Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

TRIANGLE.

Société de production américaine fondée en 1915 par Harry Aitken, Adam Kessel et Charles Bauman. Pendant trois ans, sous le triumvirat artistique de D. W. Griffith, Thomas Ince et Mack Sennett, la Triangle joue un rôle de premier plan dans l'évolution du cinéma aux États-Unis. L'échec financier d'Intolérance (1916), le départ de Griffith et de Sennett l'année suivante entraîneront la dissolution de la compagnie en 1918.

TRICHROMIE.

Emploi de trois couleurs de base pour restituer les couleurs. ( COULEUR, COULEURS [PROCÉDÉS DE CINÉMA EN].)

TRIER (Lars von)

cinéaste danois (Copenhague 1956).

Créateur d'images, théoricien de l'antinaturalisme et de la fascination, volontiers provocateur, Lars von Trier occupe une place singulière dans le cinéma scandinave et européen. C'est son diplôme de fin d'études, Images d'une libération (Befrielsesbilleder), couronné par le festival des films d'école de Munich, qui l'a révélé en 1982. Ce moyen métrage annonce, par ses qualités, Europa. L'humour d'Element of crime (1984), son jeu sur les références au genre policier ont davantage séduit qu'Epidemic (1987) avec ses ruptures et ses abstactions symboliques. En 1991, c'est l'événement Europa. Écrit avec la collaboration de Nils Vørsel comme les deux films précédents, coproduit avec la France et l'Allemagne, c'est une brillante variation sur le thriller et le mélodrame, un travail étonnant sur l'image et le son où les innovations cohabitent avec de vieux trucs cinématographiques en un cocktail explosif. Il présente ensuite une série télévisée baroque, provocatrice et non exempte de pastiche grinçant : l'Hôpital et ses fantômes (Riget, 1994), qui a été transféré sur support film. En 1995, il réalise Breaking the Waves suivi de Idiots (1998) et d'une suite de l'Hôpital et ses fantômes (id.). Il reçoit la Palme d'or à Cannes en 2000 avec Dancer in the Dark, un mélodrame musical interprété et chanté par la chanteuse islandaise Björk.

TRIESTE (Leopoldo)

acteur et cinéaste italien (Reggio de Calabre 1917).

Après des études de mise en scène au Centro sperimentale de Rome, il s'affirme comme auteur de pièces de théâtre et collabore à divers scénarios parmi lesquels ceux de : la Fille maudite (Preludio d'amore, Giovanni Paolucci, 1946), Jeunesse perdue (P. Germi, 1948), Giuliano bandit sicilien (A. Vergano, 1950), Le ciel est rouge (Il cielo è rosso, Claudio Gora, id.), Police en alerte (F. Rossi, id.). Dans le milieu du théâtre universitaire, il devient ami de Fellini, qui le fait débuter comme acteur dans Courrier du cœur (1952) : il y interprète avec verve le jeune mari pédant qui perd sa femme pendant son voyage de noces à Rome ; c'est une création insolite très remarquée qui le lance dans une longue carrière d'acteur de composition. Après Où est la liberté ? (R. Rossellini, 1953), il interprète l'écrivain raté des Vitelloni (F. Fellini, id.), un autre rôle inventé pour lui et pour son physique de rêveur timide. Parmi ses meilleures interprétations, citons : les Gaietés de la correctionnelle (S. V. Steno, id.), le Signe de Vénus (D. Risi, 1955), Destinazione Piovarolo (D. Paolella, id.), Il padrone sono me (F. Brusati, 1956), l'Adieu aux armes (Ch. Vidor, 1957), I Ragazzi dei Parioli (S. Corbucci, 1959), Le svedesi (G. L. Polidoro, 1961), Quelle joie de vivre ! (R. Clément, id.), Les partisans attaquent à l'aube (Un giorno da leoni, N. Loy, id.), Divorce à l'italienne (Germi, id.), Via Veneto (Giuseppe Lipartiti, 1965 [, 1963]), Séduite et abandonnée (Germi, 1964 — pour lequel il reçoit le Nastro d'Argento), le Sexe des anges (P. F. Campanile et M. Franciosa, id.), Escalation (Roberto Faenza, 1968), Una macchia rosa (Enzo Muzii, 1970), le Parrain II (F. F. Coppola, 1974), Il giorno dell'Assunta (Nino Russo, 1977). Il a dirigé deux films : Città di notte (1958 [, 1956]), analyse très personnelle des milieux snobs romains qui préfigure La dolce vita de Fellini ; Il peccato degli anni verdi (1961), drame axé sur les inquiétudes d'une jeune fille de la bourgeoisie.

Autres films :

Momo (J. Schaaf, 1985) ; le Nom de la rose (J. J. Annaud, 1986) ; Stradivari (Giacomo Battiato, 1987) ; Cinema Paradiso (G. Tornatore, 1989) ; Marchand de rêves (G. Tornatore, 1995) ; Il manoscritto del principe (R. Andò, 2000).

TRIFORMAT.

Se dit des appareils de projection conçus pour pouvoir projeter trois formats (1) de film.

TRIMBLE (Laurence, dit Larry)

cinéaste et producteur américain (Robbinston, Maine, 1885 - Woodland Hills, Ca., 1954).

Ancien fermier promu directeur de la Vitagraph, il construit une série de courts métrages autour de la personnalité de l'acteur John Bunny (Bunny at the Derby, 1912 ; Bunny Blarneyed, id., etc.) et, grâce à son chien Jean (« Jean the Vitagraph Dog »), devient le premier spécialiste des films à vedettes animales (Jean's Evidence, 1913). Il assure également la célébrité de Florence Turner, « The Vitagraph Girl ». Avec cette dernière (et John Bunny), il se rend en Grande-Bretagne en 1913 pour produire et réaliser des films populaires (My Old Dutch, 1915 ; Sally in Our Alley, 1916). De retour aux États-Unis au début des années 20, il tourne plusieurs films avec le chien Strongheart. Sa dernière œuvre, remake de son propre film signé onze ans auparavant (My Old Dutch, 1926, avec Florence Turner et Albert Chevalier), est considérée comme l'une de ses meilleures productions.

TRIMMERS (mot anglais).

Préréglages ou réglages pour ajuster la lumière de tirage aux caractéristiques du film dans les lanternes additives.

TRINTIGNANT (Jean-Louis)

acteur et cinéaste français (Piolenc 1930).

En confrontant ce qu'il est devenu en près de trente ans de carrière (par exemple dans le Bon Plaisir) avec ce qu'il était à ses débuts (dans Et Dieu créa la femme), on est frappé de constater le changement qui s'est opéré en Jean-Louis Trintignant, lequel a suivi un cursus apparemment harmonieux, sans rupture, sans aucune de ces phases d'absence à l'écran qui justifient, chez les plus grands, la construction d'une nouvelle image. Plus justement, si rupture il y a eu dans la carrière de Trintignant, il faut la chercher à ses tout débuts : en 1956, son rôle dans Et Dieu créa la femme et une idylle avec Brigitte Bardot, montée en épingle par la presse, en font prématurément une vedette. Un long service militaire fait oublier l'idylle et la jeune gloire. Trois ans après, il lui faut tout recommencer.