Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ANIMATION (techniques de l'). (suite)

Engagée sur des représentations de cartographie militaire ou des schématisations mécaniques, ergonomiques, électroniques, pédagogiques, la visualisation informatique sur console graphique va, à partir des années 70, encourager les applications artistiques, notamment avec les variations esthétiques sur des formes mathématiques développées par Whitney (Arabesque, 1975) puis par Larry Cuba, à partir de constructions périodiques dont on fait varier toutes les valeurs. Ce style de création informatique commandé par les langages de programmation va étendre le champ de composition abstraite en perfectionnant les possibilités de contrôle des points, grilles de points, zones d'images et des totalités du champ de visualisation : KC Knowlton des Bell Telephone Laboratories Beflix (1964) ; Explor (1970), dont Lilleau Schwartz tirera Pixilation, Gogoplex, Olympiad.

Déjà les synthétiseurs numériques permettent de créer à partir de fonctions câblées des dispositifs fonctionnant en temps réel. Bill et Louise Elra, Woddy et Steina Vasulka, Dan Saudin, en produisant des traitements immédiats de l'image devant un public (reprise de balayage, manipulation de zones d'images, pas de numérisation variable, tissage de lignes et de blocs de couleurs), retrouvent l'esprit du cinéma abstrait des années 20 et 30 (Fishinger, McLaren).

Techniques numériques.

Jusqu'à la fin des années 80, l'informatique consistait essentiellement en une assistance technique aux travaux d'animation (Dessins animés assistés par ordinateur). L'ordinateur a, dans un premier temps, été utilisé pour l'organisation de la préproduction, la conception des décors, la réalisation de travaux jusqu'alors exécutés manuellement (traçage, mise en couleurs) puis pour réaliser des tâches plus complexes telles que l'animation des décors, celle des personnages à partir des « model sheets » créés par l'auteur. Puis il est devenu théoriquement possible d'exécuter la totalité des opérations conduisant à la réalisation intégrale d'un dessin animé au moyen de l'ordinateur, c'est l'option « zéro papier » utilisant des logiciels spécifiques et performants tels que Tic Tac Toon. Mais cette option rencontre des réticences, les créateurs et les animateurs ne sont pas encore très à l'aise pour dessiner sur une tablette à digitaliser.

Animation 3D.

On qualifie d'animation « 2D » une animation traditionnelle dessinée en deux dimensions. L'association des images traditionnelles et des images de synthèse (générées par ordinateur) ont donné naissance à l'infographie.

La puissance des ordinateurs a permis de calculer et d'animer dans l'espace des images en volume, ou trois dimensions « 3D », à partir de dessins en 2D et des techniques de l'infographie. L'association de ces techniques a rendu possible la réalisation intégrale d'un programme d'animation 3D en images de synthèse. En 1990, Fantôme réalise, en France, une première série les Fables géométriques, (50 épisodes de 2mn30) puis en 1995 Toy Story (Walt Disney). De très nombreux programmes sont réalisés en mélangeant les deux techniques, 2D pour les décors et 3D pour les personnages. L'évolution très rapide de logiciels (3D studio Max, Maya, XSI, ...) offre une infinité de possibilités aux créateurs. Ils sont également employés pour la création de jeux. Les réseaux haut débit peuvent permettre de travailler sur un même projet depuis des sites différents, ce qui favorise les coproductions internationales et réduit les temps d'exécution.

La capture du mouvement

est une technique qui consiste à enregistrer les mouvements d'un comédien et à les reporter sur l'animation d'un personnage en 3D. Il est possible d'animer des personnages de synthèse en temps réel à partir de l'enregistrement des mouvements de main d'un marionnettiste ou d'animer la bouche d'une marionnette à partir de la capture du mouvement des lèvres d'un comédien. Des systèmes de capture utilisant plusieurs caméras, jusqu'à 16, peuvent permettre de créer des déplacements de marionnettes de synthèse. Ces techniques évoluent en permanence et s'adaptent aux besoins spécifiques demandés par les réalisateurs, et cela d'autant plus facilement que la puissance des ordinateurs de type PC ou Mac permet d'utiliser ces logiciels en réseau.

