Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HOLGER-MADSEN (Forest)

cinéaste danois (Copenhague 1878 - id. 1943).

Acteur à la Nordisk Film Kompagni, il débute comme réalisateur dans une firme concurrente, la Biorama (‘ Rien qu'un mendiant ’ [Kun en Tigger], 1912), puis revient à la Nordisk, où son talent multiforme, ses innovations techniques audacieuses, son aisance à filmer des œuvrettes de pur divertissement mais également des drames « décadents », des films à message pacifiste, des œuvres curieuses d'anticipation en font l'un des phares du cinéma danois des années 10. Parmi ses meilleurs titres : ‘ Rêve d'opium ’ (Opiumsdr'ommen, 1914), ‘ À bas les armes ’ (Ned med våbnene, id.), l'Évangéliste (Evangelie-mandens Liv, id.), les Spirites (Spiritisten, 1915), la Paix éternelle (Pax aeterna, 1916), le Vaisseau du ciel / À 400 millions de lieues de la terre (Himmelskibet, 1917), ‘ Vers la lumière ’ (Mod Lyset, 1918). À partir de 1920, il travaille en Allemagne. Au début des années 30, il tourne encore deux films parlants au Danemark. On lui doit la découverte de plusieurs acteurs : la danseuse espagnole Rita Sachetto, l'ex-modèle Betty Nansen, Olaf Fønss et plus tard Elisabeth Bergner.

HOLLAND (Agnieszka)

cinéaste polonaise (Varsovie 1948).

Diplômée de la faculté du cinéma et de la télévision (FAMU) de Prague, elle est d'abord assistante de Zanussi pour Illumination (1973), puis coscénariste de Wajda pour Sans anesthésie (1978). En même temps, elle fait de la mise en scène de théâtre et tourne plusieurs films de TV avant de réaliser au cinéma un épisode (Cos za cos) du film Bouts d'essai (Zdjȩcia Próbne, 1977), coréalisé par Pawel Kȩdzierski et Jerzy Domaradzki. Son talent éclate dans Acteurs provinciaux (Aktorzy prowincjonalni, 1979), chronique lucide et amère des désillusions d'une génération perdue. Autre temps, autre style, mais la même observation percutante dans la Fièvre (Goraczka, 1980), qui évoque la vaine agitation clandestine et terroriste des révolutionnaires, vers 1905, dans la Pologne encore sous la botte russe. Une femme seule (Kobieta samotna, 1981) est interdit après l'instauration de l'état de siège. En 1982, elle apparaît comme actrice dans l'Interrogatoire (Przesuchanie, Ryszard Bugajski). Installée à Paris depuis cette date, elle a réalisé Amère récolte (Bittere Ernte, RFA, 1985), le Complot (To Kill a Priest, 1988) qui évoque l'assassinat du père Popieluszko, à l'époque de la répression contre les militants de Solidarnosc, et Europa, Europa (1990), troublant itinéraire d'un jeune Juif contraint, pour survivre, d'endosser l'uniforme nazi et ballotté par les vicissitudes absurdes de l'Histoire. En 1991, elle signe avec Wajda le scénario de Korczak, puis réalise Olivier, Olivier (1992), le Jardin secret (The Secret Garden, 1993), Total Eclipse (1995), une fiction fondée sur les rapports entre Verlaine et Rimbaud, Red Wind, un thriller produit par Sydney Pollack pour la télévision, et Washington Square d'après Henry James (1997), et The Third Miracle (1999).

HOLLÄNDER (Friedrich, ou Frederick Hollander)

musicien allemand (Londres, G. -B., 1896 - Munich 1976).

Il étudie à la Hochshule für Musik de Berlin, avec Humperdinck, et s'oriente très tôt vers la chanson, le cabaret, puis le cinéma dès 1929. Il connaît le succès grâce à ses chansons, interprétées par Marlene Dietrich dans l'Ange bleu (J. von Sternberg, 1930) : Nihm dich in Acht vor blonden Frauen ; Ich bin die fesche Lola ; Kinder, heut ‘ abend such ’ ich mir was aus ; Ich bin von Kopf zu Fuss auf Liebe eingestellt... En 1933, il coréalise une comédie musicale, Moi et l'impératrice (Ich und die Kaiserin), avec Paul Martin. L'arrivée au pouvoir des nazis le contraint à l'exil, et il retrouve Lang, Lubitsch, Kurt Weill aux États-Unis. Chansons ou musique, il en fait le contrepoint ou l'apport souvent brillant, suggestif, ou nostalgique — et inquiétant dans Berlin Express de J. Tourneur (1948) — du film considéré comme un spectacle où chacun tient, à sa place, sa partie. Hollander (dont le nom est le plus souvent anglicisé) retourne en Allemagne vers la fin des années 50, écrivant à la fois pour le cinéma et le cabaret. Il a collaboré à quelque 150 films, dont : Tumultes (R. Siodmak, 1932) ; Cantique d'amour (R. Mamoulian, 1933) ; Désir (F. Borzage, 1936) ; Ange (E. Lubitsch, 1937) ; Casier judiciaire, avec K. Weill (F. Lang, 1938) ; la Huitième Femme de Barbe-Bleue (E. Lubitsch, id.) ; Zaza (G. Cukor, id.) ; la Maison des sept péchés (T. Garnett, 1940) ; la Justice des hommes (G. Stevens, 1942) ; Comment l'esprit vient aux femmes (G. Cukor, 1950) ; la Cuisine des anges (M. Curtiz, 1955). Il est revenu en Allemagne en 1956, composant pour un seul film (Das Spukschloss im Spessart, Kurt Hoffman, 1960) et apparaissant comme acteur dans Un, deux, trois (1961) de Billy Wilder.

HOLLIDAY (Judith Turin, dite Judy)

actrice américaine (New York, N. Y., 1921 - id. 1965).

Elle débute durant la guerre au cabaret, associée à Betty Comden et Adolph Green, et tient en 1944 quelques rôles secondaires à Hollywood dans Greenwich Village (W. Lang), Something for the Boys (L. Seiler) et Winged Victory (G. Cukor). Déçue de cette expérience, elle revient à Broadway où son interprétation dans Born Yesterday (1946) révèle un tempérament comique neuf, fait de rouerie naïve et d'enthousiasme exubérant. George Cukor et l'auteur Garson Kanin, qui veulent lui faire reprendre la pièce à l'écran en dépit de l'opposition du patron de Columbia Pictures, Harry Cohn, lui confient d'abord dans Madame porte la culotte (1949) quelques scènes d'une drôlerie irrésistible face à Spencer Tracy et Katharine Hepburn. Comme il le voulait, Cukor la dirige ensuite dans Comment l'esprit vient aux femmes (1950), puis dans Je retourne chez maman (1952), où il mêle avec audace le tragique quotidien à la comédie, et dans Une femme qui s'affiche (1954), où elle incarne une bécasse au grand cœur avide de célébrité. Elle interprète encore Phffft (M. Robson, 1954) et deux comédies gentiment anodines de Richard Quine (Une Cadillac en or massif, 1956, et Pleine de vie, 1957) avant de trouver le dernier grand rôle d'une trop brève carrière cinématographique dans Un numéro du tonnerre (V. Minnelli, 1960), où elle reprend le rôle écrit pour elle par Comden et Green et qu'elle avait créé à Broadway.