Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
V

VISTAVISION.

Procédé de prise de vues, apparu, en 1954, avec Noël blanc (M. Curtiz), destiné à fournir une image négative de grande taille, donc de grande qualité. La pellicule 35 mm défilait horizontalement dans la caméra, avançant de 8 perforations par image comme en photographie 24 × 36 ; après réduction en laboratoire de la taille de l'image, les films Vistavision étaient projetés en copies à défilement vertical traditionnel, le plus souvent au format 1,85 × 1. Le procédé disparut dans les années 60, lorsque les progrès techniques permirent d'obtenir sur caméra traditionnelle une image de qualité comparable. Les caméras Vistavision demeurèrent employées pour le procédé Technirama, elles sont encore employées quelquefois pour la réalisation d'effets spéciaux. ( aussi FORMAT.)

VITAGRAPH.

Société de production américaine fondée à New York en 1896 par James Stuart Blackton et Albert E. Smith. Après avoir tourné quelques petits documentaires et des « actualités reconstituées », les deux pionniers mettent en scène un film de fiction dès 1897 (The Burglar on the Roof), dont l'action se déroule dans un studio construit sur le sommet du Morse Building, au 140 Nassau Street. Très entreprenante, la Vitagraph ouvre un nouveau studio à Flatbush (Brooklyn) en 1906, puis un troisième en 1913 en Californie. Elle inaugure très rapidement une politique artistique basée sur le star-system. Aux côtés de Florence Turner (la « Vitagraph Girl ») évoluent Norma Talmadge, Anita Stewart, Clara Kimball Young, Maurice Costello, John Bunny et, un peu plus tard, Rudolph Valentino et Adolphe Menjou. La loi antitrust qui condamne la plupart des sociétés appartenant à la Motion Picture Patent's Company à se dissoudre n'aura pas d'effets immédiats sur la Vitagraph, qui prospérera jusqu'en 1925, date à laquelle elle est vendue à la Warner Bros.

VITOLD (Mikhaïl Sajanov, dit Michel)

acteur français d'origine russe (Kharkov 1915 - Clamart 1994).

Il passe avec talent des rôles de Slave fantaisiste (Entrée des artistes, M. Allégret, 1938 ; la Nuit fantastique, M. L'Herbier, 1942) à des compositions plus inquiétantes qu'il crayonne avec le même bonheur (Madame et le mort, L. Daquin, 1943 ; le Testament du docteur Cordelier, J. Renoir, 1961 ; Judex, G. Franju, 1964 ; l'Aveu, Costa-Gavras, 1970). Cependant, le théâtre le retient avec bonheur, et ses contributions au cinéma deviennent rares : la Nuit de Varennes (E. Scola, 1982), les Matins chagrins (Jean-Pierre Gallepe, 1989), la Joie de vivre (Roger Guillot, 1993). Comédien intelligent, il évite autant que possible les pièges que lui tendent son physique tourmenté, sa diction mordante et le folklore russe tant exploité par le cinéma français.

VITROTTI (Giovanni)

chef opérateur italien (Turin 1882 - id. 1966).

D'abord photographe, Vitrotti se consacre au cinéma à partir de 1905 et fait preuve d'une activité inlassable. Alternant documentaires et films de fiction, il travaille surtout avec Luigi Maggi et Mario Caserini. Il accomplit trois séjours en Russie (en 1909 et 1911) et photographie notamment des réalisations de Jacob Protazanov. Au début des années 20, il part pour l'Allemagne et s'y fixe pendant une dizaine d'années, séjour entrecoupé de voyages en Pologne ou de retours en Italie (en 1926, il est un des chefs opérateurs des Derniers Jours de Pompéi de Palermi et Gallone). L'arrivée du parlant ralentit son activité, mais il signe encore l'image de longs métrages de Palermi, Righelli, Bonnard, Elter, Poggioli, etc. Chef opérateur de plus de quatre cents films (sans compter les documentaires), Vitrotti est un des grands cameramen du muet. À l'aise dans tous les types d'éclairage, il doit surtout sa réputation au caractère naturel de sa photographie.

VITTI (Maria Luisa Ceciarelli, dite Monica)

actrice italienne (Rome 1931).

Élève à l'Académie d'art dramatique, elle débute au théâtre par des tournées et dans des revues à petit spectacle (« reviste da camera »). En 1955, elle apparaît dans Ridere, ridere, ridere (A. Bonnucci) et Le dritte (M. Amendola, 1958). Puis c'est la rencontre avec Michelangelo Antonioni, qui en fait une vedette dans sa tétralogie : L'avventura (1960), la Nuit (1961), où elle n'a pourtant que le second rôle, l'Éclipse (1962) et le Désert rouge (1964). Cette célébrité, pleinement justifiée, est due au cinéaste qui a totalement transformé une actrice de comédie, voire de comédie légère, en interprète de ses interrogations sur la femme moderne (son sentiment de l'absurde, de l'incommunicabilité) ; Monica Vitti devient ainsi, surtout dans le Désert rouge, un symbole de l'ennui et de l'angoisse, et vouée à un jeu statique. L'actrice ne tarde pas à reprendre le dessus, consacrant son professionnalisme, après sa subtile autoparodie dans un épisode du film Haute Infidélité (L. Salce, 1964, la Femme qui soupire), à l'exploitation de sa veine comique, qui s'étend du grotesque au satirique en passant par l'acidité brillante. Ces dernières années ont montré les limites de son talent dans des interprétations trop schématisées, mais elle a été l'excellente partenaire d'Alberto Sordi dans Poussière d'étoile (1973) et a fait preuve tour à tour d'émotion et de fantaisie dans Moi la femme (Dino Risi, 1971), où elle joue une dizaine de rôles successifs. Consacrant de plus en plus de temps au théâtre (Drôle de couple de Neil Simon en 1986 ; Prima pagina [The Front Page] de Ben Hecht et MacArthur en 1988) et à la télévision, elle réalise cependant en 1990 son premier film Scandale secret (Scandalo secreto) dont elle est également la principale protagoniste.

Autres films :

les Quatre Vérités (sketch le Lièvre et la Tortue, A. Blasetti, 1962) ; Modesty Blaise (J. Losey, 1966) ; la Fille au pistolet (M. Monicelli, 1968) ; la Femme écarlate (J. Valère, id.) ; Drame de la jalousie (E. Scola, 1970) ; Nini Tire-bouchon (M. Fondato, id.) ; Une Tosca pas comme les autres (L. Magni, 1973) ; Teresa la Ladra (C. Di Palma, id.) ; Amori miei (Steno, 1978) ; Il tango della gelosia (id., 1980) ; le Mystère d'Oberwald (Antonioni, id.) ; Camera d'albergo (Monicelli, id.) ; Io so che tu sai io so (A. Sordi, 1982) ; Flirt (Roberto Russo, 1983) ; Francesca è mia (id., 1986).