Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
R

ROLAND (Ruth)

actrice américaine (San Francisco, Ca., 1892 - Los Angeles, Ca., 1937).

Rivale de Pearl White pour le titre de « reine du serial », Ruth Roland monte sur les planches à quatre ans et entame sa carrière cinématographique à dix-neuf ans dans des courts métrages comiques de la Kalem. Un film d'aventures, The Girl Detective, où elle apparaît sous les traits d'une jeune fille sportive et intrépide, lui vaut son premier succès, et fixe durablement son image, qu'exploiteront une quinzaine de serials d'une grande popularité : The Red Circle (Sherwood MacDonald, 1915), The Neglected Wife (William Bertram, 1917), Hands Up (James W. Horne, 1918), The Adventures of Ruth (G. Marshall, 1919), The Tiger's Trail (Robert Ellis, Paul C. Hurst, 1919), Ruth of the Rockies (Marshall, 1920), The Avenging Arrow (William J. Bowman et W. S. Van Dyke, 1921), White Eagle (Van Dyke et Fred Jackman, 1922), The Timber Queen (Jackman, id.), Haunted Valley (Marshall, 1923), Ruth of the Range (Ernest C. Warde, 1923).

ROLAND-MANUEL (Roland Alexis Manuel Lévy, dit)

musicien français (Paris 1891 - id. 1966).

Élève de Roussel, lié avec Satie, Ravel, il applique à la musique de film son souci de la forme, de l'expressivité et de la mesure. Il a des rapports privilégiés avec Grémillon, qui accorde à la musique une part essentielle dans la bande sonore : la Petite Lise (1930), l'Étrange Monsieur Victor (1938), Remorques (1941), Lumière d'été (CO J. Prévert, 1943), Le ciel est à vous (1944), plus la supervision musicale du 6 Juin à l'aube (DOC , 1946). Il collabore avec Jean Wiener pour la Bandera (J. Duvivier, 1935), puis il signe les Inconnus dans la maison (H. Decoin, 1942), sa dernière partition importante pour le cinéma en dehors des précédentes.

ROLLAN (Henri Martine, dit Henri)

acteur français (Paris 1888 - id. 1967).

Le rôle d'Athos dans les Trois Mousquetaires (1921) et Vingt Ans après (1922) de Henri Diamant-Berger lui vaut une certaine popularité, confirmée par les Trois Masques (Henry Krauss, 1921) et Paris qui dort (R. Clair, 1923). Le parlant le confine dans le vieux répertoire boulevardier, où il joue les premiers rôles avec conscience : le Scandale (M. L'Herbier, 1934), Primerose (René Guissart, id.), la Tentation (Pierre Caron, 1936). Bien plus tard, il montre de l'humour dans Barbe-Bleue (Christian-Jaque, 1951) et Fanfan la Tulipe (id., 1952). À la Comédie-Française, il fut l'interprète favori des drames de Montherlant.

ROLLIN (Georges)

acteur français (Pont-à-Mousson 1912 - Paris 1964).

Après des débuts laborieux, il se spécialise dans les personnages de jeunes premiers exaltés (l'Embuscade, Fernand Rivers, 1939) ou de tendre voyou (Notre-Dame de la Mouise, Robert Péguy, 1941 ; le Dernier des six, G. Lacombe, id.). Becker lui offre deux rôles à contre-emploi dans Dernier Atout (1942) et Goupi Mains rouges (1943). Après Balzac (le Père Goriot, Robert Vernay, 1944), après Prévert (l'Arche de Noé, Henry Jaques, 1946), ses créations s'enlisent dans la médiocrité, mis à part les Casse-Pieds (J. Dréville et Noël-Noël, 1948) et Pleins feux sur l'assassin (G. Franju, 1961).

« ROLL'IT ! » ou « ROLL'EM ! ».

Équivalent anglais de « moteur ! ».

ROMÁN (Antonio Fernández García de Quevedo, dit Antonio)

cinéaste espagnol (Orense 1911 - Madrid 1989).

