Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MICHEAUX (Oscar)

cinéaste, écrivain et producteur indépendant noir américain (Metropolis, Ill. 1884 - Charlotte, N. C., 1951).

Il épouse, en 1929, Alice B. Russell, une actrice qui apparaît dans quelques-uns de ses films, dont God's Stepchildren (1938). Oscar Micheaux est autodidacte. Après avoir exercé divers petits métiers, il devient, en 1909, propriétaire d'une ferme dans le Dakota du Sud.

À partir de 1915, il commence à écrire des romans, qu'il édite et, doué d'un solide sens des affaires, vend lui-même : The Homesteader, The Wind From Nowhere, The Masquerade, The Case of Mrs. Wingate, etc. Il fonde, en 1918, la Micheaux Film and Book Company (à Chicago), qui devient ensuite la Micheaux Film Corporation. Il y réalise lui-même The Homesteader (1919). Son deuxième film, Within Our Gates (1920), provoque, à cause d'une scène de lynchage, des remous au sein des communautés noires et blanches. Mais, en règle générale, les œuvres d'Oscar Micheaux illustrent les thèses intégrationnistes de la bourgeoisie afro-américaine de l'époque. Entre 1918 et 1948, ce pionnier conçoit une trentaine de films : The Brute (1920), Deceit (1921), Birthright (1924), Body and Soul (dans lequel débute Paul Robeson, 1925), The Exile (premier film parlant réalisé par une compagnie noire, 1931), Ten Minutes to Live (1932)... Micheaux sillonne le pays pour placer ses produits tant auprès des responsables des salles des ghettos que chez certains propriétaires de cinémas destinés aux Blancs. (Il s'embarque même, en 1925, pour l'Europe, afin d'y faire connaître ses films.) Le cinéaste emploie souvent des acteurs au teint clair qui tiennent les rôles des bons ; il introduit aussi des scènes de cabaret pour attirer la clientèle blanche. Il crée un univers où les Noirs apparaissent comme aussi cultivés, aussi bien éduqués que les Anglo-Saxons. Des films comme A Daughter of the Congo (1930) ou God's Stepchildren (1938) sont attaqués par les gens de sa communauté pour leur vision ambiguë de la question raciale. Oscar Micheaux est le seul cinéaste indépendant noir à connaître une aussi longue carrière, et il la termine en 1948 avec The Betrayal. Il a permis à des acteurs de couleur d'interpréter des rôles plus complexes que ceux proposés par l'industrie hollywoodienne et peut-être est-ce là son principal mérite.

MICHEL (André)

cinéaste français (Paris 1910 - id. 1989).

D'abord critique, il se spécialise durant la Seconde Guerre mondiale dans le film de montage documentaire. Auteur sensible, il réalise deux premières œuvres intéressantes : un court métrage, la Rose et le Réséda (1945), d'après le poème d'Aragon, primé à la Biennale de Venise en 1947, et un long métrage, Trois Femmes (1952), adaptation honorable de Maupassant. Ses autres films, de facture plus impersonnelle, furent des échecs commerciaux et ne lui permirent plus de s'insérer dans la production française : la Sorcière (1956, avec Marina Vlady) ; Sans famille (1958) ; Comme un poisson dans l'eau (1961) ; Ton ombre est la mienne (1962). ▲

MICKEY,

personnage de dessin animé. Mickey Mouse, le souriceau le plus célèbre du film d'animation et de la bande dessinée, fut créé par Walt Disney et « Ub » Iwerks en 1928. Il fut précédé de « Mortimer » Mouse, un petit animal du même type, plus grossièrement stylisé. Mickey a d'énormes oreilles rondes, des pattes en tuyau de pipe s'enfonçant dans de confortables chaussures, une longue queue fine et quatre doigts seulement, toujours gantés. La première bande, muette, où il apparaît s'intitule Fou d'aviation (Plane Crazy). Il y rencontre déjà sa compagne, Minnie, et dès la deuxième, le Gaucho galopant, son ennemi juré, le Frisé à la jambe de bois. La troisième, Steamboat Willie, sera sonore. Le succès fut immédiat, non seulement aux États-Unis mais dans le monde entier. De nombreux albums, poupées, stylos, réveille-matin, tee-shirts, etc., répercuteront sa gloire à tout vent. En 1933, dans Mickey's Gala Premiere, il côtoie le « gratin » d'Hollywood, de Greta Garbo à Boris Karloff. En 1935, il apparaît pour la première fois en couleurs. Outre les quelque 121 films de la série « Mickey Mouse Cartoons », qui se poursuivra jusqu'en 1953, Mickey est apparu en guest star dans d'autres séries, consacrées à Donald, Goofy, Pluto, etc. Dans Fantasia (1940), il est un trépidant apprenti sorcier, sur la musique de Paul Dukas. C'est un symbole graphique « universel, dit Pierre Tchernia, comme Charlot ou Napoléon ».

MIDLER (Bette)

actrice et chanteuse américaine (Honolulu, Haw., 1945).

Au début des années 70, Bette Midler devient la coqueluche de l'intelligentsia new-yorkaise en créant le personnage de « The Divine Miss M », pseudo-vamp rétro à la silhouette gracile, émule gaillarde de Mae West et Betty Boop, débordant de dynamisme, de féminité et de vulgarité bon enfant. Après plusieurs albums à succès, son premier film, The Rose (Mark Rydell, 1979) — le destin cauchemardesque d'une star du rock — la hisse au niveau des plus grandes chanteuses / comédiennes d'Hollywood. Elle tourne ensuite l'adaptation de son show Divine Madness (Michael Ritchie, 1980), s'égale dans la comédie romantico-policière (la Flambeuse de Las Vegas, Don Siegel, 1982) et revient à l'écran dans deux farces à l'humour laborieux : le Clochard de Beverly Hills (Paul Mazursky, 1986, d'après Boudu sauvé des eaux) et Y a-t-il quelqu'un pour tuer ma femme ? (Ruthless People, Jim Abrahams, David et Jerry Zucker, id.). Elle tourne ensuite Big Business (J. Abrahams, 1988), Beaches (Garry Marshall, id.), Stella (John Erman, 1990), Scènes de ménage dans un Centre commercial (P. Mazursky, 1991) avec Woody Allen comme partenaire et For the Boys (M. Rydell, id.). Après une période de semi-retraite cinématographique, elle renoue avec le succès dans le Club des ex (The First Wives Club, Hugh Wilson, 1996).

MIEVILLE (Anne-Marie)

cinéaste suisse (Lausanne 1945).

Connue pour sa collaboration aux films de Jean-Luc Godard depuis 1972 (photographie, montage, scénario, co-réalisation), elle travaille notamment au scénario de Sauve qui peut (la vie) [1979] et de Prénom Carmen (1983). Après la réalisation de plusieurs courts métrages, dont Papa comme maman (1978) et le Livre de Marie (1984), elle passe au long métrage avec Mon cher sujet (1988) suivi de Lou n'a pas dit non (1994), de Nous sommes tous encore ici (1997) et d'Après la réconciliation (2000, avec Godard et elle-même acteurs), tous films dont elle est également la scénariste.