Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
Q

QUAYLE (sir Anthony)

acteur britannique (Ainsdale 1913 - Londres 1989).

Ancien de l'Old Vic, il apparaît à l'écran dans le rôle de Marcellus que lui confie Laurence Olivier pour son adaptation d'Hamlet (1948). Acteur de composition, il accepte les rôles les plus variés. Il est l'avocat du Faux Coupable (A. Hitchcock, 1957), le mari velléitaire de la Femme en robe de chambre (J. Lee Thompson, id.), l'espion allemand du Désert de la peur (id., 1958), le chef d'expédition des Canons de Navarone (id., 1961), le secrétaire du roi Fayçal de Lawrence d'Arabie (D. Lean, 1962), l'agent de la Gestapo d'Opération Crossbow (M. Anderson, 1965), le diplomate veuf de l'Incompris (L. Comencini, 1967), le cardinal Wolsey d'Anne des mille jours (Ch. Jarrott, 1969), le roi de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (W. Allen, 1972). On l'a également vu dans deux films fantastiques inspirés de l'univers de Conan Doyle. Il est le directeur d'asile d'aliénés dans Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur (A Study in Terror, J. Hill, 1965) et le chef de la police dans Meurtre par décret (Murder by Decree, Bob Clark, 1978). Il est anobli en 1985 et interprète le rôle du « vieux monsieur distingué » de la Légende du Saint Buveur de Ermanno Olmi en 1988.

QUEREJETA (Elías)

producteur espagnol (Hernani, Guipúzcoa, 1935).

Les courts métrages qu'il réalise (en collaboration avec Antonio Eceiza) rappellent ses origines : le pays basque (A través de San Sebastián, 1959) et le football (A través del fútbol, 1962) ; il est aussi le coscénariste de Los inocentes (J. A. Bardem, 1962). Après avoir connu les premières tentatives d'une production indépendante, il saisit les nouvelles dispositions (allégement de la censure et de la fiscalité, crédits) et produit lui-même Noches de verano (Jorge Grau, 1963). Il devient le seul producteur en symbiose avec la génération du nuevo cine à maintenir une continuité (malgré l'échec d'une de ses premières coproductions internationales : la Lettre écarlate, W. Wenders, 1972). Son flair et son goût pour un cinéma moderne et de qualité sont récompensés par de nombreux prix internationaux, qui consolident son prestige en Espagne. Il favorise les débuts de plusieurs réalisateurs de talent : Carlos Saura (son partenaire privilégié à partir de la Chasse, 1965), Victor Erice (l'Esprit de la ruche, 1973), Manuel Gutiérrez Aragón (Habla mudita, 1973), Jaime Chávarri (El desencanto, 1976), Ricardo Franco (Pascual Duarte, 1976), Emilio Martínez Lázaro (Las palabras de Max, 1978), Montxo Armendáriz (Tasio, 1984) et sa propre fille Gracia Querejeta (Una estación de paso, 1992). Il s'attache quelques collaborateurs réguliers : Luis Cuadrado, puis Teodoro Escamilla à la photographie, Luis de Pablo à la musique, Primitivo Alvaro à la direction de production, Pablo G. del Amo au montage. Il participe parfois à l'écriture des scénarios.

QUILICI (Folco)

cinéaste italien (Ferrare 1930).

Fils du journaliste Nello Quilici, documentariste amateur (Pinne e arpioni, CM, 1952), il obtient le diplôme de réalisateur au Centro sperimentale de Rome et, en 1954, dirige son premier long métrage le Sixième Continent (Sesto continente), documentaire spectaculaire et scientifique sur la vie sous-marine qui obtient un grand succès. Il collabore ensuite avec Gian Gaspare Napolitano à la réalisation de Tam tam Mayumbe (1955), un film d'aventures tropicales. Il dédie aux îles polynésiennes trois fresques documentaires avec prétextes fictionnels : L'ultimo paradiso (1957), Ti-Kojo e il suo pescecane (1962), Oceano (1971). Ce sont des œuvres au lyrisme un peu emphatique qui expriment un amour très sincère pour la nature vierge. Son talent de cinéaste s'affirme dans d'autres reportages exotiques (Le schiave esistono ancora, 1964, CO Roberto Malenotti ; Il dio sotto la pelle, 1974 ; Fratello mare, 1975) et dans une longue et populaire série d'émissions ethnographiques pour la télévision.

