Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PERFORATIONS. (suite)

Le 35 mm.

Edison, l'inventeur des perforations, employait deux rangées latérales de perforations, chaque rangée comptant 4 perforations par image. Sur les films Lumière, chaque rangée latérale comportait une perforation ronde par image. L'essor de l'industrie cinématographique imposait une standardisation : en 1909, une conférence internationale retint les perforations d'Edison, qui permettaient une meilleure répartition de l'effort exercé par les mécanismes d'avance du film.

La perforation d'Edison se retrouve pratiquement inchangée sur la perforation négative, ou BH (pour Bell-Howell, fabricant américain de matériels cinématographiques, et notamment de machines à perforer), employée sur les films négatifs. Cette perforation présente toutefois un inconvénient : elle comporte des angles vifs qui peuvent être facilement des amorces de déchirure. Mécaniquement beaucoup plus sollicitées que le négatif, les copies d'exploitation appelaient une autre perforation : cela conduisit à la perforation positive, ou KS (pour Kodak Standard), aux angles arrondis. Rien n'oblige à ce que négatifs et positifs aient des perforations différentes : seule l'existence d'un parc important de caméras et de machines de laboratoire empêche de retenir la seule perforation positive, qui est d'ailleurs la seule connue en URSS.

Lançant le CinémaScope, la Fox cherchait à obtenir la plus grande image possible. Concurremment au remplacement de la piste sonore optique par des pistes magnétiques, la réduction de la largeur des perforations fut un des moyens de parvenir à cette fin tout en offrant la compatibilité avec les copies traditionnelles, puisque les dents qui entrent dans les perforations CinémaScope, ou CS, entrent aussi dans les perforations positives. Mais la réciproque n'est pas vraie, ce qui explique en bonne partie l'effacement du CinémaScope au profit du Scope, à perforations traditionnelles, qui défilait sans problème sur les projecteurs existants. La perforation CS existe toujours, même s'il est rare aujourd'hui que l'on tire des copies type CinémaScope.

Pour mémoire, on mentionnera la perforation DH (pour Dubray-Howell), dérivée autrefois de la perforation positive afin d'accroître la fixité de l'image dans certains travaux de tirage ou certains cas de projection.

Pas.

Le pas des perforations est égal à la distance entre les centres de deux perforations successives. En 35 mm, il vaut 4,75 mm depuis les débuts du cinéma, d'où une avance du film de 19 mm par image (4 perforations). La généralisation du tirage des copies sur tireuse continue, où négatif et positif vierge défilent ensemble (négatif au-dessous) sur un tambour éclairé par l'intérieur, a conduit à perforer les négatifs un peu différemment : légèrement plus proche de l'axe du tambour, le négatif doit, en effet, défiler un peu moins vite que le positif si l'on veut qu'il demeure en coïncidence exacte avec ce dernier. Pour cette raison, les négatifs des formats qui donnent lieu à tirage continu sont perforés en « pas court » : 4,74 mm (contre 4,75 pour les positifs) en 35 mm et en 65/70 mm ; 7,605 mm (contre7,62 pour les positifs) en 16 mm.

Autres films.

Hormis le 35 mm négatif, les films portent des perforations rectangulaires (presque carrées en Super 8) à coins arrondis.

Le 70 mm et le 65 mm portent deux rangées de perforations KS, chacune superposable à une rangée de perforations 35 mm, le film avançant de 5 perforations par image.

Dans les formats substandards, le film avance de une perforation par image. Le 16 mm porte, selon le cas, une ou deux rangées de perforations. Le 8 mm et le Super-8 portent une seule rangée latérale, celle du 8 mm étant déduite du 16 mm par doublement du nombre des perforations. Le 9,5 mm se distingue par ses perforations axiales. ( FORMAT.)

Repérage des perforations.

Dans les formats substandards, la barre de séparation entre les images se situe en regard des perforations (en Super-8, à mi-distance entre deux perforations). En 35 mm et en 65/70 mm, il y a indétermination – au moins sur les films non développés – puisque le film avance de plusieurs perforations par image. Pour les effets spéciaux où le film est impressionné lors de passages successifs dans la caméra ou la tireuse, il faut donc repérer l'emplacement de la barre de séparation. À cette fin, les films pour travaux de laboratoire (les films intermédiaires, par ex.) comportent, toutes les 4 images, une petite perforation circulaire située entre deux perforations normales. Il n'en est généralement pas de même des négatifs : les perforations de référence sont alors repérées, en début de bobine, par inscription manuelle.

PÉRIER (François Pilu, dit François)

acteur français (Paris 1919).

Dès ses premiers rôles à l'écran, on discerne la carrière brillante qu'il peut et qu'il va faire. Il est capable de tout jouer et va éviter de se cantonner dans les jeunes premiers émouvants de timidité et vaguement comiques qu'on lui offre dans l'Entraîneuse (Albert Valentin, 1938) ou les Jours heureux (Jean de Marguenat, 1941). Il campe avec brio le héros peu sympathique du Veau gras (S. de Poligny, 1939) ou le gentil homosexuel de Hôtel du Nord (M. Carné, 1938). Il va pouvoir par la suite nuancer en virtuose ses créations, passer du rire aux larmes (Un revenant, Christian-Jaque, 1946), glisser de la cocasserie à l'attendrissement (Le silence est d'or, R. Clair, 1947), jouer les cyniques (la Vie en rose, Jean Faurez, 1948), succéder à Michel Simon (Jean de la Lune, M. Achard, 1949), tenir la gageure d'Orphée (J. Cocteau, 1950). Dans Gervaise (R. Clément, 1956), il dessine un Coupeau étonnant. Dans les Nuits de Cabiria (F. Fellini, 1957), il intrigue et il effraye. Toujours sûr de lui, et d'une parfaite netteté, il est à sa place dans les Camarades (M. Monicelli, 1963) ; le Samouraï (J.-P. Melville, 1967) ; Z (Costa-Gavras, 1969) ; le Cercle rouge (Melville, 1970) ; Max et les ferrailleurs (C. Sautet, 1971) ; Stavisky (A. Resnais, 1974) ; Police Python 357 (A. Corneau, 1976) ; Tartuffe (G. Depardieu, 1984) ; Soigne ta droite (J.-L. Godard, 1987) ; Lacenaire (F. Girod, 1990) ; la Pagaille (P. Thomas, 1991). Parallèlement, il joue au théâtre avec le même succès et occupe des fonctions directoriales. S'il s'introduit avec une aisance diabolique dans des caractères inquiétants, on se souvient toujours avec plaisir de ses premiers rôles, chien fou à l'œil tendre, type Lettres d'amour (C. Autant-Lara, 1942) ou la Ferme aux loups (R. Pottier, 1943).