Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DEPARDON (Raymond)

cinéaste français (Villefranche-sur-Saône 1942).

Photographe de formation, il collabore de 1958 à 1966 à l'agence Dalmas avant de cofonder l'année suivante l'agence Gamma. Parallèlement à ses activités de reporter-photographe, il réalise de 1963 à 1973 plusieurs courts métrages et reportages pour la télévision. En 1974, il signe 50,81 % son premier long métrage, sur la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing. En 1979, son deuxième long métrage, sur la préparation du Matin de Paris, Numéro zéro (tourné en 1977), est couronné du prix Georges-Sadoul. Après Isola San Clemente (1980), son travail de documentariste est enfin reconnu de la critique et du public, lorsque Reporters, chronique au fil des photos de presse d'un mois d'actualités à Paris, reçoit le César du meilleur documentaire 1982. Présent à Cannes l'année suivante dans la section « Un certain regard », Faits divers propose une descente originale dans le monde de la police parisienne. On lui doit encore les Années-Déclic (1984), Une femme en Afrique (Empty Quarter, 1985), Urgence (1988), un long métrage de fiction, la Captive du désert (1990), qui évoque la prise d'otage d'une jeune Française au Tchad, et Délits flagrants (1994), fidèle restitution d'entretiens opposant des substituts aux prévenus pris en flagrant délit, au cœur du Palais de Justice de Paris. L'une des prévenues rencontrées à cette occasion sera d'ailleurs l'objet d'un documentaire à part entière, Muriel Leferle (1999). Dans Afriques, comment ça va avec la douleur ? (1996), il réalise un film impressionniste sur ce continent avec lequel il a toujours entretenu des liens privilégiés. Il revient en France ensuite avec Paris (1998), un film entre réalité et fiction basé sur l'enregistrement de pseudo-casting que le cinéaste fait passer à des jeunes filles rencontrées par hasard à la gare St-Lazare. Il s'intéresse ensuite au monde paysan avec un triptyque dont la première partie, Profil Paysans : l'Approche, est diffusée en 2001.

DÉPÔT LÉGAL.

L'idée qu'il fallait conserver les films en tant qu'éléments du patrimoine national fut clairement énoncée dès la naissance du cinéma. Il fallut attendre la loi du 20 juin 1943 pour que le dépôt légal des films soit institué en France ; ce n'est qu'avec le décret du 23 mai 1977 qu'il est véritablement entré en vigueur. Comme pour tous les autres dépôts légaux (imprimés, disques, photos), l'organisme dépositaire était la Bibliothèque nationale, jusqu'à la réforme importante intervenue dans le cadre de la loi du 20 juin 1992 et du décret du 31 décembre 1993.

Les nouveaux textes réaffirment les finalités culturelles et patrimoniales du dépôt légal : collecte, conservation, constitution et diffusion d'un catalogue national de l'ensemble des dépôts légaux, accès à la mémoire collective par la mise à disposition des documents.

L'innovation fondamentale des nouvelles dispositions est d'atténuer le principe de l'unité du dépôt légal. La loi confie désormais le dépôt légal à plusieurs dépositaires :

— la Bibliothèque nationale de France : imprimés, documents audio et vidéo, logiciels, bases de données et systèmes experts ;

— l'Institut national de l'audiovisuel : programmes radiodiffusés et télédiffusés ;

— le Centre national de la cinématographie : films.

L'unité du dispositif reste préservée par la création du conseil scientifique du dépôt légal, présidé par le président de la Bibliothèque nationale de France.

Les dispositions concernant le film ont été très largement renforcées. L'obligation du dépôt concerne désormais tous les films, quels qu'en soient le métrage, le genre ou la nationalité, dès lors qu'ils ont été diffusés en France. La grande nouveauté est le dépôt des films étrangers. C'est le producteur qui dépose pour les films français, le distributeur pour les films étrangers, le commanditaire pour les films publicitaires ou d'entreprise. La nature du matériel déposé est plus contraignante : soit un élément intermédiaire permettant le tirage d'une copie positive, soit une copie positive neuve. Des dérogations sont accordées pour les courts métrages. Le matériel publicitaire doit également être déposé.

Le délai de dépôt a été ramené à un mois à compter de la première présentation publique de l'œuvre (six mois pour les courts métrages) et les sanctions pénales ont été renforcées. Les dépôts sont traités par les Archives du film du Centre national de la cinématographie.

DÉPOUILLEMENT.

Document écrit qui indique, scène par scène, tout ce qui sera nécessaire au tournage d'un film. ( TOURNAGE.)

DEPP (Johnny)

acteur américain (Owensboro, Ky., 1964).

Le visage juvénile et la silhouette gracile de cet ancien musicien de rock lui valurent d'obtenir le rôle principal de la série télé 21 Jump Street, où sa création de jeune flic en jeans fit sensation. Au cinéma, il semble choisir très soigneusement ses rôles et ses réalisateurs, auxquels il offre un talent maléable et une grâce presque chorégraphique. Rocker endiablé (Cry Baby, J. Waters, 1990), rêveur vêtu de noir (Arizona Dream, E. Kusturica, 1992), nouveau Buster Keaton (Benny and Joon, Jeremiah Chechick, 1993), touchant et surprenant Gilbert Grape dans le film de L. Hallström (id.), il a tenu ses rôles les plus ambitieux sous la direction de T. Burton. Il fut, blafard, diaphane, bardé de cuir, le visage de Pierrot pleurant, des lames étincelantes au bout des doigts, l'inoubliable Edward aux mains d'argent (1992), touchante créature inachevée ; moustachu et résolument bizarre, Ed Wood (1994), réalisateur de cinéma bricoleur et calamiteux ; pointilleux et calamiteux enquêteur épris de logique égaré au pays des sorcières dans Sleepy Hollow, la légende du chevalier sans tête (Sleepy Hollow, 1999). Dans Dead Man (1995), Jim Jarmush lui offre le rôle principal d'un curieux faux western en forme de quête initiatique. Par ailleurs, Meurtre en suspens (Nick of Time, John Badham, 1996) et Donnie Brasco (M. Newell, 1997) montrent que Johnny Depp peut se prêter à des entreprises plus ouvertement commerciales sans sacrifier son talent. Las Vegas Parano (Fear and Loathing in Las Vegas, T. Gilliam, 1998) lui offre un nouveau registre, celui de la frénésie mais The Man Who Cried (id., Sally Potter, 2001) le confine dans un emploi romantique de gitan à accent. Malgré de bonnes intentions la première réalisation de Johnny Depp, The Brave (1997) reste décevante.