Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LEUNG (Leung Kar-Fai, dit Tony)

acteur chinois (Hong Kong 1958).

Diplômé de l'Université, il suit une formation d'acteur dispensée par la chaîne de télévision TVB, mais doit l'abandonner faute d'argent. Ses débuts au cinéma, il les doit au père de son amie, le réalisateur Li Han-hsiang, qui le dirige dans Reign Behind a Curtain (1983) et The Burning of the Imperial Palace (id.). Très rapidement populaire, il entretient une image glamour et romantique, ce qui ne l'empêche pas de tourner dans des polars comme Prison on Fire (Ringo Lam, 1987) ou le Syndicat du crime 3 (Tsui Hark, 1989). En 1992, il écrit le scénario de The King of Chess (Yim Ho et Tsui Hark), une fresque historique sur la Longue Marche au ton clairement anticommuniste, tout en y apparaissant. Stanley Kwan fait appel à lui pour Center Stage (id.), puis c'est au tour de Wong Kar-wai de l'employer dans les Cendres du temps (1994). Après son rôle dans Love will tear us apart (Yu Lik-wai, 1999), qu'il produit, il compte plus de cinquante films à son actif. En 2000, il joue dans Okinawa rendez-vous (Gordon Chan). Il est surtout connu en Occident pour son interprétation dans l'Amant (Jean-Jacques Annaud, 1991).

LEUWERIK (Ruth)

actrice allemande (Essen 1926).

Actrice de théâtre depuis 1944, elle débute au cinéma en 1950, devenant très vite une des actrices les plus populaires en Allemagne fédérale. Elle obtient de grands succès dans des rôles de femme mûre, de mère de famille, et il arrive que les films où elle apparaît deviennent des succès internationaux, tels la Famille Trapp et la Famille Trapp en Amérique de Wolfgang Liebeneiner (1956 et 1958). Avec le même réalisateur, elle tourne notamment Königin Luise (1957), Au revoir Franziska (Auf Wiedersehen Franziska, id.), Eine Frau für ganze Leben (1960). Elle a également travaillé sous la direction de Käutner : Louis II de Bavière (1955), Die Rote (1962), Das Haus in Montevideo (1963).

LEVANT (Oscar)

acteur et musicien américain (Pittsburgh, Pa., 1906 - Los Angeles, Ca., 1972).

Pianiste et proche de Gershwin, il a composé la musique de quelques films : Tanned Legs (Marshall Neilan, 1929) ou Je te dresserai (In Person, Seiter, 1935). Mais surtout il affiche sa virtuosité d'acteur (The Dance of Life, Cromwell et Sutherland, 1929 ; Rhapsodie en bleu, I. Rapper, 1945 ; Romance à Rio, M. Curtiz, 1948) et bientôt ses manies d'excentrique extravagant (Entrons dans la danse, Ch. Walters, 1948 ; Un Américain à Paris, 1951 ; Tous en scène, 1953, et la Toile d'araignée, 1955, tous trois de Minnelli) avec une inquiétante et comique satisfaction. Il a écrit trois livres autobiographiques.

LEVESQUE (Marcel)

acteur français (Paris 1877 - id. 1962).

Il est l'une des figures les plus cocasses de l'école burlesque française des années 10, sous le règne de Jean Durand. Il a pourtant débuté au Film d'art, mais son physique filiforme, orné d'un nez avantageux, le prédisposait aux rôles comiques. Il incarne le personnage de « Serpentin » dans une vingtaine de courts métrages, et fut surtout Oscar Mazamette dans les Vampires (L. Feuillade, 1915) et le détective Cocantin de Judex (id., 1917), deux créations inoubliables. Il ne cessa de tourner par la suite en France et en Italie. Au parlant, ses apparitions seront plus espacées mais toujours empreintes d'une grande saveur : vieux garçon dans Tout ça ne vaut pas l'amour (J. Tourneur, 1931), concierge radoteur dans le Crime de Monsieur Lange (J. Renoir, 1936), Guillaume Tell barbichu dans Lumière d'été (J. Grémillon, 1943). Quelques compositions aussi, pleines de fantaisie, chez Guitry. « C'est un homme de goût, un artiste et presque un poète », a dit de lui Louis Delluc.

LE VIGAN (Robert Coquillaud, dit Robert)

acteur français (Paris 1900 - Tandil, Argentine, 1972).

Une carrière « frappée au sceau de la malédiction, de l'autodestruction », un « homme de nulle part », un « écorché vif », un acteur « habité », « insaisissable », « incapable de supporter la lourdeur de la vraie terre » : tels sont quelques-uns des jugements portés sur Le Vigan par Louis-Ferdinand Céline (qui fut son « âme damnée »), Jean Renoir (auquel il doit deux de ses meilleurs rôles à l'écran), Blanchette Brunoy (sa partenaire dans Goupi-Mains rouges) et quelques autres. Le Vigan avait débuté brillamment au théâtre, en 1918 (il fut de la troupe de Gaston Baty, puis de celle de Louis Jouvet), et, en 1931, au cinéma, dans les Cinq Gentlemen maudits, de Duvivier. Jusqu'en 1944, il paraît dans quelque soixante films, où son physique inquiétant, son sens étonnant du maquillage, sa démesure baroque à la limite de l'hallucination font merveille. Il n'a pas son pareil pour jouer les lâches, les fourbes, les illuminés, dans un registre qui évoque parfois Antonin Artaud. On n'oubliera pas le marchand drapier cauteleux de Madame Bovary (J. Renoir, 1934), le mouchard de la Bandera (J. Duvivier, 1935), l'acteur déchu des Bas-Fonds (Renoir, 1937), le peintre suicidaire du Quai des brumes (M. Carné, 1938), le gouverneur fantasque d'Ernest le rebelle (Christian-Jaque, id.), le colonial paludéen et assassin de Goupi-Mains rouges (J. Becker, 1943). Dans cette galerie de monstres, un rôle tranche : Jésus dans Golgotha (Duvivier, 1935). Il fut bouleversant dans ce rôle guetté par le ridicule. Sous l'Occupation, Le Vigan manifeste bruyamment sa fougue antisémite sur les antennes de Radio-Paris, ce qui lui vaut d'être en tête de la liste noire des comités d'épuration. Écroué à Fresnes, il comparaît en 1946 devant la cour de justice, est condamné à dix ans de travaux forcés et à l'indignité nationale à vie. Libéré en 1949, il gagne l'Espagne, où il tourne deux films, Ley del mar (Miguel Iglesias, 1950) et El Correo del Rey (Ricardo Gascon, id.), puis l'Argentine, où il tourne encore quelques films médiocres, avant de finir ses jours misérablement. Le « gentleman maudit » a, selon ses propres termes, « dévalé la pente abrupte en incessantes culbutes ». Il survit, dans l'œuvre de Céline, à travers le personnage de « La Vigue », et surtout dans une douzaine de films, où il introduisit son prodigieux grain de folie.

LEVIN (Henry)

cinéaste américain (Trenton, N. J., 1909 - Californie 1980).