Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BUCHS (José)

cinéaste espagnol (Santander 1893 - Madrid 1973).

L'un des principaux réalisateurs du muet, il est un précurseur dans bien des genres du cinéma espagnol : le film historique, les adaptations littéraires, la zarzuela et les saynètes, le pittoresque folklorique, le film religieux, le mélodrame, la comédie. Débutant avec La mesonera del Tormes (1919), sa carrière s'étend sur quarante ans, pendant lesquels il tourne notamment La inaccesible (1920), La verbena de la Paloma (1921), La reina mora (1922), Doloretes (1923), Mancha que limpia (1924), Una extraña aventura de Luis Candelas (1926), El Conde de Maravillas (1927), El dos de mayo (id.), El guerrillero (1930), Prim (id.), Carceleras (1932), un des premiers films sonores.

BUCQUET (Harold S.)

cinéaste américain d'origine britannique (Londres 1891 - Los Angeles, Ca., 1946).

D'abord décorateur, il débute dans le court métrage en 1937, puis dans le long métrage l'année suivante. La MGM, qui l'emploie, lui confie surtout une série B très fructueuse : Docteur Kildare, et sa suite Docteur Gillespie. Il signe une œuvre parfois insolite, où se manifestent ses origines britanniques (l'Étrange Sursis [On Borrowed Time], 1939) ou, exceptionnellement, des films de prestige qui le dépassent quelque peu (le Fils du Dragon [Dragon Seed], 1944, coréalisé avec Jack Conway ; Sans amour [Without Love], 1945).

BUGS BUNNY.

Personnage célèbre de dessin animé américain. Il a droit au statut de superstar, n'ayant jamais cessé, depuis sa création jusqu'à nos jours, d'être plébiscité quotidiennement dans les programmes télévisés destinés aux enfants. En ce sens, il est plus durablement célèbre que Mickey Mouse ou que Popeye. C'est en 1936, au département d'animation de la Warner Bros, sous Leon Schlesinger, producteur des Looney Tunes et des Merrie Melodies, qu'il fut créé par un groupe d'animateurs : Chuck Jones, Tex Avery, Friz Freleng, Bob Clampett et Ben Hardaway, qui le baptisa « Bugs ». (Il apparaît pour la première fois dans le cartoon Porky's Hare Hunt, 1936.)

Ce lièvre désinvolte et insolent, qui croque perpétuellement une carotte crue et lance avec un défaut de langue très marqué sa fameuse phrase : « What's up, doc ? », a été volontairement doté d'une voix à la Groucho Marx (interprétée par le spécialiste vocal Mel Blanc) et d'une démarche inspirée du même, qui fut peu à peu transformée en une posture arrogante, torse bombé, le jarret tendu, dressé sur ses talons. Malgré son prénom, il n'a pas d'araignée dans le plafond et sait très bien ce qu'il veut : son anarchie très souvent destructive n'est qu'une façon de se protéger lui-même. Selon Chuck Jones, c'est un contre-révolutionnaire typique, ancré dans son terrier et ses habitudes casanières, jusqu'au moment où on le dérange dans son intimité. Alors (« You know this means war ! »), il déclare la guerre à l'intrus, Daffy Duck, Elmer Fudd ou Yosemite Sam, et le réduit très vite, par son activité intense de sabotage, harcèlement et démoralisation, à la crise de larmes. Aussi incarne-t-il un peu le patriotisme sous couleur de burlesque : « La sainteté du foyer américain doit être sauvegardée », affirme-t-il avec l'accent de Brooklyn.

Non seulement il figure dans des centaines de courts métrages, mais on l'a vu dans des features comme The Great Bugs Bunny-Road Runner Show, et dans des programmes télévisés entiers comme le Bugs Bunny Hour. Il symbolise un peu l'écologie et la préservation de la nature, aussi sa popularité, plus que jamais actuelle, va-t-elle croissant.

BUJOLD (Geneviève)

actrice canadienne (Montréal, Québec, 1942).

