Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CUSACK (John)

acteur américain (Evanston, Ill., 1966).

Ayant débuté précocement à l'âge de douze ans, John Cusack s'imposa avec un certains succès vers la fin des années 80 dans des films destinés au public adolescent (le Voyage de Natty Gann), Jeremy Paul Kagan, 1985 ; Stand By Me, Rob Reiner,1986). Mais c'est dans les années 90 qu'il impose un talent inhabituel : il excelle à jouer en retrait, à écouter, à épier, à contempler. Acteur réactif s'il en fut, il est l'enjeu de deux femmes exceptionnelles, Annette Bening et Anjelica Huston dans les Arnaqueurs (S. Frears, 1990), un dramaturge, double de Woody Allen, dans Coups de feu sur Broadway (W. Allen, 1994), un jeune conseiller du maire de New York, joué par Al Pacino (City Hall, H. Becker, 1995), un journaliste dépassé par une intrigue policière au bord du surnaturel (Minuit dans le jardin du bien et du mal, C. Eastwood, 1998). Bien loin de jouer les utilités, John Cusack surprend et ravit par l'intensité de son jeu, la sobriété de ses prestations. Cependant, des créations nettement plus frénétiques et franchement fantaisistes dans Dans la peau de John Malkovich (Inside John Malkovich, Spike Jonze, 1999) et dans High Fidelity (S. Frears, 2000) laissent présager un large éventail.

CUSACK (Cyril)

acteur britannique d'origine irlandaise (Durban, Afrique du Sud, 1910 - Londres 1993).

En bon acteur irlandais, il fit ses classes auprès de l'Abbey Theatre dès 1932. Mais il avait débuté au cinéma dès l'âge de sept ans. Discret, à cause de son physique banal, de sa petite taille et de son talent toujours juste, il participa à nombre de films britanniques ou tournés en Angleterre entre 1935 et 1966, sans qu'on le remarque vraiment. François Truffaut transforma sa silhouette bonhomme en celle d'un inquiétant capitaine des pompiers, faussement onctueux et pondéré, dans Farenheit 451 (1966). Depuis, on a eu plus souvent l'œil sur lui et, dans une filmographie toujours très abondante, on retiendra des silhouettes pétries d'humanité et de vérité dans des films aussi divers que Harold et Maude (H. Ashby, 1971), Chacal (F. Zinnemann, 1973), Sanglantes confessions (Ulu Grosbard, 1981) ou My Left Foot (J. Sheridan, 1989).

CUSHING (Peter)

acteur anglais (Kenley 1913 - Canterbury 1994).

Après s'être formé au théâtre en Angleterre, il débute, comme doublure, à Hollywood (l'Homme au masque de fer, J. Whale, 1939) puis fait de la figuration jusqu'en 1942. De retour en Angleterre, tout en jouant dans la troupe de Laurence Olivier, il apparaît à l'écran dans de petits rôles (Hamlet, L. Olivier, 1948 ; Moulin Rouge, J. Huston, 1953 ; Vivre un grand amour, E. Dmytryk, 1955) et se rend célèbre à la BBC dans des téléfilms et des pièces télévisées. En 1957, Frankenstein s'est échappé, de Terence Fisher, fait de lui et de Christopher Lee deux des grandes stars du cinéma fantastique moderne. Dès lors, il reprend tous les grands rôles de ce répertoire, dont cinq fois celui du baron Frankenstein ; il lui donne une personnalité neuve : la Revanche de Frankenstein (Fisher, 1958) ; l'Empreinte de Frankenstein (Evil of Frankenstein, Freddie Francis, 1964) ; Frankenstein créa la femme (Fisher, 1967) ; le Retour de Frankenstein (id., 1969) ; Frankenstein et le monstre de l'enfer (id., 1973). Dans la même veine, il compose de nombreux autres rôles, pour — presque toujours — des films européens. Avec son visage émacié, et grâce à l'élégance de sa diction et de ses manières, il les campe tous de façon originale, qu'il s'agisse de Van Helsing (le Cauchemar de Dracula, Fisher, 1958), de Sherlock Holmes (le Chien des Baskerville, Fisher, 1959), de la mort personnifiée (Dr. Terror's House of Horrors, F. Francis, 1965) ou du tyran de la Guerre des étoiles (G. Lucas, 1977). En outre, il sauve de l'oubli, à lui seul, bien d'autres productions médiocres.

