Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TROTTI (Lamar)

scénariste et producteur américain (Atlanta, Ca., 1900 - Oceanside, Ca., 1952).

Journaliste à 21 ans, il travaille successivement comme reporter, chroniqueur et rédacteur en chef, puis entre au Motion Picture Monthly, organe officiel de la MPPDA pour la côte est. Il s'installe à Hollywood en 1932 et inaugure sa carrière de scénariste avec Dudley Nichols sur The Man Who Dared (Hamilton MacFadden, 1933). Entré quelques mois plus tard à la Fox, il y mènera une longue et prestigieuse carrière, et fournira à cette firme des scénarios solidement charpentés, imprégnés d'un profond respect pour les valeurs américaines traditionnelles. Collaborateur assidu de John Ford (Judge Priest, 1934 ; Steamboat‘ Round the Bend, 1935 ; Vers sa destinée, 1939 ; Sur la piste des Mohawks, id.), Henry King (l'Incendie de Chicago, 1938 ; la Folle Parade, id. ; Wilson, 1944 ; I'd Climb the Highest Mountain, 1951) et William A. Wellman (l'Étrange Incident, 1943 ; la Ville abandonnée, 1948), on lui doit aussi les scénarios de divers films biographiques (Et la parole fut [The Story of Alexander Graham Bell], Irving Cummings, 1939 ; Brigham Young-Frontiersman, H. Hathaway, 1940) et, vers la fin de sa carrière, ceux de plusieurs comédies musicales. De 1942 à 1952, il a également produit une quinzaine de ses scénarios.

TROVAJOLI (Armando)

musicien italien (Rome 1917).

Diplômé de piano à l'Accademia de Santa Cecilia, il s'affirme comme compositeur, arrangeur de jazz, chef d'orchestre et concertiste. Dès 1952, il se lance dans une prolifique activité au cinéma, où il travaille dans tous les genres, tout en se spécialisant dans la comédie. Ses mélodies ironiques et ses chansons saisissent l'air du temps à l'unisson avec l'inspiration sociologique de Dino Risi ou de Ettore Scola, ses deux réalisateurs d'élection ; ses rythmes harmonieux proches d'un style jazzique expriment un bonheur créatif constant. Parmi ses meilleures partitions de films, citons celles de : Traite des blanches (L. Comencini, 1952), les Infidèles (Steno et M. Monicelli, 1953), Deux Nuits avec Cléopâtre (M. Mattoli, id.), Il vedovo (D. Risi, 1959), Les temps sont durs pour les vampires (Steno, 1959), La ciociara (V. De Sica, 1960), A porte chiuse (Risi, 1961), l'Esclave de Rome (S. Grieco, id.), le Souteneur (U. Tognazzi, id.), Totò, Peppino e la dolce vita (S. Corbucci, id.), Maciste, l'homme le plus fort du monde (Maciste l'uomo più forte del mondo, Antonio Leonviola, id. );le sketch La riffa (De Sica) de Boccace 70 (1962), les Monstres (Risi, 1963), Hier, aujourd'hui et demain (De Sica, id. — où il apparaît comme acteur), Il giovedi (Risi, 1964), Il gaucho (id., id.), Parlons Femmes (E. Scola, id.), le Cocu magnifique (A. Pietrangeli, id.), Marcher ou mourir (G. De Santis, id.), Mariage à l'italienne (De Sica, id.), les Poupées (D. Risi, L. Comencini, F. Rossi, M. Bolognini, 1965), Casanova 70 (M. Monicelli, id.), Sept Hommes en or (M. Vicario, id.), Opération San Gennaro (Risi, 1966), Don Giovanni in Sicilia (A. Lattuada, 1967), les Longs Jours de la vengeance (F. Vancini, id.), l'Amour à cheval (P. F. Campanile, 1968), Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers (Risi, id.), Drame de la jalousie (Scola, 1970), la Femme du prêtre (Risi, id.), Sexe fou (id., 1973), Parfum de femme (id., 1974), Nous nous sommes tant aimés (Scola, id.), Une journée particulière (id., 1977 — pour lequel il reçoit le Nastro d'Argento), la Chambre de l'évêque (Risi, id.), la Terrasse (Scola, 1979), Passion d'amour (id., 1981), la Nuit de Varennes (id., 1982), la Famille (id., 1987) ; Splendor (id., 1988) ; Quelle heure est-il (id., 1989), Romanzo di un giovane povero (id., 1995), Giovani e belli (D. Risi, 1996), Marcello Mastroianni : Mi ricordo, sì, io mi ricordo (A.M. Tatò, 1997), le Dîner (E. Scola, 1998), Concorrenza sleale (id., 2001). Il épousa l'actrice Anna-Maria Pierangeli, décédée en 1971.

