Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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COSTA-GAVRAS (Konstantinos Gavras, dit) (suite)

À l'exception de son premier film et de Clair de femme, l'œuvre de Costa-Gavras est en effet placée tout entière sous le signe d'un engagement politique, que le réalisateur tente de faire partager avec des moyens parfois si simples qu'ils en deviennent parfois superficiels. La réalité dépeinte propose la plupart du temps un univers manichéen partagé entre les bons et les méchants. Les moyens cinématographiques utilisés correspondent à cette vision simplifiée, ne recourant qu'aux procédés les plus aptes à réveiller chez le spectateur un certain nombre de réactions et de sentiments nobles, tels que la justice et l'indignation. En 1969, à l'époque du succès inouï de Z, cette conception d'un cinéma politique aux charmes exotiques simples, et dont la mécanique était plus proche du jeu des gendarmes et des voleurs que d'une analyse sérieuse, rendant compte des réalités sociales et politiques dans leur complexité, avait la faveur d'un large public que rebutaient encore les travaux d'un Francesco Rosi. Les complications sentimentales dans Hanna K. (1983) ne se révèlent pas davantage en mesure de traduire les rapports israélo-palestiniens. Le succès public de Missing (à la structure filmique plus complexe) montra pourtant que l'humanisme sincère et généreux de Costa-Gavras peut toucher ceux qu'une démonstration politico-économique plus aride découragerait sans aucun doute.

Il tourne en 1985 Conseil de famille, comédie policière, et en 1988 un thriller politique, portrait sans complaisance d'une certaine Amérique, celle des organisations paramilitaires, néofascistes et racistes : la Main droite du diable (Betrayed). En 1990 Costa-Gavras, avec un sens inné du rythme narratif, mais sans moralisation excessive, s'attache dans Music Box (Ours d'or à Berlin) au problème des anciens nazis et criminels de guerre : exilés en Amérique, ils se retrouvent à leur propre étonnement rattrapés par leur passé et confrontés à celui-ci. Mais la Petite Apocalypse (1993), adaptation de l'œuvre de T. Konwicki, ne parvient pas à rencontrer son public, auquel semble échapper le sens d'une fable sarcastique sur l'engagement politico-mondain d'une certaine classe bourgeoise. En 1997 il tourne Mad City aux États-Unis et en 2001 il tourne en Roumanie le Vicaire, adapté de la pièce de l'Allemand Rolf Hochhuth sur l'attitude du Vatican pendant la Seconde Guerre mondiale. ▲

COSTA RICA.

Les premières projections publiques auraient eu lieu à San José, la capitale, en 1903. Dès 1909, on annonce des vues locales. Amando Céspedes Marín filme des actualités régulières en 1913. L'exploitation se développe en même temps que la pénétration des compagnies hollywoodiennes, notamment après l'arrivée du parlant. La production reste quasi inexistante. Le premier film, El Retorno (Romulo Bertoni), date de 1926. Les habitants ou les paysages furent parfois utilisés soit par la 20th Century Fox (Carnival in Costa Rica, Gregory Ratoff*, 1947), soit par des entreprises multinationales (Así es Costa Rica, Leo Anibal Rubens, 1954). Un concours de vedettes organisé par la radio aboutit à la réalisation de Elvira (Alfonso Patiño Gómez, 1954). Un dilettante, Alberto de Goyen, tourne Atardecer de un fauno (1955), d'après Debussy. Le Costa Rica est le dernier pays d'Amérique centrale à s'être équipé en télévision (1960). Le département du cinéma du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, créé en 1973, commence une production régulière de documentaires diffusés à l'antenne (une cinquantaine en cinq ans). Malgré le caractère pédagogique ou de propagande de la plupart d'entre eux, un constat des réalités nationales perce à l'occasion, au point de provoquer l'interdiction de Costa Rica : Banana Republic (Ingo Niehaus, 1976). Les longs métrages de fiction sont rares (Eulalia, Oscar Castillo, 1987).

Quelques superproductions internationales ont été tournées dans le pays : El Dorado (C. Saura, 1988), 1492 (R. Scott, 1992).

COSTELLO (Dolores)

actrice américaine (Pittsburgh, Pa., 1905 - Fallbrook, Ca., 1979).

