Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MAILER (Norman)

écrivain et cinéaste américain (Long Branch, N. J., 1923).

Premier roman de guerre américain à sonner le glas des valeurs humanistes et démocratiques, les Nus et les Morts (1948) inspira un film fort à Raoul Walsh (1958). Mailer fut moins heureux avec Un rêve américain (1965), qui, transposé à l'écran par Robert Gist (An American Dream, 1966), perdit son obscénité provocatrice et cauchemardesque. L'écrivain a lui-même réalisé, en amateur, trois longs métrages : Wild 90 (1968), Beyond the Law (id.) et Maidstone (1969-1971), avant de réaliser en 1987 Les vrais durs ne dansent pas (Tough Guys Don't Dance), adapté de son roman homonyme. Il a consacré au monde du cinéma au moins deux ouvrages : le Parc aux Cerfs (1955), roman qui décrit sans fard la colonie hollywoodienne au temps des « listes noires », et Marilyn (1973), « biofiction » qui fait de la star Marilyn Monroe le symbole de la « schizophrénie nationale ». Dans Ragtime (1981) de Miloš Forman, il incarne l'architecte Stanford White et il apparaît dans le King Lear de J.-L. Godard (1987).

MAIN (Mary Tomlinson, dite Marjorie)

actrice américaine (Acton, Ind., 1890 - Los Angeles, Ca., 1975).

Après s'être consacrée pendant quelque temps au métier d'institutrice, elle s'oriente vers le théâtre et fait sa première apparition à Broadway dans A House Divided, dont l'adaptation cinématographique marque, neuf ans plus tard, ses débuts à l'écran (W. Wyler, 1932). Durant les années 1930-1940, elle apparaît notamment dans Stella Dallas (K. Vidor, 1937), Rue sans issue (Wyler, id.), Pilote d'essai (V. Fleming, 1938), Trois Camarades (F. Borzage, id.), Femmes (G. Cukor, 1939), Le ciel peut attendre (E. Lubitsch, 1943) et le Chant du Missouri (V. Minnelli, 1944), promenant de film en film le même personnage « rustique », bourru et haut en couleur. En 1947, elle crée dans l'Œuf et moi (The Egg and I, Chester Erskine) le rôle de « Ma » Kettle, qu'elle jouera aux côtés de Percy Kilbride dans une dizaine de films comiques (inédits en France, à l'exception de Placide et Zoé à New York (Ma and Pa Kettle Go to Town, Charles Lamont, 1950).

MAINWARING (Daniel)

scénariste américain (Oakland, Ca., 1902 - Los Angeles 1977).

Journaliste et romancier (1930), il commence à écrire pour le cinéma dans les années 40, vendant des « sujets » avant de devenir un excellent scénariste, très doué pour la caractérisation des personnages et des ambiances. Sa filmographie comporte un certain nombre de titres signés Geoffrey Homes, pseudonyme qu'il a utilisé au moins en partie pour des raisons politiques, ayant été inquiété au temps du maccarthysme. Parmi les meilleurs films auxquels il a participé : la Griffe du passé (J. Tourneur, 1947, adapté de son roman Pendez-moi haut et court) ; ça commence à Veracruz (D. Siegel, 1949) ; Haines (J. Losey, 1950) ; l'Aigle et le Vautour (The Eagle and the Hawk, L. R. Foster, id.) ; le Grand Attentat (A. Mann, 1951) ; Un pruneau pour Joe (L. Allen, 1955) ; The Phoenix City Story (Phil Karlson, id.) ; l'Invasion des profanateurs de sépultures (D. Siegel, 1956, son meilleur scénario avec la Griffe du passé) ; l'Ennemi public (Siegel, 1957). Il a depuis mis son talent au service d'œuvres plus fantaisistes : Atlantis, terre engloutie (G. Pal, 1961) ; Thésée et le Minotaure (Teseo contro il Minotauro, Silvio Amadio, id.) dont le scénario est cosigné par G. Callegari et S. Continenza.

MAÏS (Suzet)

actrice française (Arles 1907 - Aix en Provence 1989).

Dotée au départ d'un physique de blonde ingénue aux joues roses, elle se cantonne très vite dans des emplois de garce mondaine, femme empoisonnante et fléau domestique. Sa diction à l'emporte-pièce et son jeu coupant en assurent l'efficacité. Ainsi le Martyre de l'obèse (P. Chenal, 1933), le Coupable (R. Bernard, 1937), Claudine à l'école (S. de Poligny, 1938), le Joueur (G. Lamprecht et L. Daquin, id.), Noix de Coco (Jean Boyer, 1939), le Père Goriot (Robert Vernay, 1944), Boule-de-Suif (Christian-Jaque, 1945). Elle n'eut pas l'occasion de laisser apparaître d'autres qualités.

MAISCH (Herbert)

cinéaste allemand (Nürtingen 1890 - Cologne 1974).

Travaillant de 1935 (Königswalzer) à 1944 (Musik in Salzburg), il est l'un des représentants les plus typiques de l'état d'esprit nazi au cinéma. Farouche partisan du régime, il étale ses idées avec, notamment, Hommes sans patrie (Menschen ohne Vaterland, 1937). Plus tard, il glorifie deux héros allemands dans Friedrich Schiller (1940) et Andreas Schlüter (1942), œuvres qui ne manquent pas de qualités esthétiques, malgré une mise en scène un peu théâtrale. Il a également tourné Boccaccio (1936), Liebeserwachen (1937), Cœurs d'acier (Starke Herzen, id.), Andalusische Nächte (1938), Nanon (1939) et Die Zaubergeige (1944). Après la guerre, il revient au théâtre de ses débuts.

MAISTRE (François)

acteur français (Demigny 1925).

Ses parents sont comédiens (sa mère étant la nièce de Jacques Copeau). Après une brève carrière militaire, il se lance dans le théâtre, franchissant tous les échelons, de la régie à la mise en scène. Il a joué dans plus de cent pièces, de Shakespeare à Boris Vian. Au cinéma, il tourna notamment dans Paris nous appartient (J. Rivette, 1961), la Vieille Dame indigne (R. Allio, 1965), Section spéciale (Costa-Gavras, 1975), Violette Nozières (C. Chabrol, 1978) et, pour Buñuel : Belle de jour (1967), la Voie lactée (1969), le Charme discret de la bourgeoisie (1972) et le Fantôme de la liberté (1974), où son personnage de bourgeois lubrique fait merveille.

MAJEWSKI (Janusz)

cinéaste polonais (Łódź 1931).

Il commence sa carrière en signant de nombreux documentaires, des courts métrages de fiction sur des thèmes fantastiques, des séries sur le jazz, puis aborde le long métrage avec le Sous-Locataire (Sublokator, 1967), suivi notamment de Lokis (1970, d'après Mérimée). Très actif à la TV au début des années 70, il revient au cinéma avec Médecine et Jalousie (Zazdrość i medycyna, 1973), Hôtel Pacific (Zakļete rewiry, 1975), l'Affaire Gorgon (Sprawa Gorgonowej, 1977), la Leçon de langue morte (Lekcja martwego j¸ezyka, 1979, d'après le roman de Kusniewicz), Épitaphe pour Barbara Radziwill (Epitafium dla Barbary Radziwiłłówny, 1982), la Rose amère (Słona róża, id.), le Ravin noir (Czarny w¸awóz, 1989), Une éducation diabolique (Diabelska edukacja, T.V. 1994), l'Or des déserteurs (Złoto dezerterów, 1998).