Formée au Conservatoire d'art dramatique de Montréal, elle tourne dans quelques films québécois avant qu'Alain Resnais ne la consacre dans La guerre est finie (1966). Depuis cette date, elle conduit une carrière internationale et bilingue, vedette dans son pays natal (Entre la mer et l'eau douce, M. Brault, 1967 ; Kamouraska, C. Jutra, 1973 ; les Noces de papier, Brault, 1990 ; Mon amie Max, id., 1994), dans le Canada anglophone (Isabel, Act of the Heart et Journey, trois films dirigés entre 1968 et 1972 par Paul Almond, avec qui elle était mariée), aux États-Unis (Anne des mille jours, C. Jarrott, 1969 ; Obsession, B. De Palma, 1976 ; la Corde raide (Tightrope, Richard Tuggle, 1984) ; Choose Me (Alan Rudolph, id.) ; Wanda's Café (id., 1985) ; les Modernes (id., 1988) ; Faux-semblants (D. Cronenberg, id.), ou en France (le Roi de cœur, Ph. de Broca, 1967 ; le Voleur, L. Malle, id. ; Un autre homme, une autre chance, C. Lelouch, 1977).

BULAJÍC (Veljko)

cinéaste yougoslave (Montenegro 1928).

Journaliste, il débute par quelques courts métrages avant de poursuivre sa formation au Centro sperimentale de Rome. Il assiste Luigi Zampa, Federico Fellini (pour Il bidone), Vittorio De Sica (pour le Toit) et Giuseppe De Santis, retourne dans son pays en 1958 et réalise un premier long métrage qui lui assure un certain renom international : Train sans horaire (Vlak bez voznog reda, 1959). Hanté par la guerre, la résistance à l'envahisseur allemand, les incidences de la politique sur la liberté individuelle, il signe successivement ‘ la Guerre ’ (Rat, 1960 ; scénario de Zavattini), ‘ Une ville en effervescence ’ (Uzavreli grad, 1961), les Diables rouges face aux S. S. (Kozara, 1963), le documentaire Skoplje 63 (id., 1964), ‘ Regard vers la prunelle du soleil ’ (Pogled u znejicu sunca, 1966). Il s'oriente ensuite vers les superproductions internationales avec la Bataille de la Neretva (Bitka na Neretvi, 1969 ; YOUG-IT-FR) et ‘ Attentat à Sarajevo ’ (Atentat u Sarajevu, 1975) puis met en scène ‘ Un homme à détruire ’ (Čovjek Koga treba ubiti, 1979), ‘ Haute Tension ’ (Visoki napon, 1981), ‘ le Grand Transport ’ (Veliki transport, 1983), ‘ la Terre promise ’ (Obećana zemlja, 1986) et Donator (1989).

BULGARIE.

À la fin du mois de février 1897, les premières représentations du Cinématographe Lumière ont lieu à Roustchouk (auj. Ruse) puis quelques jours plus tard à Sofia. Vladimir Petkov et Hristodar Arnaoudov sont les premiers opérateurs de prises de vues bulgares mais l'industrie cinématographique ne s'établira que très lentement. Si l'on inaugure en 1908 la première grande salle de projections publiques (le Théâtre moderne à Sofia), la production nationale ne prend que timidement son essor vers 1910. En 1915, un amateur entreprenant et passionné, Vasil Žendov, tourne avec des moyens de fortune une pochade à la Max Linder : Le Bulgare est un galant homme. Contrairement à certains pays limitrophes, la Bulgarie ne créera pas d'industrie cinématographique structurée avant la nationalisation de 1948. Aussi les 55 longs métrages réalisés avant cette date seront-ils plus l'œuvre d'admirateurs fervents du 7e art que celle d'authentiques professionnels. On imagine les innombrables difficultés de ces petites sociétés fondées souvent pour les besoins d'un film ou deux et dont la survie était des plus aléatoires. Avant la Seconde Guerre mondiale, la production offre un aspect chaotique sans ligne directrice très précise, sans écoles ou mouvements artistiques définis. Longtemps la comédie bourgeoise a régné, adaptation de romans ou scénarios aux thèmes assez simplistes. Dès 1923, la Bulgarie était submergée par l'importation de films allemands (45 p. 100), américains (29 p. 100) et français (18 p. 100). Cette longue période difficile a néanmoins suscité quelques œuvres non dépourvues d'intérêt malgré la pauvreté de la technique et les méthodes archaïques de tournage. Vasil Žendov dirige en 1923 le Diable à Sofia et Baj Ganju. En 1933, il est l'auteur du premier film sonore la Révolte des esclaves (Bunt rabov) et achève en 1937 la Terre brûlée (Zemjata gori). Parmi les metteurs en scène d'intérêt, il faut également citer Nikola Larin (Sous le ciel d'antan [Pod staroto nebe], 1923), Boris Grežov (Tombes sans croix, 1931), Vasil Pošev (la Parole la plus fidèle [Najvěrnata duma], 1929), Aleksandar Vazov (le Tumulus, 1936), Iosip Novak (le Voïvode strahil [Strahil vojvoda], 1938).