Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ASIE CENTRALE (Cinémas d') (suite)

Le cinéma s'organisera progressivement et la production dans chaque république se stabilisera de 1970 à 2000. À côté des films plus novateurs, on note l'importance des grandes fresques historiques en costume, des mélodrames sentimentaux qui rappellent un certain cinéma indien ou égyptien.

Si la production reste modeste au Turkmenistan, au Tadjikistan, en Kirghizie, elle se développe en Ouzbekistan et surtout au Kazakhstan où de jeunes réalisateurs délaissant les traditions épiques ou orientalistes s'attaquent à des sujets contemporains, n'hésitant pas à recourir à la controverse, à la critique des déviances du régime, à l'exposition des nouvelles menaces (drogue, mafia). Le style est également en rupture avec celui de leurs aînés, plus incisif, plus violent, parfois soumis aux influences du cinéma européen occidental, voire américain. La vague mercantile n'épargne pas pourtant les maisons de production qui se voudraient indépendantes mais qui doivent compter avec les difficultés financières et une certaine instabilité politique dans plusieurs régions.

Les obstacles surmontés, certains cinéastes parviennent néanmoins à tourner vaille que vaille les films qu'ils portent en eux et dont les sujets brillent souvent par leur originalité, leur poésie. Ainsi se sont imposés au Kazakhstan Eldor Ourazbaev, Ermek Chinarbaev, Talgat Temenov, Rachid Nougmanov, Kalybek Salykov, Ardak Amirkulov, Serik Aprymov, Darejan Omirbaev, en Ouzbekistan, Kamara Kamalova, Djakhonguir Faïziev, Zoulficar Moussakov, Rachid Malikov, en Kirghizie Kadyrjan Kydyraliev, Aktan Abdykalikov, Bakyt Karagulov, au Tadjikistan Margarita Kassymova, Davlat Khoudonazarov, Bakhtyar Khoudoynazarov, Bako Sadykov, au Turkmenistan Khodjakouli Narliev, Khalmamed Kakabaev, Khodjadourdy Narliev, Ousman Saparov.

ASKOLDOV (Aleksandr) [Aleksandr Iakovlevič Askoldov]

cinéaste soviétique (Moscou 1937).

Diplômé du Cours supérieur de réalisation en 1965. Son premier film, la Commissaire (Komisar, 1967), d'après le récit de Vassili Grossman Dans la ville de Berditchev, strictement interdit (sous l'accusation de « propagande sioniste »), ne sera libéré qu'en 1987 et acclamé comme un chef-d'œuvre. Écarté du cinéma pendant vingt ans, Askoldov s'est consacré à la mise en scène de théâtre musical expérimental.

ASLAN (Krikor Aslanian, dit Grégoire)

acteur français (Constantinople [auj. Istanbul] 1908 - Ashton, près de Helston, Grande-Bretagne, 1982).

Surnommé Coco, il joue d'abord les boute-en-train dans l'orchestre Ray Ventura et participe ainsi à des films musicaux : Feux de joie (J. Houssin, 1938), Tourbillon de Paris (H. Diamant-Berger, 1939). La guerre et l'exil influent sur sa carrière, qui devient internationale et s'appuie sur des réalisateurs importants : Welles (Mr. Arkadin, 1955), Dassin (Celui qui doit mourir, 1956), Huston (les Racines du ciel, 1958), Losey (les Criminels, 1960), Mankiewicz (Cléopâtre, 1963), Edwards (le Retour de la panthère rose, 1975). Il a également tourné avec Autant-Lara (Occupe-toi d'Amélie, 1949) et Claude Berri (Mazel Tov ou le Mariage, 1968).

ASPECT RATIO.

Locution anglaise pour format (2).

ASPHÉRIQUE.

Se dit des lentilles ayant une surface de révolution mais non sphérique. (Les lentilles cylindriques, dont la surface n'est pas de révolution, ne sont pas asphériques.) [ OBJECTIFS.]

ASQUITH (Anthony)

cinéaste britannique (Londres 1902 - id. 1968).

