Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
U

URSS. (suite)

Kazakhstan.

Dès le début de la perestroïka s'est produit dans cette république un remarquable mouvement de rénovation, caractérisé par la limpidité du style et la vision quasiment « existentialiste » de la condition individuelle. Parmi les films les plus marquants, on peut noter l'Aiguille (Igla, 1988) de Rachid Nougmanov, qui a brisé le tabou de la drogue, Terminus (Posledniaja ostanovka, 1989) de Serik Aprymov, et Kaïrat, de Darejan Omirbaev.

Tadjikistan.

C'est de là qu'est venue la plus séduisante « première œuvre » du début des années 90 : le Frère (Bratan, 1991), de Bakhtyar Khoudoynazarov, savoureux récit picaresque d'un cinéaste dont le talent a été confirmé par son second film, Quitte ou double (Koš ba koš, 1993).

Lettonie.

L'auteur du retentissant Est-il facile d'être jeune ?, Juris Podnieks, est mort accidentellement en 1992, laissant un dramatique testament politique sur l'éclatement de l'URSS, la Fin de l'Empire (Konec imperij, 1992).

Lituanie.

À noter l'apparition d'un débutant fort doué, Sarunas Bartas : Trois Jours (Trys dienos, 1991), chronique « néoréaliste », et le Corridor (Koridorius, 1994), essai dans la veine ésotérique de Sokourov.

URUETA (Chano)

cinéaste mexicain (Chihuahua 1890 [?] - Mexico 1978).

L'un des artisans les plus prolifiques du cinéma mexicain, peu connu en France où n'ont guère été projetés que la Route de Sacramento (El camino de Sacramento, 1948), la Perverse (La perversa, 1954) et la Bête magnifique (La bestia magnífica, id.), trois mélos assez redoutables, pimentés d'intentions sociales. Son œuvre antérieure serait, dit-on, plus estimable, avec surtout une Nuit des Mayas (1939), tourné dans le Yucatán, avec une figuration locale authentique, et rehaussée par de belles images de Gabriel Figueroa. On cite également Los de abajo (1940) et El camino de los gatos (1944), qui auraient tracé la voie à Buñuel.

URUGUAY.

Montevideo découvre le Cinématographe Lumière un jour de fête nationale, le 18 juillet 1896, en même temps que Buenos Aires, dont les producteurs et distributeurs exerceront une pression constante sur le marché uruguayen. Le premier tournage connu en Uruguay est attribué à l'Espagnol Felix Oliver (Carrera de bicicletas en el velódromo de Arroyo Seco, 1898). Max Glucksmann, principal commerçant du film de Buenos Aires, exporte ses actualités au pays voisin, tandis que l'Uruguayen Julio Raúl Alsina préfère filmer en Argentine (Facundo Quiroga, 1912). Le premier long métrage uruguayen reste inachevé (Puños y nobleza, Juan Antonio Borges, 1919). Pendant tout le muet, l'activité cinématographique n'enregistre qu'un seul franc succès : El pequeño héroe del Arroyo de Oro (Carlos Alonso, 1929). Le passage au parlant est fort tardif (Dos destinos, Juan Etchebehere, 1936) et n'entame pas la dépendance vis-à-vis de l'Argentine, dont l'industrie connaît alors son apogée. La production de fiction est assez velléitaire, en tout cas sporadique (Radio Candelario, Rafael Abellá, 1938 ; Detective a contramano, Adolfo L. Fabregat, 1949), alors qu'un courant documentaire essaye de s'affirmer à partir des cercles d'amateurs et ciné-clubs. L'Uruguay, libéral et cultivé, s'avère cinéphile, et Montevideo profite longtemps d'une censure moins contraignante que sur l'autre rive du Río de la Plata. Le néoréalisme italien y suscite un écho (Un vintén p'al judas, Ugo Ulive, 1959), sans d'autres lendemains qu'un éphémère essor militant (Liber Arce, Liberarse, Mario Handler, 1970), autour de la Cinémathèque du tiers monde (1967). Entre-temps, une culture cinématographique se consolide, à partir de diverses manifestations et festivals, de l'enseignement à l'université (1950) et surtout de la Cinémathèque uruguayenne (1952), une institution qui survit à la patiente dilapidation du patrimoine culturel, après le coup d'État de 1973. À part ses fonctions traditionnelles d'archivage, conservation et divulgation du film, la Cinémathèque publie une revue (1977), s'engage dans l'importation de titres délaissés par les distributeurs de Montevideo et produit même un long métrage de fiction, après deux décennies de stérilité (Mataron a Venancio Flores, Juan Carlos Rodríguez Castro, 1982). Après le retour à la démocratie, El dirigible (Pablo Dotta, 1994) surprend par sa sophistication visuelle, ses références littéraires et historiques cosmopolites, sa tranquille modernité, son humour typique du Río de la Plata, intact malgré une si longue abstinence. Un frémissement de la production est dû aux réalisateurs soutenus par l'Europe (25 watts, Juan Pablo Rabella-Pablo Stoll, 2000 ; En la puta vida, Beatriz Flores Silva, 2001).

URZÌ (Saro)

acteur italien (Catane 1913 - San Giuseppe Vesuviano 1979).

Après des débuts modestes dans des films de second plan, Saro Urzì se fait remarquer dans Au nom de la loi (P. Germi, 1949). On le retrouve alors dans des dizaines de films, où il interprète avec relief un personnage obèse et plein de faconde, tantôt comique (la série des Don Camillo), tantôt dramatique. Acteur fétiche de Germi, il figure dans plusieurs films de ce cinéaste (le Chemin de l'espérance, 1950 ; la Tanière des brigands, 1952 ; le Cheminot/le Disque rouge, 1956 ; l'Homme de paille, 1958 ; Meurtre à l'italienne, 1959 ; Serafino, 1968 ; Alfredo, Alfredo, 1972). C'est d'ailleurs sous la direction de Germi qu'il crée son personnage le plus mémorable, le père d'Agnès dans Séduite et abandonnée (1964).

USHIHARA (Kiyohiko)

cinéaste japonais (Kumamoto 1897 - Tokyo 1985).

Après des études à l'université de Tokyo, il entre à la Shochiku dès 1920, année de la création du département cinéma de cette compagnie. Il y travaille comme stagiaire auprès du dramaturge Kaoru Osanai et participe ainsi au tournage de Âmes sur la route (Rojo no reikon, M. Murata, 1921), comme scénariste et assistant. Il tourne sa première œuvre, ‘ Crépuscule sur la montagne ’ (Yamakururu), en 1921, puis part pour Hollywood en 1926, afin d'y faire des recherches cinématographiques : il assiste ainsi au tournage du Cirque de Chaplin en 1928. À son retour au Japon, il réalise, par exemple, trois films sur l'adolescence, avec Kinuyo Tanaka : ‘ Lui et Tokyo ’ (Kare to Tokyo, 1928), ‘ Lui et la Campagne ’ (Kare to den'en, id.), et ‘ Lui et la Vie ’ (Kare to jinsei, id.). Après 1930, il repart pour l'Europe et l'Amérique, puis tourne de nouveau, après la guerre, à la Daiei, qu'il quitte en 1952 pour se consacrer à des activités universitaires ou honorifiques.