Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MARSHALL (Herbert)

acteur britannique (Londres 1890 - Los Angeles, Ca., 1966).

Il fait ses débuts à l'écran en 1929 dans la Lettre (Jean de Limur), où il a Jeanne Eagels comme partenaire, à Hollywood, après une longue carrière théâtrale dans son pays natal. On lui confie surtout des rôles de personnages à la fois élégants et ambigus, où il fait merveille : il est inoubliable en gentleman-cambrioleur dans Haute Pègre (E. Lubitsch, 1932, qu'il retrouve en 1937 pour Ange, avec Marlene Dietrich). Sa filmographie abonde en films prestigieux : Blonde Vénus (J. von Sternberg, 1932), avec Marlene Dietrich ; Correspondant 17 (A. Hitchcock, 1940) ; la Lettre (W. Wyler, id.) et la Vipère (id., 1941), avec Bette Davis ; Duel au soleil (K. Vidor, 1947), la Flibustière des Antilles (J. Tourneur, 1951), Un si doux visage (O. Preminger, 1953), où il est le père de Jean Simmons. Il avait perdu une jambe pendant la Première Guerre mondiale.

MARSHALL (Penny Marscharelli, dite Penny)

actrice et cinéaste américaine (Brooklyn, N.Y., 1942).

Actrice comique très populaire à la télévision, elle s'est affirmée au cinéma comme cinéaste, spécialiste de la comédie. Si elle ne possède pas un style cinématographique original, elle sait sans aucun doute doser les éléments comiques avec finesse et compétence et, grâce à cela, elle est responsable de grands succès publics qui ont également été des films sympathiques à regarder. Elle sait tenir en main des personnalités aussi affirmées que Woopi Goldberg (Jumping Jack Flash, id., 1986), Madonna (Une équipe hors du commun, 1992) et Danny DeVito (Opération Shakespeare, Renaissance Man, 1994), ou d'autres, plus nuancées, comme Tom Hanks (Big, id., 1986, Une équipe hors du commun). Elle s'est essayée une fois au film dramatique avec l'Éveil (Awakenings, 1990), assez belle histoire de thérapie, bien jouée par Robert De Niro et Robin Williams. Son frère, Garry Marshall, est également un cinéaste à succès (Pretty Woman, 1990).

MARSHALL (Tonie)

actrice et cinéaste française (Neuilly-sur-Seine, 1951).

Fille de Micheline Presle et de William Marshall (1917-1994) – acteur et musicien, également réalisateur de trois films (dont la Taverne de La Nouvelle-Orléans, 1951, tournée en France avec Erroll Flynn et Micheline Presle) –, elle entreprend une carrière d'actrice dans les années 70, marquée principalement par ses contributions à des séries humoristiques de Jean-Michel Ribes, alors qu'au cinéma on la voit dans des films très différents (le Champignon des Carpathes, de J.-C. Biette, par exemple). Elle passe ensuite à la réalisation. Son premier film, Pentimento (1989), est un essai de burlesque où se dessine déjà le thème de la famille dispersée (et la recherche de ses membres épars), qu'elle traitera dans Pas très catholique (1994), son plus grand succès. Enfants de salaud (1996) s'inscrit dans la même veine populaire que le deuxième film : comédie douce-amère, humour et perturbations psychologiques. Elle renouvelle son approche du récit avec un succès (critique et public) : Vénus beauté (institut) [1999], où l'humour a disparu derrière un regard désenchanté. Elle est la scénariste de tous ses films.

MARTELLI (Otello)

chef opérateur italien (Rome 1902 - id. 2000).

Il débute comme assistant opérateur en 1916 à la Caesar Film, où il travaille pour de nombreux films, dont Consuelita (Roberto Roberti, 1922). Il photographie l'expédition tragique de Umberto Nobile au pôle Nord en 1928. Après Vecchia guardia (A. Blasetti, 1935), il devient chef opérateur et collabore à des productions importantes pour la Scalera Film, dont Jeanne Doré (M. Bonnard, 1939), Follie del secolo (A. Palermi, id.), Lucrezia Borgia (Hans Hinrich, 1940). Son perfectionnisme méticuleux devient un style personnel, et il utilise souvent des lumières naturelles dans les grandes œuvres néoréalistes : Paisà (R. Rossellini, 1946) ; Chasse tragique (G. De Santis, 1948) ; Riz amer (De Santis, 1949) ; Stromboli (Rossellini, id.) ; Anna (A. Lattuada, 1953 [ 1951]) ; Onze heures sonnaient (De Santis, 1952) ; la Fille sans homme (De Santis, 1953). En 1953, avec la photo baroque et antiréaliste des Vitelloni, commence sa collaboration avec F. Fellini ; les visions du grand cinéaste s'épanouissent dans les images contrastées de La strada (1954), Il bidone (1955), les Nuits de Cabiria (1957), et surtout dans le CinémaScope et les grands mouvements de caméra de la Dolce Vita (1960). Il crée encore pour lui la photo en couleurs et les mirobolants effets spéciaux de l'épisode Le tentazioni del dottor Antonio de Boccace 70 (1962). Il a collaboré aussi avec des cinéastes très différents, comme De Sica (l'Or de Naples, 1954), Soldati (la Fille du fleuve, 1955), Dassin (la Loi, 1958), Käutner (Die Rote, 1962), Gance (Cyrano et d'Artagnan, 1963), Petri (Il maestro di Vigevano, id.), Bolognini (La donna è una cosa mervigliosa, 1966, 1964).

MARTIN (Dino Paul Crocetti, dit Dean)

chanteur et acteur américain (Steubenville, Ohio, 1917 - Beverly Hills, Ca., 1995).

Acteur amateur, chanteur de charme, il débute en 1946 dans un club de New Jersey, où il forme tandem avec Jerry Lewis. Dès 1949, les deux compères sont engagés à Hollywood pour une série de seize films de Ma bonne amie Irma (My Friend Irma, G. Marshall, 1949) à Un vrai cinglé de cinéma (F. Tashlin, 1956). Peu à peu, c'est le comique qui l'emporte en renommée sur le « crooner », et Dean Martin sépare alors ses deux carrières (1956) : chanteur agréable à la scène, il se voue aux rôles dramatiques à l'écran et s'y révèle excellent, son sommet étant la composition du Borrachino (l'ivrogne) de Rio Bravo (H. Hawks, 1959). Par la suite, il interprète des rôles fantaisistes plus proches de son premier métier, et se parodie avec beaucoup d'intelligence dans le film de Billy Wilder Embrasse-moi idiot (1964). Enfin, toujours haut placé au box-office de la chanson, associé au fameux « clan Sinatra » (le Rat Pack), animateur d'une émission à la NBC (1965) puis de ses propres productions TV, il a incarné Matt Helm (Matt Helm, agent très spécial, Ph. Karlson, 1966 ; Matt Helm traqué [The Ambushers], H. Levin, 1967), sorte de faux James Bond non dénué de charme et d'humour, dans des films foncièrement médiocres malgré leur drôlerie, tout en continuant à paraître dans des westerns et quelques autres films. Son talent évident n'a eu d'égal que sa paresse, et pourtant un tel succès (comme celui de son « modèle » Sinatra) ne s'explique pas seulement par la facilité.