Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RUSSELL (Gail)

actrice américaine (Chicago, Ill., 1924 - Los Angeles, Ca., 1961).

Élevée à Santa Monica, elle entre à la Paramount, où sa beauté de brune aux yeux bleus et son tempérament dramatique font sensation. Elle passe de films fantastiques à des films d'aventures avec un égal succès, mais son introversion et son insécurité la précipitent dans une crise aggravée de scandales sentimentaux, et elle sombre dans l'alcoolisme. Apparemment guérie, relancée dès 1956 par Budd Boetticher comme « l'ange noir du western », sa mort après quelques autres films n'en sembla pas moins, à tous, un suicide.

Principaux films :

la Falaise mystérieuse (L. Allen, 1943) ; les Nuits ensorcelées (M. Leisen, 1944) ; le Fils du pendu (F. Borzage, 1948) ; le Réveil de la sorcière rouge (E. Ludwig, id.) ; El Paso, ville sans loi (El Paso, L. R. Foster, 1949) ; Dans les mers de Chine (Captain Chine, id., id.) ; Haines (J. Losey, 1950) ; Sept Hommes à abattre (B. Boetticher, 1956).

RUSSELL (Ernestine Jane Geraldine Russell, dite Jane)

actrice américaine (Bemidji, Minn., 1921).

Fille d'une ancienne actrice de théâtre, modèle pour photographes, elle fait un peu d'art dramatique lorsque son buste attire l'attention de Howard Hughes, qui décide de centrer sur lui toute la publicité de son prochain film, le Banni, tourné en 1941 et aussitôt interdit. Mais Jane Russell (qui n'y tient qu'un rôle secondaire) est lancée par l'extraordinaire « battage » qu'a organisé Hughes. Vedette sans jamais avoir été vue dans un film, elle n'a plus qu'à attendre la sortie du Banni (1950) et collectionne dès lors les interprétations à succès dans des comédies trépidantes ou des films d'aventures plus ou moins exotiques : Visage pâle (N. Z. McLeod, 1948) ; Fini de rire (His Kind of Woman, J. Farrow, 1951) ; Bal à Bali (Road to Bali [caméo], Hal Walker, 1953) ; French Line (L. Bacon, id.) ; la Vénus des mers chaudes (J. Sturges, 1955). Elle a eu la chance de tourner avec de grands metteurs en scène des rôles moins stéréotypés, où elle s'est révélée comédienne agréable et danseuse excellente : Les hommes préfèrent les blondes (H. Hawks, 1953) ; les Implacables (R. Walsh, 1955) ; l'Ardente Gitane (N. Ray, 1956) ; Bungalow pour femmes (Walsh, id.). Elle a d'elle-même interrompu sa carrière, quand son exubérance un peu factice de brune voluptueuse risquait de lasser, et s'est contentée après The Fuzzy Pink Nightgown (N. Taurog, 1957) de jouer les « guest-stars ».

RUSSELL (Ken)

cinéaste britannique (Southampton 1927).

Cinéaste amateur avec Amelia and the Angel (1957), Peep Show (1958) et Lourdes (id.), il devient l'un des réalisateurs les plus prolifiques de la télévision britannique (34 émissions) en se spécialisant dans la biographie filmée spectaculaire : Elgar (1962), Debussy ( The Debussy Film, 1965), Isadora Duncan (The Bigger Dancer in the World, 1966), Dante Gabriel Rossetti (Dante's Inferno, 1967), Delius (Song of Summer, 1968), Richard Strauss (The Dance of the Seven Veils, 1970)... Ses deux premiers longs métrages pour le cinéma, French Dressing (1963) et Un cerveau d'un milliard de dollars (Billion Dollar Brain, 1967), annoncent une personnalité forte qui harmonise avec bonheur la cinéphilie et l'extravagance. Love (Women in love, 1969, d'après le roman de D. H. Lawrence) l'impose d'emblée comme un des cinéastes les plus originaux de Grande-Bretagne. Encouragé par ce coup de maître, il revient aussitôt à son genre de prédilection, la biographie filmée, en préférant le délire baroque à l'authenticité historique. L'outrance et l'inspiration débridée caractérisent ses visions de la vie de Tchaïkovski (Music Lovers/la Symphonie pathétique [The Music Lovers], 1971), d'Urbain Grandier (les Diables [The Devils], 1971), d'Henri Gaudier et de Sophie Brzeska (le Messie sauvage [Savage Messiah], 1972), de Gustav Mahler (Mahler, 1974), de Franz Liszt (Lisztomania, 1975), de Rudolph Valentino (Valentino, 1977). The Boy Friend (1971), hommage nostalgique aux opérettes anglaises des années folles et à l'âge d'or de la comédie musicale hollywoodienne, fut un échec commercial, contrairement à Tommy (1975), premier opéra rock de l'histoire du cinéma, sur une partition des Who. Ken Russell a semblé moins heureux dans le domaine de la science-fiction : Au-delà du réel (Altered States, 1979) vaut surtout par la perfection de ses trucages. Dans les Jours et les Nuits de China Blue (Crimes of Passion, 1984), il met son délire baroque au service d'une profession de foi antipuritaine. L'esthétique de l'outrance arrive à saturation dans des films comme Gothic (id., 1986), Aria (dont il réalise un des sketches, 1987), Salome's Last Danse (1987), le Repaire du ver blanc (The Lair of the White Worm, 1988), The Rainbow (1989), Whore (1991), Erotic Tales (épisode : The Insatiable Mrs. Kirsch, 1994), Uri (Mindbender, id., produit en Israël).

RUSSELL (Rosalind)

actrice américaine (Waterbury, Conn., 1907 - Beverly Hills, Ca., 1977).

Née dans un milieu aisé, fille d'une éditrice de mode, Rosalind Russell hérite de sa mère l'art et le goût de s'habiller. Mais c'est l'art dramatique qui l'intéresse et qu'elle étudie. Après être montée sur scène à la fin des années 20, elle joue dans un premier film en 1934. Grande dame de la comédie américaine, elle est une actrice de technique plus que d'instinct, sans cette part de génie qui fait scintiller une Carole Lombard ou une Claudette Colbert. Mais elle a, en revanche, l'atout d'un métier qui lui permet facilement de paraître ce qu'elle n'est sans doute pas. Après des emplois de demoiselle sophistiquée et frigide que le héros délaisse au profit d'une femme plus directe (la Malle de Singapour, T. Garnett, 1935 ; Sous deux drapeaux, F. Lloyd, 1936), elle ne s'est jamais départie d'un certain mécanisme, d'une certaine raideur qui, quelquefois, ont bien servi ses compositions. Ainsi, elle est remarquable en femme de tête rouée aux répliques foudroyantes dans l'étourdissant la Dame du vendredi (H. Hawks, 1940), son meilleur rôle de comédie. Elle n'a que rarement rencontré de cinéaste qui ait su l'exalter. Son abattage tourne parfois à vide dans des mises en scène inexistantes (Ma sœur est capricieuse, A. Hall, 1942), et les créations réellement senties comme dans Ma tante (Auntie Mame, Morton Da Costa, 1958) sont rares.