Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

TOBACK (James)

cinéaste, acteur et scénariste américain (New York, N. Y., 1944).

Après le fracassant début de Mélodie pour un tueur (Fingers, 1977), thriller provocant et violent, qui jouait avec l'obscénité sans jamais y tomber, on pouvait penser qu'un grand cinéaste allait s'affirmer. Hélas, lentement mais sûrement, malgré l'alibi culturel de l'Europe et des distributions internationales (Rudolph Noureev, Nastassja Kinski, Ornella Muti, King Vidor, Ray Sharkey), Love & Money (id., 1980) ou Surexposé (Exposed, 1983) voient la vitalité faire place à l'agitation, le non-conformisme, à la mode, et la liberté narrative, à la confusion. Toback est revenu à son premier métier de scénariste avec Sea of Love (Mélodie pour un tueur, H. Becker, 1989) et Bugsy (B. Levinson, 1991) avant de refaire quelques très discrets essais de réalisation dont le sympathique Black and White (id., 2000) et Harvard Man (2001).

TOBIS-KLANGFILM.

En réaction à la puissance de l'industrie américaine en Europe et en prévision du triomphe du cinéma sonore, d'importantes sociétés américaines, associées à des partenaires néerlandais, créent en 1928 le Tonbild-Syndikat A.G., ou Tobis, pour exploiter le procédé Tri-Ergon. D'autres entreprises allemandes dont Siemens et AEG, qui avait mené des recherches sur l'enregistrement du son, créent la même année la Klangfilm GmbH. Les deux firmes se regroupent un an plus tard en un consortium avec partage du marché : à Tobis le matériel d'enregistrement, à Klangfilm le matériel de reproduction. Le consortium s'implante dans plusieurs pays européens, en particulier la Grande-Bretagne (ainsi que dans son empire), et en France, où il acquiert le studio d'Épinay.

Les tensions avec les Américains, plus particulièrement en Grande-Bretagne, débouchent en 1930 sur les accords de Paris, qui opèrent un partage du marché mondial ; les germano-néerlandais conservent la mainmise sur l'Europe moins l'URSS, les Américains se réservent l'Amérique du Nord, l'Inde, l'Australie et l'URSS - la Grande-Bretagne restant ouverte aux deux influences.

Le groupe Tobis-Klangfilm a également créé en Allemagne des sociétés de production et de distribution.

TODD (Ann)

actrice britannique (Hartford 1909 - Londres 1993).

Après de modestes débuts, elle accède aux rôles principaux avec Perfect Strangers (A. Korda, 1945) et surtout avec le Septième Voile (C. Bennett, id.), où elle incarne une jeune pianiste névrosée soignée par la psychanalyse. Elle connaît une certaine notoriété en tournant avec Alfred Hitchcock (le Procès Paradine, 1948), David Lean, alors son mari (les Amants passionnés, 1949 ; Madeleine, 1950 ; le Mur du son, 1952), Henry King (les Neiges du Kilimandjaro, id.), Joseph Losey (Temps sans pitié, 1957, dans le rôle de l'épouse de l'industriel assassin). De 1964 à 1975, elle réalise plusieurs courts métrages documentaires.

TODD (Avram Goldenbogen, dit Michel ou Mike)

producteur américain (Minneapolis, Minn., 1907 - monts Zuni, N. Mex., 1958).

C'est surtout un producteur de théâtre, qui débute à Broadway en 1936 et qui, très vite, se fait connaître par le luxe de ses productions. En 1945, il s'intéresse au cinéma, mais reste dans la pénombre administrative. C'est surtout parce qu'il s'associe à Joseph Schenck pour exploiter un procédé de grand écran, le Todd AO (65 mm), que l'on commence à parler de lui. Par la suite, il produit lui-même le gigantesque Tour du monde en 80 jours (M. Anderson, 1956) et entre dans la légende en épousant Elizabeth Taylor. Il disparaît au cours d'un voyage aérien réalisé avec son avion personnel (dont le nom était The Lucky Liz).

TODD (Richard Andrew Palethorpe-Todd, dit Richard)

acteur irlandais (Dublin 1919).

