Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

COLLAGE. (suite)

Collage à ultrason.

Le support polyester ne peut être assemblé par collage à la colle, aucun solvant ne convenant à cet usage. Une colleuse spéciale, sans apport de produit complémentaire (colle), permet, en chauffant le support, à la limite de la fusion, par ultrason, d'assembler les éléments de film. Ces collages sont mécaniquement résistants et ne laissent aucune trace d'adhésif ou de colle. Ils sont surtout pratiqués par les laboratoires, d'où le nom qui leur est parfois donné de collure laboratoire.

Colleuses.

Les opérations de collage, qui doivent être d'une grande précision de façon à garantir l'équidistance exacte des perforations, se pratiquent sur des appareils plus ou moins automatisés appelés colleuses en cinéma d'amateur et presses à coller en cinéma professionnel.

COLLER.

Presse à coller, appareil permettant la réalisation des collages. (Cinéma professionnel.)

COLLEUSE.

Appareil permettant la réalisation de collage en respectant parfaitement le pas des perforations entre les deux éléments raccordés. Souvent on désigne par presses à coller les colleuses utilisant la colle et par colleuses celles utilisant l'adhésif ou les ultrasons.

COLLINS (Joan)

actrice britannique (Londres 1933).

Elle débute à l'écran en vedette dans une production américaine tournée en Europe, les Pages galantes de Boccace (H. Frégonèse, 1953), qui met en valeur sa beauté un peu « exotique » d'aventurière, emploi qu'elle fait alterner avec des rôles à costumes dans sa carrière hollywoodienne : la Terre des Pharaons (H. Hawks, 1955), la Fille sur la balançoire (R. Fleisher, id.) ; les Naufragés de l'autocar (V. Vicas, 1957) ; Une île au soleil (R. Rossen, id.) ; Bravados (H. King, 1958) ; les Sept Voleurs (H. Hathaway, 1960). Elle montre des dons comiques inattendus dans la Brune brûlante (L. McCarey, 1958) et fait une prestation émouvante dans Esther et le Roi (R. Walsh, 1960). Depuis les années 60, elle se voit réduite à des films d'horreur de série B et à des prestations pseudo-érotiques assez pénibles. Elle réapparaît au début des années 80 dans des séries TV populaires (Dynasty).

COLLINSON (Peter)

cinéaste britannique (Cleethorpes 1936 - Santa Monica, Ca., 1980).

Il appartient à la génération formée par la BBC. Toutefois, après des débuts prometteurs avec la Nuit des alligators (The Penthouse, 1967), Up the Junction (1968) et Un jour parmi tant d'autres (The Song Day's Dying, id.), il s'est perdu dans des productions américaines ou internationales sans grand intérêt, comme les Baroudeurs (You Can't Win'Em All, 1970), Colts au soleil (The Man Called Noon, 1973) et Dix Petits Nègres (And Then There Were None, 1974).

COLLURE.

Endroit où deux fragments de film ont été réunis par collage. Par extension, syn. usuel de collage.

COLMAN (Ronald)

acteur américain, d'origine britannique (Richmond, Surrey, 1891 - Santa Barbara, Ca., 1958).