ANKJERSTJERNE (Johan)

chef opérateur danois (Randers 1886 - Copenhague 1959).

Il est l'une des figures majeures de l'âge d'or du cinéma danois. Son sens de l'éclairage et des contrastes lui confère une place de choix parmi les grands pionniers de l'image. Il travailla notamment avec August Blom (Atlantis, 1913) et Benjamin Christensen qui lui doit beaucoup pour la renommée de la Sorcellerie à travers les âges (1921).

ANNABELLA (Suzanne Charpentier, dite)

actrice française (Paris 1907 - Neuilly-sur-Seine 1996).

La future interprète du film de René Clair est effectivement née un 14 juillet et elle n'a que dix-huit ans lorsque Gance, frappé par la photogénie de son visage lumineux, la choisit pour interpréter Violine, personnage nimbé de poésie, de son Napoléon (1927). Après cet important tournage, Grémillon lui confie un rôle intéressant dans Maldone (1928). Ce sont toutefois les débuts du parlant qui lui apportent la chance en lui offrant les héroïnes gracieusement sentimentales du Million (1931) et de Quatorze Juillet (1933), deux films de René Clair. Elle acquiert vite une réputation européenne qui lui permet de transférer dans les studios berlinois son image de jeune fille au sourire tendre, aux gestes effarouchés, à la voix timide : Autour d'une enquête (R. Siodmak, H. Chomette, 1931), Paris-Méditerranée (Joe May, 1932). Elle tourne en Hongrie un de ses meilleurs films : Marie légende hongroise (P. Fejos, 1932), et c'est un Italien, Carmine Gallone, qui lui fait retrouver le Paris des faubourgs (Un soir de rafle, 1931). Première incursion à Hollywood en 1934, mais Caravane (E. Charell) n'est pas un succès. Sa carrière en France jusqu'en 1937 va passer du rire aux larmes, du drame à la comédie : Un fils d'Amérique (C. Gallone, 1932), Mademoiselle Josette ma femme (A. Berthomieu, 1933), les Nuits moscovites (A. Granowski, 1934). Elle force un peu son talent en acceptant des compositions dramatiques qui la confirment dans son vedettariat mais qui semblent la gêner et où elle paraît plus souvent figée que touchante : l'Équipage (A. Litvak, 1935), Veille d'armes (M. L'Herbier, id.), Anne-Marie (R. Bernard, 1936), la Citadelle du silence (L'Herbier, 1937). Dans la Bandera (1935), Duvivier lui fait tenir un contre-emploi, mais le rôle est court. C'est alors le départ pour les États-Unis, où elle rencontre Tyrone Power (elle avait précédemment épousé Jean Murat). Elle participe aux essais en couleurs de la Baie du Destin d'Harold Schuster (1937) et se fait diriger par Sjöström dans Sous la robe rouge (id.). Entre une comédie : la Baronne et son valet (W. Lang, 1938), et un film de prestige : Suez (A. Dwan, id.), elle revient à Paris le temps de paraître dans Hôtel du Nord (M. Carné, id.), mais son interprétation est vivement critiquée. La guerre et l'Occupation la fixent aux États-Unis ; elle y apparaît dans des films de propagande. En 1945, ayant rompu avec Tyrone Power, elle est victime d'une cabale. Après 13, rue Madeleine (H. Hathaway, 1947), elle revient en France où on l'a un peu oubliée et y joue de temps en temps dans des films à tendance mélodramatique comme Éternel Conflit (G. Lampin, 1948). Elle s'éloigne encore une fois de son pays, s'installe en Espagne, où elle paraît dans quelques histoires qui ne laissent pas grand souvenir, puis elle se tait. Dans les années 30, celle qui avait choisi son pseudonyme en lisant Edgar Poe a réussi à donner de la jeune Française une image sentimentale qui garde encore du charme. Servie par un visage émouvant, gênée par une voix grêle, elle a souffert d'être une midinette égarée dans de lourdes productions.