Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FRANCIOSA (Massimo) (suite)

Journaliste et écrivain à succès, il débute en tandem avec Pasquale Festa Campanile en cosignant le scénario des Amoureux (M. Bolognini, 1955), suivi par d'autres comédies très fraîches pour Dino Risi (Pauvres mais beaux, 1956 ; La nonna Sabella, 1957 ; Beaux mais pauvres, id. ; Venise, la lune et toi, 1958 ; Poveri milionari, 1959) et pour d'autres réalisateurs. Tous deux écrivent avec Marc Gilbert Sauvajon le scénario de Rocco et ses frères (L. Visconti, 1960) et d'autres films pour Mauro Bolognini, Elio Petri, Marco Ferreri. Ils passent à la mise en scène avec Amour sans lendemain (Un tentativo sentimentale, 1964), suivi par le Sexe des anges (id.). Franciosa réalise ensuite seul six sensibles comédies de mœurs qui n'obtiennent pas le même succès que celles de son ancien collègue (Il morbidone, 1966 ; Pronto... c'è una certa Giuliana per te, 1967 ; Togli le gambe dal parabrezza, 1970 ; La stagione dei sensi, id. ; Quella chiara notte d'ottobre, 1974, RE 1970 ; Per amore o per forza, 1971). Il est revenu ensuite à son métier de scénariste en écrivant plusieurs films comiques, dont Je suis photogénique (D. Risi, 1980).

FRANCIS (Anne)

actrice américaine (Ossining, N. Y., 1930).

Mannequin de mode enfantine dès l'âge de cinq ans, vedette très précoce de la radio, elle débute à la MGM en 1947 et joue les utilités (le Portrait de Jennie, W. Dieterle, 1949). Douée d'un charme blond un peu maniéré, elle ne deviendra jamais une star malgré son passage à la Fox, où elle étoffe certains rôles. Elle avait su pourtant montrer une réelle capacité dramatique, notamment en suggérant une sensualité sous sa candeur (A Lion is in the Streets, R. Walsh, 1953 ; Un homme est passé, J. Sturges, 1955 ; le Cri de la Victoire, Walsh, id. ; Graine de violence, R. Brooks, id.). Après 1960, elle se consacre surtout à la TV.

FRANCIS (Ève)

actrice française d'origine belge (Saint Josse ten Noode 1896 - Neuilly-sur-Seine 1980).

Elle monte sur scène à dix-sept ans. On la tient pour une des grandes interprètes des pièces de Claudel. Ses premiers pas cinématographiques datent de 1914 (la Dame blonde, Henry Roussel). Mais c'est en 1918, avec Âmes de fous de Germaine Dulac, qu'elle inaugure véritablement sa carrière. Le 16 janvier 1918, elle épouse le critique, et futur cinéaste, Louis Delluc.

À l'instar de Gina Manès, elle devient une des actrices préférées de l'« école » impressionniste française des années 20. Si le nom de sa collègue s'attache, alors, surtout à la production de Jean Epstein, Ève Francis, elle, interprète essentiellement les œuvres de Dulac, L'Herbier et Delluc. Après avoir joué dans la Fête espagnole de Dulac (sur un scénario de son mari, 1920), elle tient le rôle principal dans les cinq films suivants de Delluc : Fumée noire (1920), le Silence (id.), le Chemin d'Ernoa (1921), la Femme de nulle part (1922) et l'Inondation (1924). El Dorado (1921) marque le départ de sa collaboration avec Marcel L'Herbier ; ce dernier s'y exerce, visuellement, au fameux « flou psychologique ». Les cinéastes de ce groupe, qualifié de première avant-garde, préoccupés par leurs recherches formelles, délaissent la finition des scénarios. La construction de leurs films relève de la composition plastique et n'offre guère un moule adéquat à l'exercice « plein » du métier d'acteur. Le jeu d'Ève Francis oscille entre le maniérisme et la pose ; à la limite, on peut la considérer comme un élément de l'architecture filmique. En 1924, à la mort de son conjoint, la tragédienne espace ses apparitions sur l'écran : Antoinette Sabrier (G. Dulac, 1928), Club de femmes (Jacques Deval, 1936), Forfaiture (M. L'Herbier, 1937) et la Comédie du bonheur (id., 1942). Ève Francis est assistante artistique sur quelques films de L'Herbier : le Bonheur (1935), la Route impériale (id.), Veille d'armes (id.), la Porte du large (1936), la Citadelle du silence (1937) et d'autres. À partir des années 30, elle se consacre à de nombreuses activités : le théâtre, les conférences, la critique de cinéma (dans Film et le Pays).

On lui doit également un livre (Temps héroïques, 1949) où elle évoque la personnalité de Delluc. Membre de la Commission des recherches historiques à la Cinémathèque française, elle devient, après la guerre, animatrice de ciné-clubs, ces lieux de formation de la culture par le film créés par son mari en 1920. Elle fait une dernière et curieuse apparition devant la caméra dans la Chair de l'orchidée de Patrice Chéreau (1975) : elle y tient le rôle de la mère de Bruno Cremer.

FRANCIS (Frederick, dit Freddie)

chef opérateur et cinéaste britannique (Londres 1917).

Après avoir travaillé avec John Huston sur Moulin-Rouge (1953) et Plus fort que le diable (1954), sa carrière de chef opérateur est liée à de nombreuses réussites du cinéma anglais : Temps sans pitié (J. Losey, 1957), les Chemins de la haute ville (J. Clayton, 1958), Amants et Fils (J. Cardiff, 1960), pour lequel il obtient un Oscar, Samedi soir et dimanche matin (K. Reisz, id.), les Innocents (Clayton, 1961), la Force des ténèbres (Reisz, 1964), Elephant Man (D. Lynch, 1980), Dune (id., 1984). Toutefois, son activité de réalisateur, commencée en 1962 avec Two and Two Make Six, n'a guère donné d'œuvres culminantes au sein d'une filmographie spécialisée dans le genre fantastique à gros effets : Paranoïaque (Paranoiac, 1963), le Train des épouvantes (Dr Terror's House of Horrors, 1964), Poupées de cendres (The Psychopath, 1966), Dracula et les Femmes (Dracula has risen from the Grave, 1968), Histoires d'outre-tombe (Tales from the Crypt, 1972), Asylum (1973), Legend of the Werewolf (1974), le Docteur et les assassins (The Doctor and the Devils, 1985).

FRANCIS (Katharine Edwina Gibbs, dite Kay)

actrice américaine (Oklahoma City, Okla., 1899 - New York, N. Y., 1968).

Le cheveu sombre, le regard clair, l'élégance allurée de Kay Francis la prédisposaient à l'emploi de femme dangereuse. C'est ainsi qu'elle commença sa carrière au théâtre et à la Paramount en 1929. Quand la Warner Bros racheta son contrat, elle se trouva soudain au cœur de somptueux mélodrames agencés tout exprès pour elle. On retiendra le romantisme du merveilleux Voyage sans retour (T. Garnett, 1932) ou des émouvants Sur le velours et Bureau des épaves (F. Borzage, 1935). Mais c'est paradoxalement dans une comédie d'Ernst Lubitsch, Haute Pègre (1932), que Kay Francis fut le plus elle-même : sculpturale, aristocratique, distante, mais très belle. Malgré un succès déclinant, elle s'accrocha à son contrat, ce qui lui permit de tenir la vedette jusqu'en 1939. Après quelques emplois secondaires, dont certains très brillants (l'épouse cupide de l'Autre, de John Cromwell en 1939), elle s'est retirée en 1946, refusant catégoriquement de parler de son passé.