Acteur dès 1914, sa carrière est interrompue par la guerre. En 1919, il débute à l'écran. Il devient le jeune premier britannique par excellence, et c'est avec cette étiquette qu'il part pour les États-Unis, en 1920. Il est lancé par Lillian Gish, qui fait de lui son partenaire dans la Sœur blanche (H. King, 1923). Curieusement, Hollywood en fait d'abord un sombre séducteur méditerranéen, calamistré et suave, souvent associé à Vilma Banky : l'Ange des ténèbres (1925), Une nuit d'amour (1927) tous deux de George Fitzmaurice ; Barbara fille du désert (1926) et Flamme d'amour (1927) d'Henry King. Il obtient ses meilleurs rôles dans Stella Dallas (H. King, 1925), l'Éventail de lady Windermere (E. Lubitsch, id.), Kiki (C. Brown, 1926), Beau Geste (H. Brenon, id.). Sa diction claire et sa voix bien posée lui assurent un passage sans problème au parlant. Il s'oriente vers les rôles de composition, qui semblent tous perpétuer la tradition de l'Empire britannique dans l'univers cosmopolite d'Hollywood. Il est l'agent secret Bulldog Drummond (F. Richard-Jones, 1929), le gentleman-cambrioleur de Raffles (H. d'Abbadie d'Arrast, 1930), le médecin dévoué d'Arrowsmith (J. Ford, 1931), le Baron Clive of India (R. Boles'lawsky, 1935) ou le légionnaire de Sous deux drapeaux (F. Lloyd, 1936). Ses grandes prestations mettent en lumière son romantisme mélancolique : le Marquis de Saint-Évremond (J. Conway, 1935), les Horizons perdus (F. Capra, 1937), la Lumière qui s'éteint (W. Wellman, 1940) et, surtout, le délicieux Prisonnier de Zenda (J. Cromwell, 1937), où il a un double rôle. Après sa création pathétique d'amnésique dans Prisonnier du passé (Random Harvest, M. LeRoy, 1942), sa popularité décroît ; la rigueur morale, la noblesse un peu désuète ne sont plus à la mode. Les grands rôles ne manquent pourtant pas : le professeur philosophe de la Justice des hommes (G. Stevens, 1942), le personnage rigide que fut The Late George Apley (J. L. Mankiewicz, 1947), ou l'acteur déchiré d'Othello (G. Cukor, 1948), qui lui vaut un Oscar. Dans les années 50, il ne fut plus qu'une vedette invitée. Il était déjà déplacé. Il appartenait au Vieux Monde.

COLOMBAT (Jacques)

cinéaste français (Paris 1940).

Soutenu au départ par les Films Paul Grimault, Jacques Colombat attire d'emblée l'attention par l'iconoclastie de Marcel ta mère t'appelle (1960). Adepte d'une technique de papier découpé et de dessin animé, sa fantaisie débridée et ravageuse, joyeuse et humoristique, fait écho à l'esprit des collages surréalistes.En 1966, Jacques Colombat fait une incursion dans le court métrage de fiction avec les Filous, adaptation " sadienne " du Petit Chaperon rouge, où apparaît la jeune Bulle Ogier. Dans la Tartelette (1967), Calaveras (1969) ou la Montagne qui accouche (1973), l'invention plastique le dispute à l'incision graphique et aux rythmes chromatiques soutenus. Son premier long métrage de dessin animé, Robinson et Cie (1990), Grand Prix du Festival d'Annecy, est un décalque narquois du personnage de Defoe.

COLOMBIE.

