Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HRABAL (Bohumil)

écrivain et scénariste tchèque (près de Brünn [auj. Brno] 1914 - Prague 1997).

Ses proses poétiques et « délirantes », sortes de lyriques d'un humour à la fois presque fantastique et très cru, marquées par la connaissance que l'auteur, pendant ses années d'apprentissage, a faite de nombreux métiers, milieux et types humains, ont longtemps attendu d'être publiées. Quand elles ont enfin pu triompher de la censure — encore que dans des versions plus ou moins tronquées —, on a vite reconnu en Hrabal un des plus grands écrivains tchèques vivants. Sa vision du monde, très « Europe centrale », insistant sur le concret de la réalité sensible et de l'expérience quotidienne (à la différence de tout discours idéologique), a naturellement rejoint celle des jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague tchèque, dont plusieurs lui ont rendu hommage dans le film à épisodes les Petites Perles au fond de l'eau (Perličky na dně, 1965). Une chute de ce film, le moyen métrage Un fade après-midi (1965), constitue par ailleurs la première réalisation d'Ivan Passer. Hrabal inspira notamment Jiři Menzel : Trains étroitement surveillés (1966), les Alouettes sur le fil / Alouettes, un fil à la patte (1969, distribué en 1989), Retailles / Une blonde émoustillante (1981) ; Petr Koliha (‘ Tendre Barbare ’ [Něžny barbar], 1990) ; Dušan Klein (‘ les Yeux d'ange ’ [Andélské oči], 1994) ; Vera Cais (‘ Une trop bruyante solitude ’ [Příliš hlučná samota], 1995).

HRISTOV (Hristo)

cinéaste bulgare (Plovdiv 1926).

Après avoir étudié la médecine et dirigé de nombreuses troupes théâtrales d'amateurs, il est élève de l'Institut supérieur d'art théâtral de Sofia puis metteur en scène au théâtre N. O. Masalitinov de Plovdiv. Il fait un stage dans les studios Mosfilm de Moscou, travaille notamment avec Alov, Naoumov et Khoutsiev, revient dans son pays et s'associe avec le cinéaste d'animation Todor Dinov pour réaliser sa première mise en scène de cinéma Iconostase (Ikonostasat, 1969), admirable fresque lyrique consacrée — comme Andreï Roublev de Tarkovski — à la fonction de l'artiste dans la société. Habile à jouer des interférences entre le monde réel et le monde de l'imaginaire (le Dernier Été [Posledno ljato], 1973 ; Arbre sans racines [Darvo bez koren], 1974 ; ‘ le Cyclope ’ [Ziklopat], 1976), il aborde dans ‘ la Barrière ’ (Barierata, 1979) les rivages de l'univers psychotique et surréel et revient à un récit plus naturaliste dans ‘ le Camion ’ (Kamionat, 1980). Il a également tourné l'Enclume et le Marteau (Nakovalna ili cuk, 1972), Une femme de trente-trois ans (Edna žena na triiset i tri, 1982), l'Interlocuteur de votre choix (Sabesednik po želanije, 1984), ‘ le Certificat ’ (Harakteristika, 1985) et Test 88 (id., 1988). Il est l'un des réalisateurs les plus originaux du cinéma bulgare des années 70.

HRUŠÍNSKY̌ (Rudolf)

acteur tchèque (Novÿ Etynk 1920 - Prague 1994).