QUIMBY (Fred)

producteur américain (1886 - Santa Monica, Ca., 1965).

Comme beaucoup de producteurs de sa génération, Fred Quimby est d'abord exploitant de salle. Entré à la MGM comme producteur exécutif chargé des courts métrages, il prend en 1926 la direction du service animation du studio, poste qu'il occupe jusqu'en 1955. Il semble que Quimby n'ait été qu'un (excellent) administrateur, mais qu'il n'ait pas eu vraiment d'intérêt particulier pour la spécialisation qui était la sienne. Cependant, on ne peut nier la grande qualité de la production de dessins animés à la MGM pendant son administration : on y inventa Tom et Jerry et on permit surtout à Tex Avery de faire à peu près ce qu'il voulait pendant que les plus conventionnels Hanna et Barbera s'occupaient de glaner les Oscars pour des films au graphisme joliment arrondi et à l'humour parfois acide. En 1955, ce furent eux qui succédèrent à Quimby à la tête du département d'animation, sans susciter une créativité que Quimby avait laissé s'épancher.

QUINE (Richard)

cinéaste américain (Detroit, Mich., 1920 - Los Angeles, Ca., 1989).

Enfant de la balle, il monte sur scène à l'âge de onze ans. De 1933 à 1950, il joue, chante et danse dans nombre de comédies musicales (Débuts à Broadway, B. Berkeley, 1941, la première version de My Sister Eileen, A. Hall, 1942). Après un essai, coréalisé avec William Asher (Leather Gloves, 1948), il fait ses classes à la Columbia en équipe avec Blake Edwards (chacun participant à l'écriture des projets de l'autre) sur des films à petit budget, le plus souvent musicaux, interprétés par Frankie Laine, Dick Haymes ou Mickey Rooney. En 1954, il affirme un ton personnel dans deux films noirs, Drive a Crooked Road et surtout Du plomb pour l'inspecteur (Pushover, id.), où il prend le contrepied d'Assurance sur la mort (B. Wilder, 1944) en magnifiant l'héroïne (la débutante Kim Novak). Joyau du musical, Ma sœur est du tonnerre (My Sister Eileen, 1955) doit sa réussite à une parfaite intégration des chansons et ballets (chorégraphiés par Bob Fosse) dans l'intrigue. Souvent proportionnelle à la beauté de ses interprètes féminines, l'inspiration du cinéaste s'égare un temps dans la satire des mœurs américaines (Une Cadillac en or massif [The Solid Gold Cadillac], en 1956, et Pleine de vie [Full of Life], en 1957 avec Judy Holliday) avant de s'épanouir, Kim Novak aidant, dans la romance ensorcelée de l'Adorable Voisin (Bell, Book and Candle, 1958) ou l'adultère mélancolique de Liaisons secrètes (Strangers When We Meet, 1960), poignante rêverie sur l'échec du « rêve américain ». Élégance et tendresse font aussi le prix d'un mélodrame tel que le Monde de Suzie Wong (The World of Suzie Wong, id.). Au cours des années 60, sous l'influence du producteur-scénariste George Axelrod, Quine s'essaie au « slapstick » et au « nonsense » dans des comédies brillantes et sophistiquées (Deux Têtes folles [Paris When It Sizzles], 1964, et Comment tuer votre femme [How to Murder Your Wife], 1965). L'échec de Synanon (1964), projet personnel, témoigne des difficultés du cinéaste à s'adapter au nouvel Hollywood (« La création, aimait-il à dire, consiste dans l'exécution, non dans le thème »). Depuis, au cinéma comme à la télévision, malgré les beautés éparses de Hôtel Saint-Gregory (Hotel, 1967) et de la Guerre des Bootleggers (The Moonshine War, 1970), sa carrière s'est enlisée dans des besognes indignes de son talent.