CUT (1).

Mot anglais pour coupe franche. Montage cut, montage recourant uniquement à la coupe franche. ( SYNTAXE.)

« CUT » (2).

Équivalent anglais de « coupez ! ».

CUTTING.

Mot anglais pour montage, au sens restreint de l'activité matérielle de coupe et d'assemblage des plans. ( MONTAGE.)

CUTTS (Jack Graham)

cinéaste britannique (Brighton 1885 - Londres 1958).

D'abord exploitant, il dirige de nombreux films, dont Flames of Passion avec Mae Marsh (1922). Associé à Michael Balcon et Victor Saville, il tourne Woman to Woman en 1923, avec Clive Brook, l'actrice américaine Betty Compton, et Alfred Hitchcock comme assistant. Cutts et Balcon fonderont Gainsborough Pictures aux studios d'Islington en 1924. Parmi ses autres films mentionnons : The Rat (1925) et The Return of the Rat (1929), avec Ivor Novello ; Three Men in a Boat (1933) et Aren't Men Beasts ? (1937). L'actrice Patricia Cutts (alias Patricia Wayne) était sa fille (1926-1974).

CYBULSKI (Zbigniew)

acteur polonais (Kniaże, près de ´Sniatyn, Ukraine, 1927 - Wrocław 1967).

Après des études commerciales et de journalisme à Cracovie, il s'enrôle à l'école supérieure de théâtre de cette ville, dont il sortira en 1953. Il y fait surtout la rencontre de celui qui deviendra l'acteur principal du film d'A. Munk, De la veine à revendre (1960) : Bogumił Kobiela. C'est avec ce dernier qu'il fait ses débuts professionnels à Gdynia. Leurs carrières ne se sépareront jamais tout à fait et ils créeront ensemble le théâtre satirique étudiant Bim-Bom, puis le théâtre Rozmów, pour lequel ils seront à la fois metteurs en scène et acteurs, tout en interprétant souvent les mêmes films. Cybulski obtient son premier emploi au cinéma dans Une fille a parlé d'Andrzej Wajda (1955), où il tient le petit rôle de Kostek, et c'est Wajda qui, deux ans plus tard, fait de lui une vedette internationale avec Cendres et Diamant (1958). Le regard myope derrière ses lunettes sombres, il y est « le symbole d'une génération écœurée de sang, stupéfaite d'avoir échappé au massacre et meurtrie [...], un être humain prisonnier et victime d'un monde de haine et de violence, un diamant dans la cendre » (M. Martin).

La fortune de Cybulski suit celle du film – le plus grand succès international du cinéma polonais d'après-guerre – et il se retrouve incarner le désarroi de toute une génération, sa gaucherie et sa vulnérabilité. Jamais plus il ne sera le jeune premier banal qu'on attend encore de lui ; il investira chacun de ses rôles d'une étrangeté essentielle au monde qui imposera la comparaison avec James Dean, Marlon Brando ou Gérard Philipe. Dans Train de nuit de Jerzy Kawalerowicz (1959), les lunettes noires qui vont devenir sa marque distinctive abritent le mystère d'une personnalité qui demeurera secrète. Avec Au revoir, à demain de Janusz Morgenstern (1960), il écrit, en collaboration encore avec Kobiela, un film qui est le fruit de leur longue expérimentation théâtrale commune. La même année, Wajda recentre habilement son image en faisant de lui un aîné un peu désabusé de la nouvelle génération qu'il met en scène dans les Innocents Charmeurs.