Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DORSALE.

Face dorsale, face d'un film côté support, par opposition à face émulsionnée.

DORSCH (Käthe)

actrice allemande (Neumarkt 1890 - Vienne, Autriche, 1957).

Actrice de théâtre dès l'enfance, elle débute à l'écran en 1917 sous la direction de Lubitsch et, parallèlement à une carrière théâtrale très diversifiée, elle devient une vedette du cinéma muet et de l'opérette. Elle tourne notamment Die blaue Mauritius (V. Larsen, 1918), et Fräulein Julie (Felix Basch, 1922). Favorisée par les autorités du IIIe Reich, elle est une des grandes vedettes du cinéma allemand de l'époque : Une femme sans importance (Eine Frau ohne Bedeutung, H. Steinhoff, 1936), Savoy Hotel 217 (G. Ucicky, id.), Yvette (W. Liebeneiner, 1938), Mutterliebe (Ucicky, 1939), Komödianten (G. W. Pabst, 1941). Après la guerre, elle fait surtout du théâtre et, presque aveugle, se retire vers 1950.

DORVILLE (Georges Henri Dodane, dit)

acteur français (Paris 1883 - Souillac 1941).

Sa carrière à l'écran ne dure pas plus d'une décennie. Comique troupier d'abord, il triomphe au music-hall et déride les foules dans de nombreuses opérettes en tirant parti d'un physique ingrat et d'une voix rauque. Pabst en fait le Sancho de son Don Quichotte (1933) et le retrouve dans le Drame de Shanghai (1938). Les personnages campés par Dorville sont à la fois pittoresques et véridiques, truculents et humains : Sans famille (M. Allégret, 1934), l'Affaire du courrier de Lyon (M. Lehmann et C. Autant-Lara, 1937), les Otages (R. Bernard, 1939), le Veau gras (S. de Poligny, 1939), l'Enfer des anges (Christian-Jaque, 1939), ou même comiques : Circonstances atténuantes (J. Boyer, id.).

DORZIAT (Gabrielle)

actrice française (Épernay 1880 - Biarritz 1979).

Cette actrice qui connaît la notoriété très tôt au théâtre n'aborde que tard le cinéma (un film muet : l'Infante à la rose, H. Houry, 1921). À partir de Mayerling (A. Litvak, 1936), elle tourne beaucoup, affirmant son autorité et la puissance de son jeu dans Courrier Sud (P. Billon, 1937), Mollenard (R. Siodmak, 1938), la Fin du jour (J. Duvivier, 1939). Femmes méchantes, aïeules aimables, créatures despotiques, elle peut tout jouer avec une précision remarquable et un talent rompu à la technique théâtrale : le Voyageur de la Toussaint (L. Daquin, 1943) ; le Baron fantôme (S. de Poligny, id.) ; Falbalas (J. Becker, 1945) ; les Parents terribles (J. Cocteau, 1949) ; Manon (H.-G. Clouzot, 1949) ; la Vérité sur Bébé Donge (H. Decoin, 1952). Sachant avec lucidité jusqu'où il lui est permis d'aller, elle imprime à ses rôles un mouvement vigoureux et triomphe d'un physique a priori peu photogénique.

DOUARINOU (Alain)

chef opérateur français (Saigon, Cochinchine, 1909 - Bretagne 1987).

D'abord assistant opérateur de Nicolas Hayer et de Christian Matras (dont il deviendra après guerre le collaborateur attitré), il « éclaire » son premier film en 1934, Cartouche (J. Daroy), puis fait partie de l'équipe des opérateurs bénévoles de La vie est à nous et de la Marseillaise, de Jean Renoir. Après une longue captivité, on le retrouve auprès de Louis Page et d'André Bac, sur le 6 Juin à l'aube, de Jean Grémillon (1946). Il devient par la suite un technicien apprécié : la Symphonie pastorale (J. Delannoy, 1946), Le silence est d'or (R. Clair, 1947), Fanfan la Tulipe (Christian-Jaque, 1952), Till l'Espiègle (G. Philipe, 1956), les Espions (H.-G. Clouzot, 1957), le Jeu de la vérité (R. Hossein, 1961) et surtout les quatre derniers films de Max Ophuls (la Ronde [1950], le Plaisir [1952], Madame de [1953], Lola Montès [1955]), cinéaste dont il admire la « ténacité » et le sens de l'improvisation, et qui lui a permis de réaliser quelques mouvements de caméra parmi les plus étonnants du cinéma français, notamment le grand mouvement à la grue autour de la Maison Tellier, dans le Plaisir.

DOUARINOU (Jean)

décorateur français (Cholon, Cochinchine, 1906).

Dessinateur publicitaire, il se tourne vers le cinéma en 1932 et, avec Cartouche (J. Daroy, 1934), signe son premier décor. Il a essentiellement collaboré à des films commerciaux où il ne put toujours donner la pleine mesure de son talent. Cependant, il a conçu les décors de quelques films esthétiquement intéressants : Un carnet de bal (J. Duvivier, 1937), la Vérité sur Bébé Donge (H. Decoin, 1952), Austerlitz (A. Gance, 1960), Cyrano et d'Artagnan (id., 1963).

DOUBLAGE.

Remplacement de la bande sonore originale d'un film par une autre bande, qui donne les dialogues dans une autre langue tout en s'efforçant de respecter les mouvements de lèvres des acteurs. Dans son sens le plus général, le doublage consiste à réenregistrer en studio les dialogues d'un film, en synchronisme avec les mouvements des acteurs et tout particulièrement les mouvements de leurs lèvres, de façon à procurer l'illusion que les paroles entendues sont celles réellement prononcées par les personnages filmés. Le son ainsi « plaqué » sur les images vient alors se substituer aux dialogues de la version originale du film. Plus spécifiquement, on parle de doublage quand il s'agit de diffuser le film dans les langues autres que la langue originale (la « version doublée » s'opposant ici à la « version originale ») et de postsynchronisation quand il s'agit de réenregistrer les dialogues, non utilisables du son direct, dans la langue originale du film.

Le doublage, au sens de changement de langue, découle du souci d'assurer à un film une large diffusion dans les pays étrangers, et notamment dans les pays peu alphabétisés, où la lecture des sous-titres est difficile ou impossible pour une grande partie du public.

Le problème ne se posait évidemment pas au temps du cinéma muet : on pouvait employer dans un film des comédiens de nationalités différentes. L'avènement du parlant, à la fin des années 20, créa une sorte de panique. On commença par tourner les films en plusieurs versions dotées chacune de sa distribution propre, les scènes étant tournées dans le même décor autant de fois qu'il y avait de versions. (Cf. Marius [A. Korda, 1931] ou le Testament du docteur Mabuse [F. Lang, 1933].) La méthode était longue et coûteuse. Dès que les progrès techniques le permirent, on recourut au doublage. (Chantons sous la pluie [S. Donen et G. Kelly, 1952] évoque bien cette période héroïque.) On fit aussi, parfois, des doublages « en direct », c'est-à-dire au moment même du tournage (Chantage d'Alfred Hitchcock, 1929), quand la distribution comportait un comédien (dans ce cas : une actrice) ne parlant pas la langue du film.