Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
I

ISLANDE. (suite)

Avec Sous le glacier (Kristnihald undir jökli, 1989), Gudny Halldorsdottir a réussi à adapter le difficile roman de Laxness les Chrétiens du glacier. Également scénariste et productrice, elle est l'auteur d'un film remarqué dans tous les pays scandinaves, Hekla (Karlakorinn Hekla, 1992). Kristin Palsdottir a réalisé Message à Sandra (Skilabod til Söndru, 1983) et Kristin Johanesdottir Sur la terre comme au ciel (Svo a jordu sem a kimmi, 1992). Dans un pays où les femmes occupent de hautes fonctions, les réalisatrices sont donc nombreuses ; aux trois précédentes, on ajoutera, notamment, Asdis Thoroddsen et Ragnildur Oskardottir. Dans la même génération se distinguent Larus Ymir Oskarsson, qui a réalisé deux films en Suède avant la Rouille (Ryd, 1990), Hilmar Oddsson, Jon Tryggvason, Julius Kemp, et Fridrik Thor Fridriksson*. Ce dernier, autodidacte, a reçu plusieurs distinctions dans les festivals étrangers avec les Baleines blanches (Skytturnar, 1987), les Enfants de la nature (Böm natturunnar, 1991). Fridriksson s'est illustré dans le cinéma pour enfants avec Jours de cinéma (Biogadar, 1994), de même que Thorsteinn Jonsson lui-même avec le Palais du ciel (Skyjaöllin, 1995), ou un nouveau venu formé en France à la FEMIS, Gisli Snaer Erlingsson, avec Ikingut (2001).

L'Islande tente de développer les coproductions avec d'autres pays, plus spécialement les pays nordiques, sans se limiter à des thématiques traditionnelles, et malgré l'étroitesse de son propre marché. À signaler, en 1992, une collaboration avec d'autres pays de l'Atlantique Nord : Légendes du Nord (Aevintyri fra Nordurslodum), film composé de trois épisodes, produits et réalisés au Groenland (par Maariu Olsen), aux îles Féroé (par Katrin Ottarsdottir) et en Islande (par Kristin Palsdottir).

ISO (abrév. de International Organization for Standardization, Organisation internationale de normalisation).

Échelle de rapidité des films, adoptée comme standard international en remplacement des échelles ASA et DIN. (Un film de 100 ASA ou 21 DIN devient un film de 100/21 ISO.) [ RAPIDITÉ.]

ISOU (Jean-Isidore Goldstein, dit Isidore)

écrivain et cinéaste français d'origine roumaine (Botoşani 1925).

Arrivé à Paris en 1945, il y fonde le mouvement lettriste. Après la poésie, le cinéma l'occupe en 1951. Il réalise un film de trois heures, Traité de bave et d'éternité, qui a l'originalité de ne chercher aucune synchronisation entre image et son. La bande son est constituée par des poèmes lettristes et par un long monologue. Sur la bande image, parfois volontairement rayée, certains plans de Cocteau ou de Saint-Germain-des-Prés gardent une fraîcheur touchante. En 1952, il écrit une Esthétique du cinéma.

ISRAËL.

Si les premières prises de vue en Terre sainte sont tournées par les opérateurs des frères Lumière en 1897, les premières tentatives d'activité cinématographique se situent vers 1911. Elles sont le fait de pionniers intéressés à fixer en images le retour du peuple juif dans son ancienne patrie. Le tout premier film s'intitule d'ailleurs le Premier Film dans le pays d'Israël. Ainsi, parmi ces pionniers, Nathan Axelrod, à partir de 1926, amasse nombre de documents, base des actuelles archives nationales.

