Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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HURWITZ (Leo)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1909 - id. 1991).

Diplômé de Harvard (philosophie et psychologie) en 1930, il fréquente les milieux artistiques et politiques de la gauche, travaille comme photographe et cinéaste à la Film and Photo League, pour laquelle il tourne des reportages politiques (Hunger, 1932 ; Scottsboro, 1934) et signe la photo du beau film de Pare Lorentz, The Plow That Broke the Plains (1936). La même année, avec plusieurs membres de la League (Paul Strand, Sydney Meyers, Irving Lerner, Ralph Steiner, Willard Van Dyke, Jay Leyda), il fonde le collectif de production Frontier Films qui va diriger de façon décisive le documentaire dans une perspective progressiste. Avec Paul Strand, il monte Heart of Spain, tourné par Herbert Kline en 1937, pour populariser la résistance de l'Espagne républicaine, puis réalise, toujours avec Strand, Native Land (1938-1942), pour dénoncer la répression menée par le capitalisme et l'extrême droite contre les ouvriers et les paysans. Dans la même ligne, Strange Victory (1948) montre que la victoire sur le fascisme n'empêche pas la réaction et le racisme de continuer à sévir aux États-Unis.

Hurwitz s'intéresse à la fois à l'actualité (The Young Fighter, 1953 ; pour tourner ce reportage, il anticipe sur les méthodes du cinéma-vérité), à l'histoire récente (The Museum and the Fury, 1956 ; sur le système concentrationnaire nazi), à la nature (Here at the Water's Edge, 1960) et aux arts (série The Art of Seeing, 1968-1970). Couronnant cette œuvre riche et diverse, tour à tour polémique et poétique, Dialogue With a Woman Departed (1972-1980) est un très long film de montage (comportant des extraits de ses précédents films), vaste poème lyrique et épique qui est une sorte de bilan de sa vie et de son œuvre, dédié à son épouse et collaboratrice Peggy Lawson, disparue en 1971.

HUSSENOT (Olivier)

acteur français (Paris 1913 - id. 1978).

Il débute au théâtre en 1931 et fonde en 1946 avec Jean-Pierre Grenier une célèbre troupe qu'ils dirigent ensemble jusqu'en 1957. Il apparaît à l'écran en 1949 et devient un des seconds rôles les plus sollicités du cinéma français des années 50 et du début des années 60 (Fanfan la Tulipe, 1952 ; les Hommes en blanc, 1955 ; les Grandes Manœuvres, id.). Écrivain à ses heures (il a publié un savoureux livre de souvenirs (Ma vie publique en six tableaux, 1978), ami et admirateur de Queneau, il adapte le Dimanche de la vie, qui est réalisé en 1966 par Jean Herman.

HUSTER (Francis)

acteur français (Neuilly-sur-Seine 1947).

Après le Conservatoire (sous la direction d'Antoine Vitez), il entre à la Comédie-Française, où il se fait remarquer par son romantisme de 1971 à 1981 (Lorenzaccio, Dom Juan, le Cid). Il paraît au cinéma en 1970 (la Faute de l'abbé Mouret, G. Franju), mais ne trouve pas de rôle à la mesure de son tempérament ténébreux et passionné, ni dans les films de Jeanne Moreau (Lumière, 1976 ; l'Adolescente, 1979) ni dans ceux de Lelouch (Un autre homme, une autre chance, 1977 ; les Uns et les Autres, 1981 ; Édith et Marcel, 1982).  . Pulawski lui donne la vedette avec le personnage du metteur en scène excentrique de la Femme publique (1984), accentuant encore son côté paroxystique dans l'Amour braque (1985). Jacques Demy lui offre le rôle principal de Parking (id.) où il est un Orphée du XXe siècle. Dans un registre plus léger, il est le partenaire de Carole Laure dans Drôle de samedi (Bay OKan, id.). Hanté par les références cinéphiliques, il réalise en 1986 un premier film peu convaincant, On a volé Charlie Spencer.

HUSTON (Anjelica)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1951).

Petite-fille de Walter Huston, fille de John Huston, elle débute très jeune à l'écran dans le rôle principal d'un film de son père Promenade avec l'amour et la mort (1959). Elle s'oriente toutefois vers une carrière de mannequin et ne revient au cinéma qu'en 1976, dans le Dernier Nabab d'Elia Kazan. Sa personnalité d'actrice s'affirmera dans des rôles importants : celui de la journaliste des Jardins de Pierre de Coppola (1987), ou dans les Gens de Dublin, dernier film de John Huston. On la voit ensuite dans Mr. North (1988) de son demi-frère Danny Huston, Crimes et délits (W. Allen, 1989), Ennemies — une histoire d'amour (P. Mazursky, id.), les Arnaqueurs (S. Frears, 1990), Meurtre mystérieux à Manhattan (W. Allen, 1993), The Perez Family (Mira Nair, 1995), The Crossing Guard (S. Penn, id.), Buffalo'66 (id. Vincent Gallo, 1998), la Coupe d'or (J. Ivory, 2000). Elle réalise elle même pour la télévision Bastard out of Carolina (1996), film assez fort sur l'inceste, et pour le cinéma Agnes Brown (id., 1997) qui s'attache au quotidien d'une modeste Irlandaise qu'elle interprète.

HUSTON (John)

cinéaste américain (Nevada, Mo., 1906 - Middleton, Ri., 1987).

Que de malentendus ont masqué, trop longtemps, la maîtrise impressionnante de Huston ! Qualifié d'amateur par deux générations de critiques qui ne lui pardonnaient pas son évident plaisir de créateur et qui, confondant son œuvre avec le contenu de certains récits privilégiés, lui ont attribué une exaltation de l'échec, quand il n'avait de vénération que pour l'entreprise humaine dans ce qu'elle a d'extrême... Excentrique éminemment professionnel et enthousiaste permanent, il a certes trouvé le moyen de cumuler les professions : militaire, boxeur, journaliste, dramaturge, nouvelliste, peintre, cavalier, joueur, toréador, chroniqueur judiciaire, scénariste, mais c'est pour mieux servir son véritable amour du cinéma.

Fils du grand comédien Walter Huston et d'une journaliste (Thea Gore), il est d'abord un enfant chétif, peut-être condamné pour « souffle au cœur », quand il décide de se prendre lui-même en main et se métamorphose en athlète éprouvé : champion de boxe, puis cavalier émérite, qui par passion pour le Mexique s'engagea dans la cavalerie révolutionnaire aux côtés de Pancho Villa. Revenu aux États-Unis, il entre dans la carrière littéraire, écrivant des nouvelles pour l' American Mercury, rencontre O'Neill et Hemingway, monte sur les planches, enfin aborde l'art du scénario auprès d'un ami de son père, le réalisateur William Wyler, écrivant d'ailleurs plusieurs rôles pour Walter Huston. À la Warner, on l'emploie dans un peu n'importe quoi : des westerns, des policiers, notamment dans le High Sierra de Raoul Walsh. C'est alors que le producteur Henry Blanke le pousse à diriger son premier film, le Faucon maltais, d'après un roman de Dashiell Hammett déjà porté deux fois au cinéma, qu'il se contente de découper chapitre par chapitre avec l'intelligence de la fidélité.