Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SCHMITZ (Sybille)

actrice allemande (Düren 1909 - Munich 1955).

Elle débute au théâtre à vingt ans et apparaît dans quelques films muets, dont le Journal d'une fille perdue (1929), de Pabst. Deux films très différents l'un de l'autre mais sortis la même année (1932) lui apportent la notoriété : Vampyr, de Dreyer, où elle est Léone, la fille du châtelain, et la version allemande de IF1 ne répond plus, de Karl Hartl. Elle tourne de nombreux films dans les années 1933–1944, dont Abschiedswalzer (G. von Bolvary, 1934), le Chandelier de l'empereur (Die Leuchten des Kaisers, K. Hartl, 1936), Fährmann Maria (F. Wysbar, 1936), Die Unbekannte (id., id.), la Danse sur le volcan (H. Steinhoff, 1938), Hotel Sacher (E. Engel, 1939), Trenck, der Pandur (H. Selpin, 1940). Après la guerre, elle n'obtient que des rôles secondaires dans des films de faible intérêt. Déprimée par l'évolution de sa carrière, elle se suicide en 1955. Elle a servi de modèle à la Veronika Voss du film de Fassbinder (1981). En 2001, un documentaire sur sa vie, sa carrière et l'étrangeté de son destin a été tourné par Achim Podak (Tanz mit dem Tod — Der UFA-Star Sybille Schmitz).

SCHNEEVOIGT (George)

cinéaste danois d'origine finlandaise (Copenhague 1893 - id. 1961).

Photographe en Allemagne en 1912, il travaille avec Max Reinhardt puis s'impose comme un opérateur très talentueux à la Nordisk Film (Danemark), puis à la Svensk Filmindustri (Suède) et enfin à l'UFA (Allemagne). À ce titre, il collabore avec Carl Dreyer pour la Quatrième Alliance de Dame Marguerite (1920), Feuillets arrachés au Livre de Satan (1921), Il était une fois... (1922), le Maître du logis (1925). Passé à la mise en scène, il tourne au Groenland une coproduction, ‘ Eskimo ’ (DAN-NOR, 1930), puis signe plusieurs films danois parmi lesquels ‘ le Pasteur de Vejlby ’ (Præsten i Veljlby, 1931), ‘ Église et orgue ’ (Kirke og orgel, 1932), ‘ Hors-la-loi ’ (Fredløs, 1935), ‘ Laila ’ (Lajla, 1937, qu'il avait déjà réalisé en version muette huit ans auparavant). Après ‘ Galop au champagne ’ (Champagnegaloppen, 1938), et ‘ le Cirque ’ (Cirkus, 1939), qui ont moins d'ambition et de relief, il achève sa carrière au début des années 40 : ‘ J'ai aimé et j'ai vécu ’ (Jeg har elsket og levet, 1940), ‘ Tordenskjold défend le pays ’ (Tordenskjold går i land, 1942).

SCHNEIDER (Magda)

actrice allemande (Augsburg-Pfersee 1909 - Berchtesgaden 1996).

À la suite d'une modeste carrière au théâtre, elle est remarquée par le cinéaste Joe May qui l'appelle devant les caméras en 1931. Spécialiste du genre léger : Deux dans une auto (Zwei in einem Auto, J. May, 1932) ; Das Lied einer Nacht (A. Litvak, id.) ; Kind ich freu'mich auf dein Kommen (K. Gerron, 1933) ; Glückliche Reise (A. Abel, id.) ; Rendez-vous in Wien (Victor Janson, 1936) ; Mädchen im Vorzimmer (G. Lamprecht, 1940), elle anime avec élégance des dizaines de divertissements dont aucun ne s'impose à un niveau artistique remarquable, à part Liebelei (M. Ophuls, 1933). Magda Schneider épousa en premières noces l'acteur autrichien Wolf Albach-Retty, mariage d'où naquit Romy Schneider. La mère et la fille apparaîtront ensemble dans la série des Sissi d'Ernst Marischka (1954-1957).

SCHNEIDER (Maria)

actrice française (Paris 1952).

Fille de l'acteur Daniel Gélin, elle paraît au cinéma en 1971, dans de petits rôles, et est révélée l'année suivante par Bernardo Bertolucci dans le Dernier Tango à Paris, où elle partage la vedette avec Marlon Brando. Après ce film, dont la crudité érotique provoque un véritable scandale et dont le succès est immense, elle tourne sous la direction de Michelangelo Antonioni Profession : reporter (1975). Elle a joué également dans : la Vieille Fille (Jean-Pierre Blanc, 1972), la Babysitter (R. Clément, 1975), Violanta (D. Schmid, 1978), la Dérobade (Daniel Duval, 1979), l'Imposteur (L. Comencini, 1981), Balles perdues (Jean-Louis Comolli, 1983), Au pays des Juliets (M. Charef, 1992).

SCHNEIDER (Rosemarie Magdalena Albach, dite Romy)

actrice autrichienne (Vienne 1938 - Paris, France, 1982).

Elle est l'exemple parfait — et rare — de l'actrice ayant forgé son propre destin, passant, à force d'énergie et de conscience professionnelle, du statut de produit manufacturé et impersonnel à celui de star.

Née de parents comédiens de théâtre et de cinéma (sa mère, Magda Schneider, fut notamment la vedette de Liebelei de Max Ophuls, 1933), elle paraît à l'écran en 1953 dans les Lilas blancs (Hans Deppe, 1953), et reste cantonnée, sept ans durant, dans des rôles d'impératrice chamarrée et capricieuse (Sissi, Victoria...), de favorite romantique (Katia) ou d'ingénue perverse (Éva), parfaitement insipides. C'est à peine si l'on sauvera Monpti, un mélodrame acide d'Helmut Käutner. Le fond est atteint avec Christine (1958), affligeant remake de Liebelei, dont le seul intérêt est de lui faire rencontrer Alain Delon, un partenaire qui aura sur elle une influence décisive. Leur idylle sera brève, assez tapageuse, mais en fin de compte profitable à la « petite fiancée de l'Europe ». En 1961, ils jouent ensemble au théâtre, à Paris, Dommage qu'elle soit une putain, sous la direction de Luchino Visconti. La même année, celui-ci emploie Romy dans un sketch de Boccace 70 : un rôle qui la sort des conventions de l'opérette et la pare d'un érotisme ambigu, profondément moderne. Elle affinera ce registre dans le Procès (O. Welles, 1962), l'Enfer (H.-G. Clouzot, film malheureusement inachevé) et la Piscine (J. Deray, 1968, où elle retrouve Alain Delon). Un pas de plus est franchi grâce à Claude Sautet : des Choses de la vie à Max et les ferrailleurs et de César et Rosalie à Une histoire simple, elle exprime, avec un courage tranquille lié à une bouleversante vulnérabilité, la difficulté d'être femme dans un environnement de petits drames quotidiens et de chipotages bourgeois. Elle met le même accent, d'un vibrato suraigu, assez froid, dans des films signés Pierre Granier-Deferre (le Train), Michel Deville (le Mouton enragé), à nouveau Visconti (le Crépuscule des dieux), Andrzej Zulawski (le tumultueux L'important c'est d'aimer) ou Bertrand Tavernier (la Mort en direct), vivant chaque fois une « histoire d'amour professionnelle » avec ses metteurs en scène. Quoi d'étonnant à ce qu'elle ait fini par se brûler les ailes à ce jeu dangereux ? Une grave opération, puis la mort affreuse de son premier fils ont été les épisodes déterminants qui, sans doute, la conduisirent à se donner la mort, une nuit de mai.