Le premier long métrage hébreu (’ Oded le Vagabond ‘ [Oded Hanoded], Haim Halakhmi) se situe vers 1933 ; le premier film parlant, produit par Axelrod et réalisé par lui-même et Ari Wolf, date de 1938 : ’ Au-dessus des ruines ‘ (Me'ever Hakhoravoth). D'autres longs métrages sont tournés par des réalisateurs étrangers comme le Polonais Aleksander Ford (Tsabar, 1933), le Suisse Helmer Larski (Travail [Avoda], 1935, et Terre [Adama], 1947) ou l'Américain Herbert Klein (la Maison de mon père [Beit avi], 1947). Mais ce n'est qu'après la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël (1948) qu'apparaissent les premières traces d'une industrie organisée. En 1950, Mordechai Navon inaugure les studios Geva ; un an plus tard, Pargot Klausner ouvre les studios Herzlyia. Ces deux entreprises, dotées de leurs laboratoires propres, bénéficient petit à petit d'un équipement très moderne. En 1980, longtemps après la mort de Navon et de Klausner, elles fusionnent sous une direction unique ; sous le nom de United Studios, elles contrôlent presque totalement la production du pays, encore qu'elles ne participent que rarement au financement des films. Quant aux studios de Globus Group, à Newe Ilan, près de Jérusalem, qui fonctionnent depuis le début des années 90, ils ne disposent pas encore d'un laboratoire «  film  » et sont plutôt spécialisés dans la vidéo.

Jusqu'à la fin des années 50, l'activité principale de Geva et de Herzlyia est surtout liée à la préparation hebdomadaire d'un journal filmé, ainsi qu'à la production de documentaires de commande. Parmi les rares longs métrages entrepris, il faut citer ‘ Colline 24 ne répond plus ’ (Giváh 24 Eiyna onad, 1955), réalisé par l'Anglais T. Dickinson* et qui évoque certains épisodes de la guerre d'indépendance, ou bien ’ Ils étaient dix ‘ (Hem Hayu Assarah) de Baruch Dinar, dédié aux colons venus de Russie à la fin du XIXe siècle.

L'État définit dès 1954 l'identité des films israéliens, et propose un système de subventions proportionnelles aux entrées. Cette politique détermine, pour une longue période, le caractère purement commercial de la production ; lorsque la décision sera prise d'instituer un Centre du cinéma, celui-ci sera tout naturellement confié au ministère de l'Industrie et du Commerce, ce qui n'encourage pas, de toute évidence, une vocation culturelle.

L'Essor du cinéma israélien.

Ce n'est que vers les années 60 que la production cinématographique israélienne prend son élan (elle passera de 2 ou 3 films par an à une moyenne de 10 ou 15 et même, exceptionnellement, 20). Le producteur-cinéaste Menahem Golan (né en 1929 à Tibériade), après une courte carrière théâtrale, s'attaque à tous les genres, du thriller (El Dorado, 1963) à la comédie musicale ’ Dalia et les Marins ‘ (Dalia vehamalakhim, 1964), du film d'espionnage ’ Opération Caire ‘ (Mivtsa Kahir, 1966) au mélodrame social (Fortuna, id.), des films d'enfants (‘ Huit suivent un ’ [Shmona be'ikvot ekhad], 1964) aux comédies loufoques (Aliza Mizrahi, 1967). Quoique boudé par les critiques et pas toujours soutenu par le public, Golan décide de passer outre et d'aller de l'avant. Il rencontre le succès avec l'adaptation de la pièce musicale Kazablan (1973), basée d'ailleurs sur son premier film, El Dorado, et Opération Jonathan (Mivtza Yonatan, 1977), une reconstitution dramatique approximative de l'opération militaire qui permit la libération de plusieurs otages prisonniers d'un groupe terroriste à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda. Ses efforts pour pénétrer le marché international seront finalement couronnés de succès, au moins temporairement, par l'achat de la Cannon, une compagnie américaine en faillite, qu'il ressuscite avec son cousin et partenaire Yoram Globus, et transforme pendant quelques années en une entreprise ambitieuse et dynamique, mais en même temps quelque peu fragilisée par une certaine mégalomanie. L'aventure ne durera qu'un temps et s'achèvera sur une faillite, suivie de la séparation des deux partenaires et de leur retour à des activités plus modestes.