Ce fils d'un ancien Premier ministre (son père, lord Herbert Asquith, a tenu les rênes du gouvernement de 1908 à 1916) est britannique jusqu'à la caricature. Les photos nous le montrent fin, élégant et aristocratique. Ses films nous le font imaginer tranquille et flegmatique. Il est sans doute quelque peu responsable de la réputation de grisaille qui fut pendant longtemps celle du cinéma anglais. L'esthétisme gracieux de ses films muets (Un cottage à Dartmoor, 1930 ; Tell England, 1931) est mesuré et méticuleux. Mais il dissipera ces tendances pour préférer un éclectisme qui est peut-être un manque de personnalité. Non qu'il n'y ait rien de bon dans sa filmographie. Mais il n'y a rien de solide ni de consistant, et l'on trouve souvent de bonnes raisons de faire partager ses réussites par quelqu'un d'autre : par exemple Pygmalion (1938), son meilleur film, est avant tout de George Bernard Shaw (l'auteur de la pièce), de Leslie Howard (qui cosigna la mise en scène) et de Wendy Hiller (l'actrice principale). Asquith ne semble qu'avoir installé la caméra bien en face des acteurs, pour leur permettre de rendre hommage à un texte exceptionnel. Après tout, grâces lui soient rendues pour ce manque de prétention. Car cette réserve, proche parfois de la somnolence, n'entame en rien le charme suranné de l'Écurie Watson (1939), de l'Étranger (1943), de l'Homme fatal (1944), de Winslow contre le roi (1948), de la Femme en question (1950), de Il importe d'être constant (1951) ou de Doctor's Dilemma (1959), où brillent Laurence Olivier, Michael Redgrave, Robert Donat, James Mason ou Dirk Bogarde. Accordons, pour être honnête, un peu plus d'attention à la solide et judicieusement grise adaptation de Terence Rattigan, l'Ombre d'un homme (1951), où Michael Redgrave trouve son meilleur rôle, et reconnaissons aussi que le chaos psychanalytique de La nuit est mon ennemie (1959) accroche l'attention. Mais préservons dans un silence pudique ses derniers films où même son élégance semble s'être évanouie.

Films  :

Shooting Stars (CO A. V. Bramble, 1928) ; Un cri dans le métro (Underground, id.) ; The Runaway Princess (1929) ; Un cottage à Dartmoor (A Cottage on Dartmoor, 1930) ; Tell England (CO Geoffrey Barkas, 1931) ; Dance, Pretty Lady (id.) ; Lucky Number (1933) ; la Symphonie inachevée (Unfinished Symphony, 1934, vers. britann. du film de Willi Forst : Leise flehen meine Lieder) ; Moscow Nights (1935, vers. britann. du film franç. d'A. Granowsky : Nuits moscovites) ; Pygmalion (CO Leslie Howard, 1938) ; l'Écurie Watson (French Without Tears, 1939) ; Freedom Radio / The Voice in the Night (1940) ; Quiet Wedding (id.) ; Cottage to Let (1941) ; Uncensored (1942) ; l'Étranger (The Demi-Paradise / Adventure for Two, 1943) ; Plongée à l'aube (We Dive at Dawn, id.) ; Welcome to Britain (CO Burgess Meredith, id.) ; Two Fathers (1944) ; l'Homme fatal (Fanny by Gaslight / Man of Evil, id.) ; le Chemin des étoiles (The Way to the Stars/Johnny in the Clouds, 1945) ; While the Sun Shines (1947) ; Winslow contre le roi (The Winslow Boy, 1948) ; la Femme en question (The Woman in Question / Five Angles on Murder, 1950) ; l'Ombre d'un homme (The Browning Version, 1951) ; Il importe d'être constant (The Importance of Being Earnest, 1952) ; The Net / Project M-7 (1953) ; The Final Test (id.) ; Évasion (The Young Lovers / Chance Meeting, 1954) ; Carrington V. C. / Court-Martial (id.) ; Ordre de tuer (Orders to Kill, 1958) ; The Doctor's Dilemma (1959) ; La nuit est mon ennemie (Libel, id.) ; les Dessous de la millionnaire (The Millionairess, 1960) ; Two Living, One Dead (1961) ; Sept Heures avant la frontière (Guns of Darkness, 1962) ; Hôtel International (The V. I. P's, 1963) ; An Evening With the Royal Ballet (CO Anthony Havelock Allan, id.) ; la Rolls-Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce, 1964).