Sous l'égide de son père, Maurice Costello, elle débute au cinéma, à la Vitagraph, avec sa sœur Hélène dans des rôles de petite fille. Elle tourne plusieurs films dès 1923, mais connaît une brusque célébrité quand elle est choisie comme partenaire par John Barrymore (qui l'épousera en 1928) dans The Sea Beast (M. Webb, 1925), première et romantique adaptation de Moby Dick. Elle apparaît ensuite dans plusieurs films, notamment dans des adaptations d'œuvres littéraires comme le Roman de Manon (When a Man Loves, 1926, d'après Manon Lescaut), des mélodrames comme Old San Francisco (A. Crosland, 1927) ou des spectacles bibliques comme l'Arche de Noé (M. Curtiz, 1929) ou encore des reconstitutions romantiques et historiques (Lady Hamilton, F. Lloyd, id.). Après une pause entre 1931 et 1935, elle revient dans les studios en 1936 après s'être séparée de John Barrymore : le Petit Lord Fauntleroy (J. Cromwell, 1936) ; la Splendeur des Amberson (O. Welles, 1942).

COSTELLO (Maurice)

acteur et cinéaste américain (Pittsburgh, Pa., 1877 - Hollywood, Ca., 1950).

Acteur de théâtre célèbre, il est, au cours des années 10, une des idoles masculines de l'écran aux États-Unis. Après un passage chez Edison, il travaille à la Vitagraph, obtient un accueil triomphal dans A Tale of Two Cities (J.S. Blackton, 1911, où il a pour partenaire Norma Talmage) et poursuit une carrière heureuse pendant toute la période du cinéma muet. Au faîte de sa popularité, il fut surnommé « The Dimpled Darling » (en raison d'une fossette probablement très attractive).

COSTNER (Kevin)

acteur et cinéaste américain (Lynwood, Ca., 1955).

Il débute à l'écran en 1981 dans Shadows Run Back d'Howard Heard puis se voit offrir une suite de petits rôles qui ne mettent pas réellement en valeur son talent : Sizzle Beach USA (Richard Brander, 1981), Chasing Dreams (Sean Roche et Therese Conte, id.), Frances (Graeme Clifford, 1982), Night Shift (Ron Howard, id.), les Copains d'abord (L. Kasdan, id.), Table for Five (Robert Lieberman, 1983), Stacy‘s Knights (Jim Wilson, id.), Testament (Lynne Littman, id.), The Gunrunner (Nardo Castillo, id.), Une bringue d'enfer (Fandango, Kevin Reynolds, 1984). C'est Lawrence Kasdan dans Silverado (1985) qui lui offre sa vraie première chance. Il la saisit et s'impose dès lors comme un des jeunes acteurs d'Hollywood les plus racés. Il tourne ensuite American Flyers (John Badham, id.), Histoires fantastiques (épis. la Mission, S. Spielberg, 1986), les Incorruptibles (B. De Palma, 1987), Sens unique (No Way Out, Roger Donaldson, id.), Duo à trois (Bull Durham, Ron Shelton, 1988), Jusqu'au bout du rêve (Field of Dreams, Phil Alden Robinson, 1989), Revenge (Tony Scott, 1990). Passé à la mise en scène, son premier essai Danse avec les loups (Dances With Wolves, id.) s'avère un coup de maître. Il ressuscite un genre qui agonisait et remporte un succès international aussi probant qu'inattendu. L'acteur (il s'était donné le rôle principal dans son propre film) s'impose à nouveau dans Robin des Bois, Prince des Voleurs (Robin Hood, the Prince of Thieves) de K. Reynolds. JFK (O. Stone, 1991) achève de faire de lui une icône cinématographique, un peu à la manière de Gary Cooper ou de Henry Fonda. Un faux-pas artistique (mais une réussite commerciale) comme Bodyguard (Mick Jackson, 1992) ne lui fait guère de mal car Clint Eastwood l'utilise immédiatement après, lui aussi, comme un emblème, mauvais garçon au cœur tendre, dans Un monde parfait (1993). Lawrence Kasdan a certainement le même but quand il lui confie le rôle mythique de Wyatt Earp (1994), déjà interprété par tant d'autres acteurs prestigieux avant lui. En 1995, il est l'acteur principal de Waterworld de Kevin Reynolds, une superproduction qui ne rencontre pas l'aval du public. Il en sera de même pour Tin Cup (id., Ron Shelton, 1996) et pour l'étrange et naïf Postman (The Postman, 1997) qu'il réalise.