Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GARCÍA MÁRQUEZ (Gabriel)

écrivain colombien (Aracataca 1928).

L'auteur de Cent ans de solitude débute dans le journalisme et écrit à l'occasion des comptes-rendus de films. Le néoréalisme lui semble une voie à suivre : Miracle à Milan (V. De Sica, 1951), n'est-ce pas du « réalisme magique » avant la lettre ? En tout cas, avec l'écrivain Alvaro Cepeda Samudio et d'autres amis de Barranquilla, il participe au tournage de La langosta azul (1954), un court métrage insolite. Il rêve de créer une école de cinéma en Colombie. Au Mexique, avant la consécration, il travaille comme scénariste (El gallo de oro, R. Gavaldón, 1964 ; Tiempo de morir, A. Ripstein, 1965). Ensuite, il ne cesse de fournir des arguments et d'inspirer des adaptations : Presagio (L. Alcoriza, 1974), la Veuve Montiel (M. Littín, 1979), María de mi corazón (J. H. Hermosillo, 1981), Eréndira (R. Guerra, 1983), Pas de lettre pour le colonel (A. Ripstein, 1999), sans oublier Tiempo de morir (Jorge Alí Triana, 1985) et Chronique d'une mort annoncée (F. Rosi, 1987), tournés en Colombie. À Cuba, il assume la présidence de la Fondation du nouveau cinéma latino-américain (1986) et anime des ateliers d'écriture à l'École internationale de cinéma et télévision de San Antonio de los Baños (pour laquelle il s'est battu), sans toujours faire la part des différences entre récit littéraire et récit filmique. Il suscite six films coproduits par la télévision espagnole (les Amours difficiles), mis en scène par le Cubain Gutiérrez Alea, le Brésilien Guerra, le Mexicain Hermosillo, le Colombien Lisandro Duque (1988), le Vénézuélien Olegario Barrera, l'Espagnol Jaime Chávarri, sans compter Un señor muy viejo con unas alas enormes (F. Birri, id.). Pareille boulimie semble destinée à exorciser un de ces amours contrariés dont son œuvre regorge.

GARCÍA SÁNCHEZ (José Luis)

cinéaste espagnol (Salamanque 1941).

Il fait ses classes comme assistant et scénariste, notamment auprès de Saura, Gutiérrez Aragón et Patino. Il débute avec El love feroz (1972), mais sa première réussite est Las truchas (1977), une comédie truculente. C'est d'ailleurs à Rafael Azcona, un connaisseur, qu'il fait appel pour porter à l'écran La corte de Faraón (1983), une zarzuela un tantinet paillarde, ainsi que Tirano Banderas (1993), le portrait du dictateur tropical brossé par Valle-Inclán, le maître du « esperpento ». Du même écrivain, il avait déjà adapté Divinas palabras (1987), trop académique. Il signe également Hay que deshacer la casa (1986), Pasodoble (1988), El vuelo de la Paloma (1989), La noche más larga (1991), Lázaro de Tormes (CO F. Fernán Gómez, 2000).

GARCIN (Anton Albers, dit Henri)

acteur français d'origine hollandaise (Anvers 1929).

Il arrive à Paris en 1949 et suit rapidement des cours chez René Simon. Puis il se produit dans un cabaret avant de connaître un certain succès au théâtre. Il débute au cinéma en 1964 (les Amoureux du France, Pierre Grimblat et F. Reichenbach). Parallèlement à son activité théâtrale, le cinéma lui offre des rôles qui s'étoffent peu à peu. Après le succès de la Vie de château (J.-P. Rappeneau, 1966), il tourne régulièrement de nombreux films dont : Un condé (1970), Dupont Lajoie (1975), le Juge Fayard dit « le Shérif » (1977), de Yves Boisset, Détruire, dit-elle (M. Duras, 1969), les Guichets du Louvre (M. Mitrani, 1974), Plus ça va moins ça va (Michel Vianey, 1977).

GARDEL (Charles Romuald Gardés, dit Carlos)

chanteur et acteur argentin (Toulouse, France, 1887 - Medellín, Colombie, 1935).

Le principal interprète du tango est à l'apogée de sa réputation internationale lors de l'avènement du parlant. À Buenos Aires, il enregistre une dizaine de courtes bandes, sous la direction d'Eduardo Morera (1929-30). À Joinville, il tourne son premier grand rôle : Luces de Buenos Aires (Adelqui Millar, 1931). Puis il apparaît dans une série de films pour Paramount, d'abord en France (Espérame, L. Gasnier, 1932 ; La casa es seria, Jacquelux, id. ; Melodía de arrabal, Gasnier, id.), ensuite aux États-Unis (Cuesta abajo, Gasnier, 1934 ; El tango en Broadway, id., 1935 ; El día que me quieras et Tango Bar, John Reinhardt, id.). Après l'abandon des « versions espagnoles » et des films hispanophones par les studios hollywoodiens, il aurait pu grâce au tango s'intégrer au cinéma argentin, alors en pleine expansion. Mais une mort accidentelle met fin à sa carrière, tandis que naît sa légende, toujours vivace.

GARDINE (Vladimir) [Vladimir Rostislavovič Gardin]

cinéaste russe et soviétique (Moscou 1877 - Leningrad 1965).

Acteur de théâtre dès 1898, il fait partie de la troupe de Komissarjevski en 1904. Il commence en 1912 à diriger des films dont certains restent parmi les plus renommés de la période prérévolutionnaire, notamment ses adaptations de Tolstoï, la Sonate à Kreutzer (Krejcerovu sonatu, 1914), Anna Karenine (Anna Karenina, id.), Guerre et Paix (Vojnu i mir, 1915 ; CO J. Protazanov), d'Ibsen : les Revenants (Prividenija, 1914), Tourgueniev : Une nichée de gentilshommes (Dvorjanskoe gnezdo, 1915), Andreev : la Pensée (Mysl’, 1916). Il est aussi l'auteur des Clefs du bonheur (Ključi sčast'ja, 1913 ; CO J. Protazanov), des Exploits du cosaque Kosma Krioutchkov (Podvig kazaka Kuz' my Krjučkova, 1914), des Millions de Privalov (Privaloskie milliony, 1915). Après la révolution, il fonde la première École d'État de cinéma à Moscou (1919) et devient l'un des premiers réalisateurs « engagés » en signant le Talon de fer (Železnaja pjata, 1919), Faim... faim... faim (Golod... golod... golod, 1921), la Faucille et le Marteau (Serp i molot, id.), Un spectre hante l'Europe (Prizrak brodit po Evrope, 1922), le Serrurier et le Chancelier (Slezar'i kancler, 1923), l'Ataman Khmel (Ataman Hmel’, id.), la Croix et le Mauser (Krest i mauzer, 1925), le Poète et le Tsar (Poet i car', 1927). Après 1929 (la Chanson du printemps [Pesnija vesny]), il quitte la mise en scène et redevient acteur, une activité qu'il n'avait jamais abandonnée (y compris sous sa propre direction). On le voit dans les Âmes mortes (Mertvaja duša, V. Feïnberg, 1930), Contre-plan (F. Ermler et S. Youtkevitch, 1932), les Paysans (F. Ermler, 1935), Mission secrète (M. Romm, 1950).