Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SHORT.

Short subject (« court sujet »), ou short, équivalent anglais de court métrage.

SHOT.

Mot anglais pour plan (2).

SHUI HUA (ZHANG Shuihua, dit)

cinéaste chinois (Nanjing 1916-1995).

Après des études de droits à l'université de Fudan au début des années 30, puis brièvement d'autres au Japon, il retourne en Chine et rejoint le mouvement de résistance théâtrale. Auteur de la Fille aux cheveux blancs (Baimao nü CO Wang Bing, 1951), une adaptation d'une célèbre pièce de théâtre du Yan'an, son talent culmine avec la réalisation de la Terre (Tudi, 1954), la Boutique de la famille Lin (Linjia puzi, 1959), Une famille révolutionnaire (Geming jiating, 1960), et Immortels dans les flammes (Liehuo zhong yongshen, 1965) dont il écrit également le scénario. Ces deux dernières œuvres, accusées de colporter l'idéologie révisionniste, le désigneront pour cible lors de la Révolution culturelle et sa longue absence des studios rendra, au lendemain de cette dernière, sa réadaptation difficile : Regrets du passé (Shang shi, 1981) et Fleur bleue (Lan sede hua, CO Ma Bingyu, 1984).

SHU KEI

cinéaste chinois (Hongkong 1956).

Diplômé de l'université de Hongkong, il écrit des scénarios pour la télévision. Parmi les réalisateurs pour lesquels il travaille figurent Ann Hui, Allen Fong, Yim Ho, Patrick Tam et John Woo. En 1981, il débute à la mise en scène avec Sealed with a Kiss. De 1982 à 1984, il est programmateur du festival international de films de Hongkong. Il crée en 1986 sa société de production et de distribution, Creative Workshop, et signe Soul (id.). Mis à part Sunless Days (1990), un documentaire sur les conséquences des événements de Tiananmen à Hongkong, sa carrière de réalisateur s'interrompt jusqu'à Hu-du-men (1996), où Joséphine Siao incarne une chanteuse d'opéra cantonais. Son film suivant, A Queer Story (Jilao Sishi, id.), traite avec justesse de la crise de la quarantaine chez un couple homosexuel. La même année, il écrit le scénario de Temptress Moon (Chen Kaige). En 1997, il met en scène Love, Amoeba Style.

SHUKRI JAMIL (Muḥammad)

cinéaste iraqien (Bagdad 1936).

Comme plusieurs de ses compatriotes, il reçoit une formation technique et fait un apprentissage de documentariste dans les services cinéma des compagnies pétrolières en Iraq et à Londres. Enseignement de premier ordre : les courts métrages que Shukri Jamil consacre aux problèmes de l'eau sont beaux et âpres : ‘ Amour de la terre ’ (Ħanin al-ar, 1971), ‘ Ceux qui fouillent les entrailles du sol ’ (Rijalun yafiruna amakin fi al-ar, id.). Il aborda cependant la fiction par le biais d'une comédie de mœurs d'une simplicité savoureuse : ‘ Celui qui espère la prospérité ’ est un Monsieur Tout-le-Monde qui change de quartier et de milieu (Chayif Khayr, 1964). Il retrouve avec les Assoiffés (al-Ƶami‘ un, 1972, avec l'acteur de théâtre Khalil Shawqi) le sens du tragique quotidien, aborde de front l'isolement des tribus semi-sédentarisées et l'assujettissement de la femme à des mœurs rigides. Les Murs (al-Aswar, 1979) sont inspirés par le climat sociopolitique dans le monde arabe vers 1956 ; intimisme et mouvement de foules (la fin du film) sont composés avec une qualité émotionnelle réelle. Il réalise une superproduction en 1981 : ‘ la Grande question ’ (al-Mas'ala al-Kubra) avec Oliver Reed dans le rôle d'un colonel anglais dans l'Irak des années 20. Pendant la guerre Irak-Iran, et tout comme l'ensemble des cinéastes irakiens, Shukri Jamil tourne des films de « propagande ».

SHUMLIN (Herman)

cinéaste américain (Atwood, Colo., 1898 - New York, N. Y., 1979).

