Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

POPESCU-GOPO (Ion) (suite)

Fils du peintre et dessinateur Constantin Popescu, peintre, sculpteur et caricaturiste lui-même, il se passionne à l'orée des années 50 pour le dessin animé et fonde dans les studios de Buftea un département consacré à l'animation. Après quelques essais (l'Abeille et la Colombe [Albiňa şi porumbelul], 1951 ; Un drôle de caneton [Řaţoiul neasculťator], id. ; Deux Petits Lapins [Doi iepuraşi], 1952 ; Mariniča, 1954), il se libère de l'influence de Walt Disney et invente en 1956 un petit personnage, nu, asexué, tête en forme d'œuf et ventre mou, sourire figé résolument optimiste, à la fois ingénu, intelligent et obstiné, en perpétuel état de curiosité et d'interrogations sur le monde qui l'entoure. Avec un humour quelque peu professoral, Popescu-Gopo part à la redécouverte de la planète (Histoire courte [Scurťa istorie], 1957), de l'histoire de l'art (les Sept Arts [Şapte arte], 1958), de l'homme (Homo sapiens, 1960) et de la communication (Allo ! allo !, 1962) guidé par ce faux candide qui traverse un univers livré aux métamorphoses avec pour compagnon de route une petite fleur. Le cinéaste est très tôt attiré par le mélange des genres. Dès 1953, il avait réalisé un moyen métrage ‘ la Petite Menteuse ’ (Fetíťa mincinoaša), un conte de fées où se glissaient gags et trucages. Dans ‘ la Mouche fortunée ’ (O musca cu bani, 1954), il mélange acteurs et dessins. ‘ Pour l'amour d'une princesse ’ (De dragul printesei, 1959) est un premier pas vers le film de fiction pure, genre qu'il tente d'apprivoiser dans ‘ On a volé une bombe ’ (S-a furat o bombǎ, 1961), à la fois fantaisie philosophique, burlesque et métaphorique et thriller parodique. Dans son second long métrage ‘ Des pas vers la lune ’ (Pǎşi spre luňa, 1963), il médite sur la place de l'homme dans l'univers. On le sent parfois prisonnier de son ambition : chercher à appliquer aux films narratifs les trouvailles, voire le rythme de l'animation : ‘ le Maure blanc ’ (Harap alb, 1965), ‘ Faust XX ’ (1966). Il oscillera désormais entre le dessin animé (retrouvant de-ci de-là, au gré de l'inspiration, son célèbre homuncule) : Pilule no 1 (Pilule I, 1966) ; Pilule no 2 (Pilule II, 1967) ; Sancta Simplicitas (1968) ; Moi + moi = moi (Eu + eu = eu, 1969) ; Bons Baisers (Šaruťari, id.) ; la Clepsydre (Clepsidra, 1972) ; 1, 2, 3 (1975) ; l'Infini (Infinit, 1977) ; Ecce Homo (1978) ; Trois Pommes (Trei mere, 1979) ; Et pourtant elle tourne (Si totuşi se mişča, 1980) ; Orgueil (Orgolii, 1982) ; Toi (Tu, 1983) ; l'Humour des sportifs (Umorsportiv, 1984) et le long métrage : ‘ Une comédie fantastique ’ (Comedie fantastiča, 1975) ; ‘ Une histoire d'amour ’ (Poveste dragostei, 1977), où il tente de traduire en images des fables cosmiques ou philosophiques. En 1981, il tourne un musical pour enfants : Maria Mirabela (CO Natacha Bodiul) et rassemble dans Quo vadis, Homo sapiens ? une anthologie de son œuvre animée (1983). En 1984, il présente GALAX et le ‘ Pari ’ (Řamǎşagul). On a dit de lui qu'il était un « pacifiste humoriste amoureux fou des étoiles ».

POPEYE,

personnage de bande dessinée et de film d'animation. Le célèbre matelot borgne mangeur d'épinards, doté de muscles supinateurs explosifs et d'un entourage de carnaval (un « popa » centenaire, Olive Oyl sa Dulcinée filiforme, Swee Pea son fils adoptif, Wimpy le dévoreur d'hamburgers, etc.), est né dans le New York Evening Standard le 17 janvier 1929, du crayon du génial cartoonist Elzie Crisler Segar (1894-1938). En 1934, Max Fleischer et son frère Dave en firent un héros de dessin animé : ils le transforment en une sorte de Superman burlesque, affligé d'un jargon riche en pataquès. Au tendre Mickey, Popeye oppose son agressivité tous azimuts (et toujours pour la bonne cause), rehaussée par un graphisme de choc. On l'a vu dans quelque 230 courts métrages et deux longs métrages. Comme Mickey, il a été la proie du merchandising (mouchoirs, taille-crayons, tee-shirts, etc.). Il a même pris la forme d'un acteur en chair et en os : Robin William, dans le film de Robert Altman (1980, avec Shelley Duvall dans le rôle d'Olive).

POPPE (Nils Jönsson, dit Nils)

acteur et cinéaste suédois (Malmö 1908 -  2000).

Excellent mime, danseur acrobatique, il s'impose dans les années 30 et 40 comme un acteur de théâtre populaire, se spécialisant dans les revues d'actualités, les comédies musicales et les opérettes. Au cinéma, il se révèle dans ‘ l'Acteur ’ (Aktören, R. Frisk, 1943) et ‘ l'Argent ’ (Pengar, 1946), film qu'il interprète et codirige (avec Lars E. Kjellgren). Des réminiscences chaplinesques se retrouvent dans son film ‘ le Ballon ’ (Ballongen, id.) et dans les aventures satiriques du soldat Boum (Soldat Bom, 1948 ; ‘ Boum père de famille ’ [Pappa Bom], id., etc. ; CO Kjellgren). Ingmar Bergman offre dans le Septième Sceau (1956) un rôle de choix à cet amuseur : celui du baladin qui, grâce au Chevalier et aussi grâce à sa foi, échappe aux embûches de la Mort et de la peste. Le cinéaste suédois fera à nouveau appel à lui pour incarner le pasteur de l'Œil du diable (1960).

PORTABELLA (Pere)

cinéaste et producteur espagnol (Figueres, Catalogne, 1929).

Comme producteur, il aide à mettre sur pied des œuvres aussi importantes que Los golfos (C. Saura, 1959), El cochecito (M. Ferreri, 1960) et Viridiana (L. Buñuel, 1961). Coscénariste du Moment de la vérité (F. Rosi, 1964), il débute dans la mise en scène avec No compteu amb les dits (1967), écrit en collaboration avec le poète Joan Brossa. Alors qu'essaie de s'affirmer une éphémère « école de Barcelone » catalane, son long métrage Nocturne 29 (Nocturn 29, 1968) révèle une recherche esthétique exigeante. Auteur de Vampyr (Cuadecuc-vampir, 1970), Umbracle (1972), c'est plutôt dans le sens d'un cinéma politique qu'il tourne ensuite des courts et longs métrages (Informe general, 1977). Il est élu sénateur de la gauche catalane (1977-1982). Pont de Varsovia (1989) marque son retour au cinéma après une absence de plus de dix ans.

PORTALUPI (Piero)

chef opérateur italien (Arquata Scrivia 1913 - Gênes 1971).