TRUCA.

Nom de marque d'une tireuse optique due à A. De Brie. ( EFFETS SPÉCIAUX.)

TRUCAGE (sans doute d'après truc).

Graphie courante pour truquage.

TRUCCATORE.

Mot italien (faux ami) pour maquilleur.

TRUEBA (Fernando Rodríguez Trueba, dit Fernando)

cinéaste espagnol (Madrid 1955).

Critique et cinéphile, fondateur de la revue Casablanca, il débute avec une comédie assez perméable à l'air du temps, Cousine, je t'aime (Opera prima, 1980). Cependant, il a du mal à trouver ses marques entre le vaudeville (Sé infiel y no mires con quién, 1985) et le polar (El sue~no del mono loco, 1989). Avec le scénariste Rafael Azcona, il tourne El ãno de las luces (1986) et surtout Belle Époque (1992), dont l'érotisme séduit l'Académie de Hollywood et vaut à l'Espagne son deuxième Oscar en dix ans. Depuis, il a signé Two Much (E.U., 1995), La ni~na de tus ojos (1998) et le documentaire Calle 54 (2000).

TRUFFAUT (François)

cinéaste français (Paris 1932 - Neuilly-sur-Seine 1984).

Le cinéma ayant été le compagnon véritable d'une enfance solitaire, François Truffaut, guidé par André Bazin, est devenu critique de cinéma. D'abord aux Cahiers du cinéma, puis à Arts, son enthousiasme un peu provocateur, sa jubilation à polémiquer contre un cinéma français en léthargie, sa manière d'écrire à la fois claire et passionnée, tout cela a fait de lui un des critiques les plus tonifiants et les plus justes des années 50.

Succédant à un moyen métrage original, les Mistons (1958), son premier long métrage fait l'effet d'une bombe. Truffaut avait conspué le cinéma en place, voici qu'il a l'audace de venir briguer les lauriers cannois avec les Quatre Cents Coups (1959). Ce reproche d'« ôte-toi de là que je m'y mette », Truffaut le traîna comme un boulet, d'autant qu'après la relative nouveauté des Quatre Cents Coups et le ton résolument novateur de Tirez sur le pianiste (1960) le cinéaste se glisse dans le moule d'un cinéma traditionnel qu'il avait mis au pilori. Mais tout cela est peut-être le fait d'un malentendu, dans la mesure où Truffaut-critique défendait un cinéma résolument classique, celui de Renoir, de Guitry, de Hitchcock ou de Hawks ; ce qu'il fustigeait, ce n'était pas la tradition mais la médiocrité. De plus, les Quatre Cents Coups se voulait un film proche à la fois du néoréalisme et d'un certain cinéma français des années 30, gourmand de silhouettes pittoresques, de dialogues colorés et de digressions dramaturgiques. Un cinéma que Renoir a porté à son apogée. Certes, Tirez sur le pianiste tenait un tout autre discours, peu conforme à quelque modèle que ce soit. Un extrême auquel le prudent Truffaut n'aura plus recours. Désormais, il optera (à l'exception de l'Enfant sauvage) pour des situations, une écriture et des acteurs auxquels le public est habitué. Dans ce cadre préexistant, il se contentera d'un subtil, mais radical décalage, qui sera sa véritable marque de fabrique. Rien de surprenant dans cette attitude : ce cadre solide lui permet de porter toute son attention aux acteurs et à leurs personnages. Et pour Truffaut cela semble de plus en plus essentiel.