Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ARNOUL (Françoise Gautsch, dite Françoise)

actrice française (Constantine [auj. Qacentina], Algérie, 1931).

Née d'un père officier et d'une mère comédienne, elle vient en métropole au lendemain de la guerre et s'inscrit au cours d'art dramatique Andrée Bauer-Thérond. Ses débuts à l'écran remontent à 1949 dans l'Épave, de Willy Rozier : un rôle très déshabillé, qui lui vaut la célébrité. Elle enchaîne sur une comédie de Jean Boyer, Nous irons à Paris. On la cantonne quelque temps dans des rôles de fille perdue ou de gamine perverse : le Fruit défendu, les Compagnes de la nuit, le Dortoir des grandes, la Rage au corps, Secrets d'alcôve... En 1955, dans French Cancan de Jean Renoir, elle est la petite blanchisseuse de la butte Montmartre que Danglard (Jean Gabin) transforme en vedette du cancan : un rôle à sa mesure, d'autant qu'elle avait fait des études de danse. On la voit l'année suivante, de nouveau, aux côtés de Gabin, en serveuse de Restoroute, dans Des gens sans importance d'Henri Verneuil, puis en créature de Vadim, dans Sait-on jamais (1957). Elle est une séduisante espionne dans le diptyque la Chatte (1958), La chatte sort ses griffes (1959). Par la suite, on ne lui confiera guère que des rôles conventionnels de femme enfant, exception faite de quelques prestations intelligentes chez Pierre Kast (la Morte-Saison des amours, Vacances portugaises). En 1968, elle retrouve Jean Renoir pour un sketch de son Petit Théâtre (rôle de l'épouse délaissée du Roi d'Yvetot). Avec son compagnon, le cinéaste Bernard Paul, qui la dirigera en guest star dans Dernière Sortie avant Roissy (1977), elle se lance dans le syndicalisme. Elle a fait également du théâtre et de la télévision. La carrière est une chose, a-t-elle déclaré, mais il importe d'abord de réussir sa vie. On la retrouve en 1984 dans Ronde de nuit (Jean-Claude Missiaen), puis avec Jean Marboeuf dans Voir l'éléphant (1990) et Temps de chien (1996), Philippe Leriche dans les Années campagne (1992), Brigitte Roüan dans Post coïtum animal triste (1997), Claude Faraldo dans Merci pour le geste (2000).

ARNOUX (Alexandre)

romancier, critique et scénariste français (Digne 1884 - Paris 1973).

Collaborateur du Mercure de France et des Nouvelles littéraires, il se passionne pour le cinéma et devient rédacteur en chef de Pour vous, l'un des deux grands hebdomadaires de cinéma de l'avant-guerre. Il a publié Cinéma en 1929 et en 1946 une édition augmentée du même ouvrage sous le titre Du muet au parlant, souvenirs d'un témoin. « Le cinéma, y écrit-il, n'est qu'une résurrection de l'art primitif. Voilà son honneur et sa gloire. » Comme scénariste, on lui doit notamment Maldonne (J. Grémillon), l'Atlantide, Don Quichotte et le Drame de Shanghai (G. W. Pabst), la Charrette fantôme (J. Duvivier) et Premier de cordée (L. Daquin). Il fut membre de l'académie Goncourt.

ARNOUX (Robert)

acteur français (Lille 1899 - Paris 1964).

De formation classique (il fut le camarade de conservatoire de Charles Boyer et Pierre Blanchar), il tourne au début du parlant de nombreux films pour la UFA : Le congrès s'amuse (E. Charell, 1931), Tumultes (R. Siodmak, 1932), ainsi que pour la Paramount : la Perle (René Guissart, id.). On le voit dans Liliom (F. Lang, 1934), Jeunesse (G. Lacombe, id.). Gréville l'engage pour Remous (1935) et Marchand d'amour (id.). Son physique s'étant ensuite beaucoup alourdi, il campe les rondeurs avec humour et compose des rôles de profiteurs et de mercantis : Voici le temps des assassins (J. Duvivier, 1956), la Traversée de Paris (C. Autant-Lara, id.).

ARONOVICH (Ricardo)

chef opérateur argentin (Buenos Aires 1930).

Il est d'abord associé au nuevo cine argentin. Après quelques courts métrages (à partir de 1956), il signe en effet la photo de Los de la mesa diez (Simon Feldman, 1960), puis devient le proche collaborateur de Rodolfo Kuhn, David Kohon et Manuel Antín. Aussi à l'aise dans le réalisme dur et précis (les Fusils, de Ruy Guerra, en 1964, au Brésil) que dans la recréation stylisée d'une ville imaginaire que Borges inspira à son compatriote Hugo Santiago (Invasión, 1968), il s'impose comme un des grands cameramen latino-américains. Ruy Guerra fait appel à lui pour tourner en France Tendres Chasseurs (1969). Sa palette y fait merveille pour évoquer le pouvoir de l'imaginaire, comme le démontrera encore sa photo splendide de Providence (A. Resnais, 1977). Il vit en France depuis 1969 et a participé à de nombreux films, parmi lesquels le Souffle au cœur (L. Malle, 1971), l'Attentat (Y. Boisset, 1972), Clair de femme (Costa-Gavras, 1979), Missing (id., 1982), Hanna K (id., 1983), le Bal (E. Scola, id.) et la Famille (id., 1987), Mécaniques célestes (Fina Torres, 1994), Lumière noire (Med Hondo, 1994), Désiré (Bernard Murat, 1996), El impostor (Alejandro Maci, ARG 1997), le Radeau de la Méduse (Iradj Azimi, 1998), le Temps retrouvé (R. Ruiz, 1999).

ARQUETTE (Patricia)

actrice américaine (Chicago, Ill.,1968).

Patricia Arquette s'est affirmée comme une des actrices préférées du public de sa génération. Son interprétation de la fuyarde de True Romance (T. Scott, 1992) a certainement beaucoup fait pour cela : son talent et son énergie y étaient en évidence. Mais des films de grande qualité sont venus étoffer un physique de poupée dont elle sait jouer : blonde ou brune, elle le fait contraster avec un engagement physique presque athlétique (Rangoon, J. Boorman, 1995), elle le dédouble (deux rôles dans Lost Highway, D. Lynch, 1997), elle le pousse au bord de la caricature (la femme fatale de The Hi-Lo Country, S. Frears, 1999) ou vers la plus grande fragilité (À tombeau ouvert, M. Scorsese, 2000). Sa sœur aînée Rosanna (Recherche Susan désespérément, S. Seidelman, 1985 ; After Hours, M. Scorsese, id. ; le Grand Bleu, L. Besson, 1988 ; Too Much Flesh, J.-M. Barr, 2000) et ses deux frères David (la série des Scream, de W. Craven) et Alexis sont également acteurs.

ARQUILLIÈRE (Alexandre)

acteur français (Boën-sur-Lignon 1870 - Saint-Étienne 1953).

Acteur de théâtre, il se réclame d'Antoine et de Gémier ; vedette de cinéma, il doit tout à Victorin Jasset, qui le popularise sous les traits de Zigomar. Zigomar, roi des voleurs (1911), Zigomar contre Nick Carter (1912) et Zigomar Peau d'anguille (1913) brodent à partir de feuilletons les éternels combats du bien et du mal. Taillé en force, l'œil rusé, la mèche rebelle, excellent dans les personnages frustes, il va connaître le succès avec son rôle de la Souriante Madame Beudet (G. Dulac, 1923). On le voit encore en 1939 dans la Fin du jour (J. Duvivier).