Reporter, puis célèbre metteur en scène et producteur à Broadway, il n'a réalisé que deux films, aussi dissemblables que possible. Quand le jour viendra (Watch on the Rhine, 1943), d'après une pièce de Lillian Hellman, adaptée par Dashiell Hammett, s'inscrit dans le contexte des films de propagande antinazie, et obtint un succès de circonstance, que la mise en scène assez plate ne pouvait justifier à elle seule. Agent secret (Confidential Agent, 1945), d'après Graham Greene, est un film d'espionnage cosmopolite plaisant à suivre, mais qui reste un produit standard de la Warner, sans grande originalité, dont les meilleurs atouts sont les acteurs (Charles Boyer, Lauren Bacall, Peter Lorre).

SIAO (Siao Fong-Fong, dite Joséphine)

actrice et cinéaste chinoise (Shanghai 1947).

En 1949, ses parents émigrent à Hongkong. Dès l'âge de six ans, elle apparaît à l'écran dans Siaosing Lei (1953). En 1956, grâce à Mei Gu, son premier film pour la Shaw Brothers (alors appelée Shao and Sons Ltd), elle devient une star enfant. Dès lors, elle multiplie les rôles, passant sans difficulté du mélodrame au film de cape et d'épée, de la comédie musicale au film fantastique. Pendant les seules années 60, son nom est cité au générique de plus de deux cents films, dont le Petit Vagabond (Bu Wancang, 1960), Nineteen Heroes of the Green Mountain (Qing Cheng Shi Jiu Xia, 1960), Shen Huo Xiong Feng (1965) et Winter Love (Chor Yuen, 1968). Après une pause dans sa carrière au début des années 70, elle interprète des personnages plus graves, comme cette jeune Japonaise victime de la bombe atomique dans Hiroshima 28 (Guang Dao Ershiba, Lung Kong, 1974). En 1976, elle coréalise avec Po Chi-lin Jumping Ash, un polar précurseur de la Nouvelle Vague. Sa collaboration avec Ann Hui est fructueuse : coréalisant et jouant dans le Secret (1979), elle produit ensuite The Spooky Bunch (1980), où elle incarne un fantôme. Dans Plain Jane to the Rescue (Bacai Lin Azhen, John Woo, 1982), elle reprend le personnage comique d'hystérique qu'elle avait créé pour la télévision en 1977. Après une retraite temporaire dans les années 80, elle remporte le Prix de la meilleure actrice du Festival de Berlin pour son interprétation d'une mère atteinte de la maladie d'Alzheimer dans Summer Snow (Ann Hui, 1995). Suivent Hu-Du-Men (Shu Kei, 1996) et Mahjong Dragon (Corey Yuen-Kwai, 1997).

SIBIRSKAÏA (Germaine Lebas, dite Nadia)

actrice française (Redon 1900 - Dinard 1980).

Compagne du cinéaste Dimitri Kirsanoff, c'est à lui qu'elle doit ses premiers rôles dans l'Ironie du destin (1924), le remarquable Ménilmontant (1925), Sylvie Destin (1927), Sables (1928), Brumes d'automne (1929). Elle y promène la même silhouette indécise, au sourire triste et au regard fiévreux. Elle apparaît dans un film anglais d'Adrian Brunel (Après la guerre /Blighty, 1927) et dans Au bonheur des dames (J. Duvivier, 1929). Jean Grémillon en fera en 1930 l'héroïne de la Petite Lise, film qui n'aura malheureusement aucun succès. Après les Nuits de Port-Saïd (Léo Mittler, 1931), sa carrière semble s'essouffler. Kirsanoff lui reste cependant fidèle dans Rapt (1934), Franco de port (1937) et Quartier sans soleil (1939) et, grâce à Jean Renoir, elle fait deux apparitions inoubliables : en blanchisseuse séduite par un ignoble patron (le Crime de M. Lange, 1935) et en vaillante fille du peuple (la Marseillaise, 1937). À noter aussi une brève mais émouvante prestation dans La vie est à nous (Renoir, 1936).