La première projection publique aurait eu lieu à Bogotá le 1er septembre 1897. La même année, l'appareil d'Edison est signalé à Colón, avant la sécession du Panamá. L'intérêt suscité par le cinématographe est démontré par la décision du président de la République d'engager un opérateur français chargé d'enregistrer les cérémonies officielles (1905). Les frères Di Domenico, d'origine italienne, sont à la fois importateurs de films et pionniers d'une production nationale épisodique. En 1912, ils inaugurent à Bogotá le fameux Salon Olympia, première vraie salle de cinéma. La douzaine de longs métrages du muet semble aujourd'hui extraordinaire. On filme alors à Bogotá, Medellín, Barranquilla, Cali et Pereira. Le succès de l'époque reste María (Alfredo del Diestro et Máximo Calvo, 1921), d'après l'œuvre de Jorge Isaacs, un mélodrame romantique. Les Di Domenico tournent des documentaires (pour El drama del 15 de Octubre en 1915, ils sont allés interviewer en prison les assassins d'un leader politique) et font des incursions dans la fiction, comme Aura o las violetas (Pedro Moreno Garzón et Vicente Di Domenico, 1924), d'après José María Vargas Vila. Arturo Acevedo produit les premières actualités régulières (1924-1948), et des films de fiction : La tragedia del silencio (1924), Bajo el cielo antioqueño (1925). Tous les espoirs s'effondrent avec la révolution technique qu'implique l'avènement du parlant. Les Di Domenico soldent leur matériel. Les actualités d'Acevedo restent l'unique production nationale pendant dix ans. Elles ne retiennent de l'histoire mouvementée de la Colombie que la chronique gouvernementale ou mondaine. Un document d'intérêt plus large, comme celui des manifestations et funérailles du dirigeant populiste assassiné Jorge E. Gaitán (1948), est une exception. Les difficultés d'assimilation du sonore marquent les productions sporadiques des années 40 : Flores del Valle (Calvo, 1941) ; on y trouve des comédies musicales de nette inspiration mexicaine : Allá en el trapiche (Roberto Saa Silva et Gabriel Martínez, 1942). La création d'un département de cinéma au ministère de l'Éducation (1938, Gaitán étant ministre) n'aboutit qu'à une éphémère série de courts métrages pédagogiques. Une loi de protection du court métrage (1942), assez restrictive, reste lettre morte. Les maisons de production ne dépassent guère les deux ou trois longs métrages et doivent compter avec les « Actualités » rituelles. Échappent à la médiocrité El milagro de la sal (Luis Moya, 1958), mélodrame sur des mineurs ensevelis, et surtout El rio de las tumbas (Julio Luzardo, 1964), qui évoque l'insidieuse violence politique et décrit la province avec humour. La télévision (1954) et la publicité relancent une production de documentaires folkloriques et touristiques (comme ceux de Francisco Norden, dont Camilo el cura guerrillero, 1974, reste un cas à part) et de longs métrages de nouveaux réalisateurs, parmi lesquels José María Arzuaga : Raíces de piedra (1962), Pasado el meridiano (1967) possèdent une fraîcheur néoréaliste. Une nouvelle législation en 1971 suscite un essor de courts métrages ; ainsi, Gamin (Ciro Durán*, 1978), sur les enfants pauvres de Bogotá, a été tourné par fragments, puis transformé en long métrage. La radicalisation politique apporte de nouvelles images. Carlos Álvarez réalise des films de démystification idéologique : Asalto (1968), Colombia 70 (1970), Que es la democracia (1971), Hijos del subdesarrollo (1975), Introducción a Camilo (1978), Desencuentros (1978). Marta Rodríguez et Jorge Silva se situent à mi-chemin entre le film ethnographique et le film militant : Testimonio sobre Planas (1970), Chircales (1972), Campesinos (1976), Nuestra voz de tierra, memoria y futuro (1982). Le prêtre-guérillero a inspiré un troisième titre : Camilo Torres (Diego León Giraldo, 1968). Un protectionnisme timide et une censure persistante freinent le passage de la nouvelle génération au long métrage. Avec la création de FOCINE (Compagnie de promotion du cinéma, 1978), les cinéastes colombiens subissent une administration erratique, jusqu'à ce que l'organisme disparaisse dans l'indifférence générale (1993). Le bilan de cette période est modeste : Carne de tu carne (Carlos Mayolo, 1983), Les condors ne meurent pas tous les jours (Cóndores no entierran todos los días, Norden, 1984), Tiempo de morir (Jorge Ali Triana, 1985, d'après Gabriel García Márquez*), Visa U.S.A. (Lisandro Duque, 1986), El día que me quieras (Sergio Dow, id.), La mansión de Araucaima (Mayolo, id., d'après Alvaro Mutis), Técnicas de duelo (Sergio Cabrera*, 1987), Rodrigo D. No futuro (Víctor Gaviria, 1988), Confesiones a Laura (Jaime Osorio, 1991), la Dette, ou la mort insolite, la résurrection plus surprenante encore et la seconde mort d'Ali Ibrahim Maria de los Altos Pozos y Resuello, surnommé le Turc (La deuda, o la insólita muerte y no menos asombrosa resurrección y segunda muerte de Ali Ibrahim María de los Altos Pozos y Resuello, llamado el Turco, Nicolás Buenaventura Vidal et Manuel José Alvarez, 1997), la Petite Marchande de roses (La vendedora de rosas, V. Gaviria, 1998), sans oublier la Vierge des tueurs (B. Schroeder, 2000), tourné à Medellin, très controversé en Colombie lors de sa sortie.