Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GUITRY (Alexandre, dit Sacha) (suite)

Films comme RÉ  :

Ceux de chez nous (MM, 1915) ; Pasteur (CO Fernand Rivers, 1935) ; Bonne Chance (id., id.) ; le Roman d'un tricheur (1936) ; Mon père avait raison (id.) ; le Nouveau Testament (id.) ; Faisons un rêve (1937) ; le Mot de Cambronne (MM, id.) ; les Perles de la couronne (CO Christian-Jaque, id.) ; Désiré (id.) ; Quadrille (1938) ; Remontons les Champs-Élysées (CO Robert Bibal, id.) ; Ils étaient neuf célibataires (1939) ; le Destin fabuleux de Désirée Clary (CO René Le Hénaff, 1942) ; la Loi du 21 juin 1907 (CM, id.) ; Donne-moi tes yeux (1943) ; la Malibran (id.) ; le Comédien (1948) ; le Diable boiteux (id.) ; Aux deux colombes (1949) ; Toâ (id.) ; le Trésor de Cantenac (1950) ; Tu m'as sauvé la vie (id.) ; Deburau (1951) ; la Poison (id.) ; Je l'ai été trois fois (1953) ; la Vie d'un honnête homme (id.) ; Si Versailles m'était conté (1954) ; Napoléon (CO Eugène Lourié, 1955) ; Si Paris nous était conté (1956) ; Assassins et Voleurs (1957) ; Les trois font la paire (CO : Clément Duhour, id.).

GUITTY (Madeleine)

actrice française (Corbeil 1871 - Paris 1936).

D'une laideur joviale et d'un talent cordial, elle est remarquée par Feuillade, qui l'emploie dans bon nombre de saynettes à partir de 1913. Son premier vrai succès date de la Fille des chiffonniers (Henri Desfontaines, 1922). Elle apparaît dans beaucoup de films muets, dont la Souriante Madame Beudet (G. Dulac, 1923) et les Deux Timides (R. Clair, 1929). Le parlant multiplie ses rôles de harengère, de concierge, de cuisinière et de servante au grand cœur (Ciboulette, C. Autant-Lara, 1933 ; l'Ami Fritz, J. de Baroncelli, id. ; Sans famille, M. Allégret, 1934 ; Si j'étais le patron et Fanfare d'amour, Richard Pottier, 1934 et 1935).

GÜNEY (Yılmaz)

cinéaste, scénariste et acteur turc (Adana 1937 - Paris 1984).

Fils d'ouvrier agricole et l'un des sept enfants d'une famille plus que modeste, il fait des études à Ankara et à Istanbul et, après plusieurs métiers, il débute au cinéma comme acteur, coscénariste et assistant aux côtés du vétéran Atıf Yılmaz, en 1958. De 1958 à 1961, il est le premier assistant de Yılmaz ; il tient quelques rôles et écrit quelques nouvelles, dont l'une lui coûte dix-huit mois de prison pour “propagande communiste”. De 1963 à 1966, l'acteur qu'il est tourne au mythe populaire, sous la figure du “roi laid”, comme on l'appelle. Il joue alors dans une quarantaine de films plutôt médiocres, mais d'un réel impact sur le public, dû à son jeu sobre, efficace, de héros opprimé par les classes dominantes et souffrant d'injustices sociales. À partir de 1966, ses premiers essais de réalisation aboutissent à Seyyit Han (1968), Les loups ont faim (1969) et surtout l'Espoir (1970), qui font preuve d'un tempérament de cinéaste engagé. Si le dessein de Güney est bien de faire œuvre politique, il ne se veut pourtant pas militant, car il tient compte du goût du public et de la part de « spectacle » nécessaire au cinéma. Les films qui suivent, dont il est dorénavant scénariste, réalisateur et acteur, montrent en effet une volonté de dénonciation, tout en sachant rester extrêmement visuels, riches en couleurs et en éléments culturels, à la recherche aussi du rythme exact, capable de soutenir le récit et son message : si l'Espoir est dans la plus pure tradition du néoréalisme italien, l'Élégie (1971) a un souffle épique, le Père (1971) et les Pauvres (1974) jouent avec les vieux clichés du mélodrame... Un cinéma qui puise dans les valeurs profondément enracinées dans la culture populaire et la conscience collective de son pays, mais qui aboutit toujours à une synthèse pour le moins progressiste. Dans le tumulte politique des années 1971-1972 (la prise du pouvoir par les militaires et la « chasse aux sorcières » qui s'ensuit), Güney est arrêté. Après vingt-six mois de prison, il est libéré, et tourne l'Ami/Camarade (1974), film important qui met en question le rôle et la place des classes moyennes, des petits-bourgeois dans la vie politique actuelle du pays. C'est au cours du tournage d'un film sur les ouvriers saisonniers du coton qu'il se trouve malencontreusement mêlé à une affaire criminelle, l'assassinat d'un juge local qui le provoque dans un restaurant. Il est arrêté de nouveau et, cette fois, condamné à dix-huit ans de détention pour meurtre. Son assistant, Şerif Gören, termine ce film intitulé l'Inquiétude (1975). Güney, dès lors, attendant d'être libéré à l'occasion d'une prochaine amnistie, n'arrête pas d'écrire : trois romans, des Lettres de la prison, et plusieurs scénarios, dont ceux, beaucoup plus accomplis et riches en matière humaine que les précédents, du Troupeau (1978) et de l'Ennemi (1979), que son ami Zeki Ökten tourne sur ses indications minutieuses. Yol, film réalisé sur le terrain par Şerif Gören mais “téléguidé” de sa prison par Güney, puis monté par lui-même en exil, remporte un succès considérable en 1982 dans le monde entier : d'une part, son auteur est parvenu à s'échapper de sa geôle et, d'autre part, le film présenté au Festival de Cannes y enlève une Palme d'or surprenante mais méritée. Le cinéaste, déchu de sa nationalité par le gouvernement turc en janvier 1983, vit en clandestinité en Suisse et en France, où il réalise sa dernière œuvre, le Mur (1983), un film sur les prisons d'enfants en Turquie, contesté pour son manichéisme et devenu sujet de polémiques.

Films :

En tant qu'auteur « complet », même s'il n'a pu assurer le tournage que partiellement ou pas du tout : Seyyit Han (1968) ; les loups affamés (Aç Kurtlar, 1969) ; Un homme laid (Bir çirkin Adam, id.) ; l'Espoir (Umut, 1970) ; les Fugitifs (Kaçaklar, 1971) ; Demain est le dernier jour (Yarın Son Gündür, id.) ; les Désespérés (Umutsuzlar, id.) ; la Douleur (Acı, id.) ; l'Élégie (Aǧıt, id.) ; le Père (Baba, id.) ; l'Ami/Camarade (Arkadaş, 1974) ; les Pauvres (Zavallılar, 1972-1974 ; film commencé par Güney et terminé par Atıf Yılmaz) ; l'Inquiétude (Endişe, 1975 ; Şerif Gören) ; le Troupeau (Sürü, 1978 ; Zeki Ökten) ; l'Ennemi (Düşman, 1979 ; Z. Ökten) ; Yol (1982 ; CORÉ Şerif Gören), le Mur (Duvar, 1983).