Après de bons débuts dans À tout péché, miséricorde (A. Cavalcanti, 1949) et dans le Dernier Voyage (The Hasty Heart, V. Sherman, id.), il est choisi par Alfred Hitchcock pour tenir le rôle de l'assassin pervers dans le Grand Alibi (1950). Au sein d'une filmographie abondante et régulière, on constate ses préférences pour les films d'aventures ou de guerre : Robin des Bois et ses joyeux compagnons (The Story of Robin Hood, K. Annakin, 1952), les Briseurs de barrages (M. Anderson, 1954), le Seigneur de l'aventure (The Virgin Queen, H. Koster, 1955), Commando sur le Yang-Tsé (Yangtse Incident/Battle Hell, id., 1957), Sainte Jeanne (O. Preminger, id.), la Patrouille égarée (The Long and the Short and the Tall/ Jungle Fighters, Leslie Norman, 1961), Opération Crossbow (Anderson, 1965), Asylum (R. W. Baker, 1972), le Grand Sommeil (M. Winner, 1978).

TODD (Alison Lloyd, dite Thelma)

actrice américaine (Lawrence, Kans., 1905 - Santa Monica, Ca., 1935).

À la suite de sa victoire dans un concours de beauté, elle est engagée à Hollywood et devient très populaire à la fin des années 20 et au début des années 30, dans de très nombreux petits films comiques où elle a pour partenaires Charlie Chase, les Marx Brothers, Wheeler et Woolsey, Laurel et Hardy, Buster Keaton, Jimmy Durante, Jack Oakie et Joe E. Brown. Elle impose même sa propre « série » comique avec Zasu Pitts, puis avec Patsy Kelly. On la voit aussi dans les mélodrames : The Gay Defender (G. La Cava, 1927), The Noose (John Francis Dillon, 1928), Vamping Venus (Eddie Cline, id.), Careers (J. F. Dillon, 1929), The House of Horror (B. Christensen, id.), The Maltese Falcon (R. Del Ruth, 1931), Corsair (R. West, id., film où Thelma Todd joue sous son patronyme, Alison Lloyd). En 1935, on la retrouve asphyxiée dans sa voiture, dans un garage d'Hollywood. Les circonstances de cette mort sont restées inexpliquées.

TODD-AO (d'après M. Todd, producteur, et American Optical, firme d'optique).

Nom de marque sous lequel fut lancé le format 70 mm. ( FORMAT, CADENCE.)

TODOROVSKI (Petr) [Pëtr Efimovič Todorovskij]

cinéaste soviétique (Bobrinets, Ukraine, 1925).

Diplômé de la section prise de vues du VGIK en 1954, il devient opérateur en 1955, en particulier pour deux films de Khoutsiev, le Printemps dans la rue Zaretchnaïa et les Deux Fedor. Il passe à la réalisation avec Fidélité (Vernost‘ , 1965, dont il cosigne le scénario avec Boulat Okoudjava), un tableau de la jeunesse durant la Seconde Guerre mondiale qui reçoit le prix de la meilleure opera prima au festival de Venise. Le Prestidigitateur (Fokusnik, 1967) montre que l'individu est prêt à tout sacrifier pour conserver sa dignité. Il tourne ensuite Romance urbaine (Gorodskoj romans, 1971), Notre terre (Svoja zemlja, TV, 1973), la Dernière Victime (Poslednjaja žertva, 1976), le Jour de la fête (V den'prazdnika, 1979). Ses deux meilleurs films sont la Bien-aimée du mécanicien Gavrilov (Ljubimaja ženščina mehanika Gavrilova, 1981), une brillante comédie de mœurs, et Romance du front (Voenno-polevoj roman, 1984), une comédie dramatique dominée par la prestation d'Inna Tchourikova. Après une comédie légère, Dans la grand-rue avec la fanfare (Po glavnoj ulice s orkestrom, 1986), il a brossé le portrait d'une prostituée cherchant à sortir de sa condition en épousant un homme d'affaires suédois amoureux d'elle, dans Interfille (Interdevočka, 1989). En 1992, il réalise Encore une fois (Ankor, ešče ankor).