Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LEE DOO-YONG

[Yi Tuyong], cinéaste coréen (Séoul 1942).

Après avoir suivi des études d'économie à l'université Tongguk, il se tourne vers le cinéma, réalise en 1970 son premier long métrage, le Voile de noce perdu (Irhǫpǫrin myǫnsap'o), et poursuit une carrière régulière en tournant parfois plusieurs films par an. Il reçoit en 1974 le Prix de la meilleure œuvre cinématographique du cinéma coréen pour le Général en costume rouge (Hong-ųi changgun). De nouveau primé pour le Policier (Kyǫngch'algwan, 1978) et le Rouet/Histoire cruelle des femmes, mulleya, mulleya (Yǫinchanhoksa mulleya mulleya, 1983), il est l'un des représentants les plus talentueux du cinéma coréen non seulement dans son pays, mais également à l'étranger, où ses films sont souvent sélectionnés dans les festivals internationaux. Parmi ses autres œuvres, citons Peemak (P'imak, 1980), le Fils aîné (Changnam, 1985), le Mûrier (Ppong, 1986), Eunuques (Naesi, id.), le Chemin qui mène à Chongsong (Ch'ǫngsongųro kanunkil, 1990), la Neige noire (1991), le Mûrier III (1992) et l'Amour (1999).

LEE HSING (Li Xing)

cinéaste taiwanais (Shanghai 1930).

Dès son enfance, il aime le théâtre. Diplômé en sciences de l'éducation de l'Université Normale de Taiwan, il prend en charge en 1954 la chronique théâtre et cinéma dans le journal du soir qu'il a fondé. En 1958, il réalise son premier film – en langue taiwanaise –, Wang et Liu parcourent Taïwan (Wang ge, Liu ge you Taiwan). En 1961, il établit sa propre compagnie cinématographique et réalise un film en noir et blanc : Entente parfaite (Liang xiang hao), comportant une version en mandarin et une version en taiwanais. Il réalise ensuite Par les rues et par les chemins (Jietou xiangwei, 1963), puis co-réalise avec Li Jia Oyster Girl (Ke nü, 1964), premier film en Cinémascope couleur, et aussi, dit-on, le meilleur des films du « réalisme sain » (« jiankang xieshi zhuyi »). De beaux petits canards (Yangya renjia, 1964) restent dans le même style. Ces films, promouvant les valeurs familiales traditionnelles et représentant de bonnes figures paternelles, font de Lee Hsing l'un des réalisateurs taiwanais les plus connus des années 60 et 70. Il poursuit son œuvre avec notamment l'Épouse silencieuse (1965), Exécution en automne (1972), le Chemin (Lu), Histoire d'une petite ville (Xiao cheng gushi), Bonjour Taipei (Zao an, Taipei, 1979) dont Hou Hsiao-hsien écrit le scénario. Au début des années 2000, il est l'auteur d'une cinquantaine de fictions et de quelques documentaires.

LEENHARDT (Roger)

critique, écrivain et cinéaste français (Paris 1903 - id. 1985).

Après de brillantes études supérieures de philosophie, ce Languedocien, qui ne fait pas mystère de ses racines de grand bourgeois protestant, se passionne pour le cinéma, d'abord par le biais des actualités Éclair Journal, puis de la production de courts métrages (les Films du Compas, créés en 1934), enfin de la critique, dans les colonnes de la revue Esprit. Il sera, à ce dernier poste, l'un des chroniqueurs les plus lucides de l'avant-guerre, et son influence sera sensible sur André Bazin et, à travers lui, sur la Nouvelle Vague. Il collabore également à la revue Fontaine, aux Lettres françaises et à l'Écran français (où il lance son célèbre cri de guerre : « À bas Ford ! Vive Wyler ! »). En 1949, il patronne avec Robert Bresson et Jean Cocteau la création du club Objectif 49. Son œuvre de documentariste est abondante : réalisation d'une soixantaine de courts métrages (et production d'une égale quantité d'autres), tous frappés au sceau d'une grande culture. Il est inimitable dans l'évocation des grands écrivains ou peintres du passé : Victor Hugo (1951) ; Jean-Jacques [Rousseau] (1957) ; Daumier (1958) ; Paul Valéry (1959) ; Monsieur de Voltaire (1963) ; Corot (1965) ; Pissarro (1975) ; Monet (1980). On lui doit également le fameux documentaire pédagogique Naissance du cinéma (1946) et un entretien à bâtons rompus avec François Mauriac (1954). Peu fait pour les compromissions commerciales, il n'a réalisé que trois longs métrages de fiction, mais qui, chacun dans son genre, témoignent de qualités éminentes : les Dernières Vacances (1948), le Rendez-Vous de minuit (1961) et, pour la télévision, Une fille dans la montagne (1964, d'après un roman de son beau-frère, l'écrivain Roger Breuil). Jean-Luc Godard l'a choisi pour incarner « l'intelligence » dans Une femme mariée, et une émission lui a été consacrée sous le titre, bien venu, de Roger Leenhardt, le dernier humaniste. Il a publié un livre de souvenirs, sous forme d'entretiens avec Jean Lacouture : les Yeux ouverts (1979).

LEE THOMPSON (John)

cinéaste britannique (Bristol 1914).

Il débute en écrivant des pièces de théâtre et des scénarios, puis passe à la réalisation en adaptant pour l'écran une de ses pièces, Murder Without Crime (1950). Il se fait une réputation d'habile technicien en abordant les genres les plus divers. D'une œuvre abondante et éclectique on peut retenir Peine capitale (Yield to the Night, 1956), la Femme en robe de chambre (Woman in a Dressing Gown, 1957), les Nerfs à vif (Cape Fear, 1962) et, surtout, les Canons de Navarone (The Guns of Navarone, 1961). L'énorme succès de ce film lui ouvrit les portes des studios d'Hollywood. Parmi ses nombreux films, citons : Madame Croque Maris (What a Way To Go, 1963), l'Or de Mackenna (Mackenna's Gold, 1969), les deux suites de la Planète des singes : la Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes, 1972) et la Bataille de la planète des singes (Battle for the Planet of the Apes, 1973), le Justicier de minuit (Ten To Midnight, 1983), l'Enfer de la violence (The Evil That Man Do, 1984), la Loi de Murphy (Murphy's Law, 1986) et le Messager de la mort (Messenger of Death, 1989), ces quatre derniers films étant interprétés par Charles Bronson.

LEFAUR (André Lefaurichon, dit André)

acteur français (Paris 1879 - id. 1952).

Voué par son physique au personnage du vieil aristocrate salace et entiché de sa noblesse (le Roi, Pierre Colombier, 1936 ; l'Habit vert, Roger Richebé, 1937), il s'appuie sur les meilleures traditions du théâtre boulevardier pour donner de l'épaisseur à des rôles conventionnels (le Fauteuil 47, F. Rivers, 1937 ; Eusèbe député, A. Berthomieu, 1939). Mirande lui écrit des textes sur mesure (Derrière la façade, id.), Guitry fait de lui l'un des Neuf Célibataires (id.). Il teinte d'émotion ses dernières apparitions (le Baron fantôme, S. de Poligny, 1943). Notons qu'il avait tâté du cinéma dès 1914 : l'Homme qui assassina (Henri Andreani).