Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CELI (Adolfo)

acteur et cinéaste italien (Messine 1922 - Sienne 1986).

Metteur en scène de théâtre, il joue aussi dans quelques films, dont Un americano in vacanza (L. Zampa, 1945) et De nouveaux hommes sont nés (L. Comencini, 1949). Puis il émigre au Brésil, où il met en scène plusieurs pièces et deux films : Caiçara (1950) et Tico-tico no fubá (1952). Il redevient célèbre en Europe avec des rôles créés pour son physique imposant : l'Homme de Rio (Ph. de Broca, 1963), Opération Tonnerre (T. Young, 1965), E venne un uomo (E. Olmi, id.). Il tourne dans quelque 70 films. Il dirige et interprète l'Alibi (1969), avec Vittorio Gassman et Luciano Lucignani, comédie amère qui reconstruit les étapes de sa vie.

CELLULE.

Abréviation courante de « cellule photoélectrique ». Synonyme familier de « posemètre », parfois de « spotmètre » ou « luminancemètre ». Cellule de lecture ou cellule, sur un projecteur, élément qui traduit les variations de la piste sonore analogique en signal électrique ( PISTE SONORE).

CELLULO.

Feuille de Celluloïd transparent employée pour le tracé des dessins d'un dessin animé.

CENSURE.

Dans son sens communément entendu dans les pays démocratiques, en matière cinématographique, ce mot recouvre le plus souvent le contrôle d'une œuvre cinématographique créée mais non encore exploitée, exercé par un groupe d'individus réunis en commission au nom de l'État ou de la profession afin d'en autoriser ou interdire la projection publique, totale ou partielle. Le législateur justifie cette mesure restrictive de la liberté d'expression par la protection de catégories de la population. La censure cinématographique serait donc une forme d'autodéfense de la société qui naîtrait de la prise en considération, éventuellement amplifiée, des effets dommageables pour l'individu ou l'ordre public de la projection de certains films.

Deux graves déviations de la censure peuvent apparaître : l'inadéquation, provenant de la volonté de protéger par une mesure unique les intérêts multiples d'un groupe social non homogène ; et surtout l'abus qui peut en être fait, rendu possible par l'extrême difficulté d'établir des critères précis, conduisant à protéger des intérêts particuliers contre l'intérêt général, et ce, éventuellement, pour des motivations d'ordre politique.

La censure officiellement organisée compte d'inconditionnels partisans qui la considèrent comme un mal nécessaire alors que, pour ses opposants irréductibles, le principe de la liberté d'expression ne souffre pas d'exception.

Mais la censure officielle et s'exerçant a posteriori n'est pas la seule forme de censure : celle-ci peut en effet intervenir à toutes les étapes, de l'écriture du scénario à la projection publique. Ainsi, une précensure peut exister sous la forme d'un refus de financement (censure économique) ; en outre, dans les pays où les sociétés de télévision sont également coproductrices de film, l'autocensure est plus forte afin de permettre à ces films d'être diffusés sur le petit écran. Par ailleurs, une « post-censure » peut également intervenir dans un cadre géographique limité pour des raisons d'ordre public (interventions de police locale). De plus, mais ceci n'est pas propre au secteur cinématographique, des condamnations allant jusqu'à la destruction du film peuvent être décidées par la justice sur plainte de particuliers ou de groupements. Enfin, on ne saurait ignorer certains actes de terrorisme en salle visant à empêcher la projection d'un film autorisé.

La censure en France.

Au tout premier temps du cinéma, alors que les sujets filmés ne sont que prétexte à utilisation d'une technique nouvelle, aucun contrôle n'est effectué. C'est en 1909 que naît la censure cinématographique à l'occasion d'une bande d'actualités Pathé représentant une quadruple exécution capitale. Le 11 janvier 1909, une circulaire du ministère de l'Intérieur invite les préfets à contraindre les maires à exercer leur pouvoir de police municipale afin de faire respecter ordre et tranquillité publique. De plus, assimilé aux spectacles de curiosité, le cinématographe est soumis à autorisation municipale.

Dès lors, les interdictions de projections vont se multiplier (la Bande de l'auto grise, Jasset, 1912), dont les producteurs tenteront de se défendre en engageant de nombreux procès en abus de pouvoir. Mais, le 3 avril 1914, le Conseil d'État décidera le rejet de tout pourvoi de producteurs de films. En 1916, un arrêté du 16 juin institue au ministère de l'Intérieur une commission chargée de l'examen des films et de la délivrance des visas autorisant les représentations. Composée de cinq fonctionnaires de la police, la commission interdira 145 films la première année. Les professionnels protesteront, mais plus soucieux, semble-t-il, de leurs pertes financières que des atteintes portées à la liberté d'expression. En 1919, un décret du 25 juillet confiera la tutelle de la commission au ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. Jusqu'en 1930, la composition de la commission, dans laquelle siègent des personnalités du cinéma, variera selon la volonté politique d'assouplir ou de renforcer la censure.

En 1931, on supprime la censure, mais l'on crée un Comité national du cinéma chargé du contrôle et du classement des films. Durant la guerre, la censure s'amplifiera, malgré une production cinématographique en perte de vitesse. Par décret du 3 juillet 1945, la censure est confiée, sous la responsabilité du ministre de l'Information, à une nouvelle commission composée en nombre égal de représentants du gouvernement et de la profession. Pendant les cinq années qui suivent, le contrôle sera moins pesant.

En revanche, la sévérité accrue des censeurs durant la décennie 1950-1960 sera extrêmement préjudiciable au cinéma français. On interdit (Les statues meurent aussi de Chris Marker et Alain Resnais, Bel-Ami de Louis Daquin...), on supprime des séquences, on modifie les titres. Censure nationale par une commission encore remaniée, censure municipale, avis préalable à la réalisation obligatoire : ce climat d'intolérance nourrit l'autocensure.