Fils d'un acteur connu, il débute très tôt au théâtre et au cinéma, d'abord dans des rôles romantiques, puis dramatiques et parfois même comiques. Son registre lui permet de composer des personnages drolatiques (dans les films de Jiři Menzel : Un été capricieux, 1967 ; Ces merveilleux hommes à la manivelle, 1978 ; Retailles, 1981), franchement inquiétants comme son Karel Kopfrkingl, l'homme qui aimait trop les crématoriums (l'Incinérateur de cadavres, J. Herz, 1969) ou donquichottesques (l'Honneur et la Gloire, Hynek Bočan, 1968). Parmi ses autres films, citons notamment : Věra Lukášova (E. F. Burian, 1939) ; ‘ la Turbine ’ (Turbina, O. Vavra, 1941) ; ‘ le Rapt ’ (Únos, J. Kadar et E. Klos, 1953) ; le Brave Soldat Švejk (Dobrÿ voják Švejk, Karel Stekly, 1957) ; Monsieur Principe supérieur (J. Krejčik, 1960) ; les Alouettes sur le fil / Alouettes, un fil à la patte (J. Menzel, 1969, distribué en 1989) ; la Fumée des fanes de pommes de terre (F. Vlačil, 1977) ; Retailles / Une blonde émoustillante (Menzel, 1981) ; ‘ Attention, la visite ’ (K. Kachŷna, id.) ; ‘ Festivités des perce-neiges ’ (Menzel, 1983) ; ‘ les Trois Vétérans ’ (Tři veteŕani, Oldřich Lipsky, id.), Mon cher petit village (Menzel, 1986) ; la Mort des beaux chevreuils (K. Kachŷna, 1987) ; la Fin du bon vieux temps (Menzel, 1988) ; ‘ le Début d'un long automne ’ (Začatek dlouhého podzimu, Peter Hledik, 1989) ; ‘ Tendre Barbare ’ (Něžný barbar, Petr Koliha, 1990) ; ‘ Chers Amis, oui ’ (Vážení přátelé, ano, Dušan Klein, id.) ; ‘ l'École élémentaire ’ (Obecná škola, Jan Sverak, 1991) ; l'Opéra des gueux (J. Menzel, id.).

HU DIE (Butterfly Wu, dite)

actrice chinoise (Shanghai 1907 - Canada 1989).

À l'âge de seize ans, elle s'inscrit à l'École chinoise de cinéma animée par Hong Shen. Bientôt vedette de Regret automnal (Qiushan yuan, Chen Kengran), produit par le studio Youlian en 1925, elle entre dès l'année suivante au studio Tianyi, où, en trois ans, elle joue dans une vingtaine de films. En 1928, la Mingxing l'engage en vedette sur plus de trente films. En particulier, elle joue avec Ruan Linyu dans la Pagode des nuages blancs (Baiyun ta, Zhang Shichuan et Zheng Zhengqiu, 1928), puis elle tient le célèbre rôle de la Chanteuse Pivoine-Rouge (Ge'nü Hongmudan, Zhang Shichuan, 1931), ensuite le Torrent sauvage (Kuangliu, Chen Bugao, 1933), le Marché de la tendresse (Zhifen shichang, Zhang Shichuan, id.) et surtout les Deux Sœurs (Zimei hua, Zheng Zhengqiu, id.), où elle a un double rôle grâce à des trucages qui paraissaient extraordinaires à l'époque. Suivent, en 1934, Une bible pour les filles (Nüer jing de Zhang Shichuan) et, en 1935, Fleurs de pêchers après la tourmente (Jiehou taohua, id.). En 1936, elle est la vedette d'un film de Zhang Shichuan, Une féministe (Nüquan). À la déclaration de la guerre, elle s'exile à Hongkong. Pendant la période dite « de l'île orpheline », on la voit en particulier dans le Fard et les Larmes (Yanzhi lei, Wu Yonggang, 1938), Sacrifice suprême (Juedai jiaren, Wang Cilong, 1940), Famille (Jia, Bu Wancang, 1941), et Le paon s'envole vers le sud-est (Kongque dongnan fei, Wang Cilong, id.). Lorsque Hongkong est occupée par les Japonais, elle gagne Chongqing. Après la guerre, elle tourne deux films pour la compagnie de Hongkong « la Grande Chine » : Une grande dame (Mou furen, He Feiguang, 1946) et Rêve de printemps (Chun zhi meng, Zhu Shilin, id.) ; puis elle se retire jusqu'en 1958 : elle tient alors le rôle principal dans quatre films des Shaw Brothers Productions, dont Deux Générations de femmes (Liangdai nüxing, Bu Wancang, 1960) et l'Enfant de la rue/Gamin des rues (Jietong, Yue Feng, id.). La même année, elle est encore la vedette du Petit Vagabond (Ku'er liulang ji, id., Bu Wancang), produit par le studio Guofeng, un film qui eut un grand succès à Hong Kong et en Asie du Sud-Est, et tient beaucoup d'autres rôles très appréciés du public. Mais, finalement, celle qui fut la plus grande star du cinéma chinois des années 30, la vedette de tant de films célèbres, termine sa vie dans une complète obscurité.