Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

COPIES. (suite)

L'usure des copies.

À force d'être projetées et manipulées, les copies d'exploitation subissent une usure, qui se manifeste de deux façons.

Le public remarque surtout les rayures. Les rayures proprement dites proviennent du frottement du film sur une aspérité fine, généralement créée par une accumulation, dans le couloir du projecteur, de poussières ou de particules arrachées à la pellicule. (La copie se charge d'électricité statique, qui attire les poussières ambiantes, soit par frottement contre les pièces fixes du projecteur, soit par frottement des spires entre elles.) La pluie est créée, lors du rembobinage, quand les spires du film «  jouent  » entre elles : les poussières provoquent une abrasion superficielle qui donne une impression de « pluie » dans l'image et qui élève le bruit de fond.

La copie subit par ailleurs des efforts mécaniques, particulièrement au niveau des perforations dans lesquelles s'engagent les dents qui « tirent » le film. Quand ces efforts excèdent la résistance du support, une petite déchirure (une « piqûre ») apparaît dans l'angle des perforations : pour peu que l'on n'y prenne garde, elle conduit rapidement à l'éclatement des perforations ou à la rupture du film. La copie devient alors improjetable. Si la partie endommagée est courte, on peut se contenter de l'éliminer : le spectateur perçoit alors un « saut » dans l'image et dans le son. Sinon, il faut la remplacer par une longueur équivalente de copie neuve.

La durée de vie d'une copie dépend énormément du soin qu'on en prend, de l'entretien du projecteur, etc. Dans des conditions d'exploitation correctes, une copie peut supporter plusieurs centaines de passages. Dans les meilleures conditions, on atteint environ deux mille passages.

Le traitement des copies.

On peut pratiquer deux types de traitements susceptibles d'allonger la durée de vie des copies.

Les traitements de prévention, pratiqués sur copies neuves ou sur copies rénovées, consistent généralement soit en un laquage, application sur la gélatine d'un vernis transparent qui la protège contre l'abrasion superficielle, soit en un tannage de la gélatine, qui durcit celle-ci et augmente donc sa résistance à l'abrasion. Aucun de ces traitements n'évite les rayures profondes.

Les traitements de rénovation permettent de remettre dans un état parfois très proche du neuf les copies modérément rayées. Ils consistent soit à polir le support, de façon à combler les rayures et à les rendre ainsi invisibles, soit à gonfler la gélatine, ce qui aboutit au même résultat.

Ces traitements n'empêchent ni l'éclatement des perforations (encore que certains traitements de prévention, en facilitant le glissement du film, réduisent ce risque) ni le vieillissement des colorants. ( conservation des films.)

Supports.

Jusque dans les années 50, le support des copies d'exploitation était en nitrate de cellulose, également appelé « film flamme » en raison de sa grande inflammabilité ( film). Progressivement, ce support a été remplacé par du triacétate de cellulose, très peu inflammable, appelé, par opposition, « support de sécurité ». Le support polyester, employé couramment depuis les années 80 comme support des films magnétiques perforés ( mixage), a été utilisé à partir des années 90 comme support des copies d'exploitation pour des raisons économiques et écologiques. Ses propriétés sont semblables à celles du triacétate quant à l'inflammabilité, mais il est beaucoup plus stable dimensionnellement et beaucoup plus résistant mécaniquement, notamment à la déchirure, ce qui présente un intérêt pour les copies (détérioration des perforations). Il sera probablement, à terme, le support de tous les films cinématographiques. Il n'existe pas de solvant pour ce produit et il n'est donc pas possible de le « rénover » par repolissage. De même, il ne peut être collé à la colle mais peut l'être par collage à chaud (ultrasons) ou à l'adhésif ( collage).

Les films intermédiaires.

Chaque copie est obtenue en faisant défiler simultanément dans la tireuse le négatif et le film de copie. Or, le négatif est évidemment très précieux. Les copies sont donc le plus souvent tirées en fait à partir d'un internégatif, contretype du négatif original, lequel peut ainsi être conservé en sécurité.

En noir et blanc comme en couleurs, il existe deux façons de parvenir à cet internégatif. On peut passer par un positif intermédiaire (également appelé « interpositif », ou encore « master » dans le cas de la couleur), tiré spécialement à fin de contretypage et à partir duquel on tire dans une seconde étape l'internégatif. (Autrefois, les intermédiaires noir et blanc étaient appelés « marron » ou « lavande », car leurs supports étaient alors teintés dans ces couleurs, pour des raisons visant à améliorer la qualité de l'image finale). On peut aussi obtenir directement l'internégatif par emploi d'un film intermédiaire inversible. La seconde méthode est plus rapide, plus économique, et elle limite quelque peu les pertes de qualité qui apparaissent inévitablement à chaque report de l'image. La première méthode a l'avantage de fournir, avec le positif intermédiaire, une « sécurité » supplémentaire. (On appelle « sécurité » tout contretype permettant de préserver l'original.)

Si l'original est un positif (film de prise de vues inversible, ou bien copie positive quand le négatif a disparu), la démarche normale, en cinéma professionnel, consiste à en tirer un négatif, de façon à retrouver la filière de tirage classique.

COPLAND (Aaron)

musicien américain (New York, N. Y., 1900 - North Tarrytown, N. Y., 1990).

Il est déjà célèbre pour ses œuvres de concert quand le cinéma l'appelle en 1939. Ses contributions sont rares, sans doute à cause d'un refus radical d'« hollywoodiser » son travail : sa musique, discrète, est souvent complexe et n'utilise pratiquement pas de leitmotiv. Une telle attitude était très neuve en 1940 pour Des souris et des hommes (L. Milestone) ; elle l'était encore en 1961, lors de sa remarquable partition pour Au bout de la nuit (J. Garfein). Ses meilleurs travaux restent le Poney rouge (Milestone, 1949), le plus populaire, et l'Héritière (W. Wyler, id.), où sa musique, toujours à l'arrière-plan, ne laisse pas d'être sinueuse et obsédante, et lui vaut un Academy Award.