Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DONAT (Robert)

acteur britannique (Withington, Manchester, 1905 - Londres 1958).

D'abord comédien de théâtre, il est découvert par Alexandre Korda, grâce à qui il devient l'un des jeunes premiers les plus attachants des années 30, dès son premier film important : la Vie privée d'Henri VIII (A. Korda, 1933) aux côtés de Charles Laughton et Merle Oberon. En 1934, Donat se rend à Hollywood pour une version du Comte de Monte-Cristo réalisée par Rowland V. Lee (The Count of Monte-Cristo). De retour en Angleterre, il tourne les Trente-Neuf Marches (A. Hitchcock, 1935), avec Madeleine Carroll. Dans Fantôme à vendre avec Jean Parker (R. Clair, 1935), il est un noble écossais ruiné et un fantôme plein de charme. Le Chevalier sans armure lui permet de jouer avec Marlene Dietrich (J. Feyder, 1937). Il tourne ensuite la Citadelle (1938), d'après le roman de Cronin, sous la direction de King Vidor : il y tient le rôle, qui lui vaudra un Oscar, du jeune médecin « radical ». Puis, en 1939, Goodbye Mr. Chips, réalisé par Sam Wood, qui demeure son plus grand succès public. De santé précaire (il souffrait d'asthme chronique), Donat ne peut répondre à toutes les offres qui lui sont faites. Sans abandonner tout à fait le théâtre, il tourne : le Jeune M. Pitt (C. Reed, 1942) ; Perfect Strangers (A. Korda, 1945), où Deborah Kerr et lui incarnent un couple séparé par la guerre ; Winslow contre le roi (A. Asquith, 1948, d'après Terence Rattigan). En 1948, Donat dirige un film, The Cure for Love, qui n'a guère laissé de souvenirs. En 1951, il interprète son dernier grand rôle : celui de Friese-Greene, le pionnier britannique du 7e art, dans la Boîte magique (J. Boulting). Il fera encore une apparition dans l'Auberge du sixième bonheur (M. Robson, 1958).

DONATI (Danilo)

costumier italien (Suzzara 1926).

Il débute en 1954 à l'opéra auprès de Luchino Visconti. Son goût du spectacle s'affirme dans les costumes, aussi bien réalistes que fantastiques, créés pour la Grande Guerre (M. Monicelli, 1959) ; l'Évangile selon Matthieu (P. P. Pasolini, 1964) ; la Mégère apprivoisée (F. Zeffirelli, 1967) ; Miracle à l'italienne (N. Manfredi, 1971). Ses inventions mirobolantes pour les grandes « visions » felliniennes (Satyricon, 1969 ; Roma, 1972 ; Casanova, 1976 ; Ginger et Fred, 1986 ; Intervista, 1987) sont ses créations les plus riches. Il a collaboré ensuite à des superproductions d'assez mauvais goût, comme Caligula (T. Brass, 1977-1980) et Flash Gordon (Mike Hodges, 1980) puis à Momo (J. Schaaf, 1986) et Francesco (L. Cavani, 1989).

DONEN (Stanley)

cinéaste américain (Columbia, S. C., 1924).

Danseur depuis l'âge de dix ans, Stanley Donen débute à Broadway dans cet emploi, en 1940, dans Pal Joey. Ce musical lance Gene Kelly et cimente une solide amitié entre les deux hommes. Si bien que lorsque Kelly vient à Hollywood en 1942, il demande à son ami de le rejoindre. Dès 1943, Donen est en Californie, aux studios MGM, pour assister le chorégraphe de Best Foot Forward (Edward Buzzell), un travail qu'il avait déjà accompli l'année précédente à Broadway. Très vite, Stanley Donen chorégraphie, seul ou en collaboration, de nombreux musicals MGM et devient l'assistant personnel de Gene Kelly, qu'il aide à mettre au point quelques superbes numéros pour la Reine de Broadway (Ch. Vidor, 1944), ou pour Match d'amour (B. Berkeley, 1949). À ce moment-là, Donen se montre déjà très intéressé par la technique cinématographique. Lorsque le producteur Arthur Freed propose à Gene Kelly de réaliser Un jour à New York (1949), celui-ci fait très naturellement appel à Donen pour l'assister : cela se traduit par un titre de coréalisateur au générique. Le succès du film profite énormément aux deux compères et Donen est désormais parti pour une carrière de réalisateur à part entière.

Il collabore encore deux fois avec Gene Kelly tant qu'il reste sous contrat à la MGM : pour un immense succès, le grand classique du genre, Chantons sous la pluie (1952) ; puis pour un échec commercial, une œuvre originale dont le ton amer est en avance sur son temps : Beau fixe sur New York (1955). Parallèlement, dans des projets imposés comme Donnez-lui une chance (1953) ou personnels comme les Sept Femmes de Barberousse (1954), il prouve sans difficulté son métier et sa personnalité. Quand le projet de Drôle de frimousse (1957) ne peut se matérialiser à la MGM, Donen et quelques-uns de ses collaborateurs quittent la compagnie. Le film se fait à la Paramount et marque les débuts du réalisateur comme indépendant. Après être resté fidèle au musical en collaborant avec George Abbott à la réalisation de Pique-Nique en pyjama (1957) et de Damn Yankees (1958), Donen s'oriente vers la comédie pure. Il prend Londres comme quartier général et, avec Indiscret (1958), commence une longue série de comédies élégantes, interprétées par des acteurs de prestige comme Ingrid Bergman ou Cary Grant.

Après l'échec de l'Escalier (1969), il est évident que cette veine touche à sa fin. Depuis, Donen se cherche dans des projets hybrides qui lui ressemblent plus (Folie, folie, 1978) ou moins (Saturn 3, 1979), qui l'inspirent (les Aventuriers du Lucky Lady, 1975) ou ne l'inspirent pas (The Little Prince, 1974).

On s'est longtemps livré au petit jeu qui consiste à spéculer sur qui, de Kelly ou de Donen, est l'auteur de leurs trois merveilleuses collaborations. Petit jeu dépassé car Gene Kelly n'a pas besoin de prouver son talent et sa personnalité. Quant à Donen, certains de ses musicals en solitaire prouvent amplement la justesse infaillible de son doigté. Il s'est, dans ce domaine, tiré, haut la main, d'embûches redoutables. Un scénario « carte postale » qui tournait autour du mariage de la princesse Élisabeth et du duc d'Édimbourg ne l'a pas empêché de réussir Mariage royal (1951). Le peu de goût qu'il a avoué pour la musique de Sigmund Romberg ne l'a pas non plus empêché de préserver dans Au fond de mon cœur (1954) quelques instants d'une rare invention. Et puis, surtout, Donnez-lui une chance, les Sept Femmes de Barberousse, Drôle de frimousse et Pique-Nique en pyjama sont de grandes réussites. Donen y fait montre de l'immense éventail de ses possibilités dans les limites d'un genre. Donnez-lui une chance relève du musical le plus traditionnel, avec numéros sur scène. Les Sept Femmes de Barberousse relève de l'opérette. Pique-Nique en pyjama est typique d'un certain renouveau réaliste. Drôle de frimousse, enfin, est l'une des réussites les plus totales et les plus intelligentes de musical conçu exactement en fonction du cinéma et de son langage, de la caméra et de ses possibilités.