Il tourne des courts métrages, avant la guerre civile, et devient ensuite l'un des principaux artisans du cinéma franquiste, apprécié et récompensé aussi bien pour ses exaltations des valeurs officielles (Escuadrilla, 1941 ; Boda en el infierno, 1942 ; Los últimos de Filipinas, 1945) que pour sa plate illustration d'une tradition culturelle figée (La casa de la lluvia, 1943 ; Lola Montes, 1944 ; Fuenteovejuna, 1947 ; La vida encadenada, 1948 ; El amor brujo, 1949), avant de sombrer dans les productions commerciales plus anodines.

ROMAN (Ruth)

actrice américaine (Boston, Mass., 1924 - 1999).

Fille de forains, elle monte sur les planches durant ses études secondaires. Après avoir effectué plusieurs tournées, elle joue son premier rôle dans le serial Jungle Queen (Ray Taylor et Lewis Collins, 1945). L'éclosion du film noir lui vaut des emplois marquants : le Champion (M. Robson, 1949), Une incroyable histoire (T. Tetzlaff, id.) etl'Inconnu du Nord-Express (A. Hitchcock, 1951), qui épuisent rapidement les modestes ressources d'une personnalité hautaine et froide. Après un bref passage par la Warner (Dallas, ville frontière, S. Heisler, 1950) ; le Souffle sauvage, H. Fregonese, 1953), elle tourne son dernier grand rôle pour Anthony Mann (Je suis un aventurier, 1955) et travaille notamment avec Henry Hathaway (le Fond de la bouteille, 1956) et Nicholas Ray (Amère Victoire, 1957) avant de s'orienter vers la télévision.

ROMANCE (Pauline Ortmans, dite Viviane)

actrice française (Roubaix 1909 - Nice 1991).

Élue en 1930 Miss Paris, elle débute en 1931 à l'écran et, après avoir connu la figuration et les petits rôles (la Dame de chez Maxim's, A. Korda, 1933 ; Ciboulette, C. Autant-Lara, id.), trouve le succès dans le rôle d'une garce qui détruit la Belle Équipe (J. Duvivier, 1936) et, jusqu'en 1940, fait rayonner sur les écrans un charme sensuel très évident et une coquetterie ravageuse. À n'en pas douter, elle s'impose comme la vamp du cinéma français des années 30. Sa persévérance et son désir de bien faire lui permettent de s'imposer dans Naples au baiser de feu (A. Genina, 1937), l'Étrange Monsieur Victor (J. Grémillon, 1938), le Puritain (J. Musso, id.), Prisons de femmes (Roger Richebé, id.), le Joueur (G. Lamprecht et L. Daquin, id.), la Maison du Maltais (P. Chenal, id.), la Tradition de minuit (Richebé, 1939). L'ordre moral vichyssois entrave soudain sa carrière et, Carmen (Christian-Jaque, 1945 [1943]) mis à part, elle s'adapte mal à des rôles qui la guindent et la mettent en veilleuse (la Vénus aveugle, A. Gance, 1943 [ 1940] ; Feu sacré, M. Cloche, 1942), et son essai de scénariste est un échec (la Boîte aux rêves, Y. Allégret, 1945). La Libération lui apporte deux rôles où elle triomphe de nouveau : l'Affaire du collier de la reine (M. L'Herbier, 1946), Panique (Duvivier, 1947) ; elle s'égare ensuite définitivement dans des mélos médiocres : Maya (R. Bernard, 1949), Passion (G. Lampin, 1951), Au cœur de la Casbah (Pierre Cardinal, 1952). Son activité de productrice reste moins convaincante que ses réapparitions épisodiques dans Mélodie en sous-sol (H. Verneuil, 1963) et Nada (C. Chabrol, 1974). Avec Ginette Leclerc, elle a symbolisé la femme fatale, dont l'attrait physique bouleverse les hommes et oriente fâcheusement leur destin.