, au musée Grévin, au Théâtre du Gymnase, ses appareils font sensation. En 1903, il montre sa propre « image parlante » à la Société française de photographie, ainsi que quelques phonoscènes synchronisées selon le procédé Demen["]y. Il s'intéresse aussi à la couleur, et au Chronophone, ancêtre du cinéma sonore, succède le Chronochrome (1912), ancêtre du cinéma en couleurs (système Camille Lemoine, à base d'images superposées). Ces procédés, tout perfectionnés qu'ils sont, en restent pourtant au stade de l'expérimentation. Signalons toutefois que de courtes bandes parlantes et coloriées seront régulièrement présentées dans les circuits Gaumont à partir de 1912. Il apporte d'autre part divers perfectionnements à la technique de la photographie, tels que le châssis magasin, le matériel pour rayons X, le Chromoscope, les stérospidos panoramiques, les stéréodromes, etc.