Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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NEGULESCO (Jean)

cinéaste américain (Craiova, Roumanie, 1900 - Marbella, Espagne, 1993).

Après avoir quitté à quatorze ans la Roumanie pour suivre des études de peinture à Paris, il mène pendant quinze ans une vie itinérante (Turquie, Grèce, Italie, France), ponctuée de séjours réguliers dans son pays natal. En 1927, après plusieurs expositions couronnées de succès, il s'établit à Hollywood. Il y tourne en 1928 son premier long métrage : Three and a Day — qui s'avère « immontable » —, puis entre au service du producteur Benjamin Glazer, qu'il assiste notamment, à titre de conseiller technique, monteur, réalisateur adjoint ou décorateur, sur This Is the Night (F. Tuttle, 1932), The Phantom President (N. Taurog, id.), l'Adieu au drapeau (F. Borzage, id.) et le Cantique des cantiques (R. Mamoulian, 1933). Après avoir coréalisé avec Harlam Thompson Kiss and Make Up (1934), il écrit les scénarios ou sujets originaux de : Expensive Husbands (Bobby Connolly, 1937), Fight For Your Lady (Ben Stoloff, id.), Beloved Brat (A. Lubin, 1938) et Les montagnards sont là (John Blystone, id.). Il entame en 1940 une prolifique carrière dans le court métrage et signe en 1941 son premier long métrage pour la Warner Bros, Singapore Woman. Durant son séjour dans cette firme, il se partage principalement entre le thriller (le Masque de Dimitrios, The Mask of Dimitrios, 1944, d'après Eric Ambler ; Three Strangers, 1946, d'après John Huston) et le mélodrame, où il connaît deux succès notables : Humoresque (1947, avec Joan Crawford et John Garfield) et Johnny Belinda (1948, avec Jane Wyman).

Entré à la Fox en 1948, il y dirige brillamment Ida Lupino dans Road House (la Femme aux cigarettes) et signe en 1953 l'un des premiers (et meilleurs) films catastrophes de la décennie : Titanic. Sa carrière oscille ensuite avec nonchalance entre la comédie sentimentale, Comment épouser un millionnaire (How to Marry a Millionnaire, 1953), la Fontaine des amours (Three Coins in the Fountain, 1954), Un certain sourire (A Certain Smile, 1957), le musical, Papa longues jambes (Daddy Long Legs, 1955) et le film d'aventures exotiques, la Mousson (The Rains of Ranchipur, 1955), Ombres sur la mer (Boy on a Dolphin, 1957), pour s'achever sur d'obscurs travaux : il dirige la deuxième équipe sur la Plus Grande Histoire jamais contée de George Stevens (1965) et remplace Ronald Neame, sur la demande de Darryl F. Zanuck, pour Hello-Goodbye (1970).

NEILAN (Marshall)

acteur et cinéaste américain (San Bernardino, Ca., 1891 - Woodland Hills, Ca., 1958).

Son physique, athlétique et distingué à la fois, le destine à une belle carrière de jeune premier. Mais, très vite, il se lasse de jouer certains rôles, pourtant flatteurs, aux côtés de Ruth Roland ou de Mary Pickford et opte, dès 1913, pour la mise en scène. Lancé et soutenu par Mary Pickford, il connaît jusqu'au milieu des années 20 une ascension fulgurante. De nos jours, on est frappé par son goût, son ingéniosité et son sens réel du cinéma (Papa longues jambes [Daddy Long Legs], 1919, le plus grand succès de Mary Pickford, Dorothy Vernon of Haddon Hall, 1924, et, surtout, l'obsédant Stella Maris, 1918). Il signe aussi des œuvres attachantes dans la clé romanesque à laquelle le prédestinaient ses origines irlandaises (Tess au pays des haines [Tess of the D'Ubervilles], 1924). Mais, dépensier, viveur et buveur, Neilan finit par se faire une mauvaise réputation et, jusqu'en 1937, celui qui fut l'un des rois d'Hollywood ne fit que décroître dans des productions de plus en plus modestes. Il revint occasionnellement à l'écran comme acteur, jusqu'en 1957 (Un homme dans la foule, d'Elia Kazan). Un grand cinéaste qui reste à redécouvrir et l'une des victimes du puritanisme hollywoodien.

NEILL (Roland de Gostrie, dit Roy William)

cinéaste américain (en mer, naissance enregistrée à Queenstone Harbor, Irlande, GB, 1887 - Londres, id., 1946).

Avec moins d'envergure et sans le moindre grand film à son actif, il appartient pourtant à cette race de pionniers, tels Shoedsack, Fairbanks, Walsh, qui font que l'histoire du cinéma commence comme un roman d'aventures. Acteur dès l'enfance, correspondant de guerre en Chine (1912), il tient quelques rôles pour Ince à son retour et devient, sur le tas, cinéaste, serviteur (amusé ?) de la bonne cause : Vive la France ! (1918), et The Kayser's Shadow (id.). Il aborde à peu près tous les genres, parfois coscénariste, producteur, avec de solides qualités d'artisan de série B plutôt noire ; son goût pour le film à suspense s'accommode très bien du macabre qui fait les beaux jours d'Universal ; il signe imperturbablement, pour le même studio, tous les Sherlock Holmes, sauf un, que l'on « mobilise » en fonction de l'actualité. La filmographie de R. W. Neill comporte une centaine de titres, dont la première moitié est considérée comme perdue. On a pourtant retrouvé The Girl Glory (1917). Pour le reste, on peut mentionner Baron Gregor, avec un Boris Karloff dédoublé (The Black Room, 1935) ; The Viper (1938) ; un duo-duel Lugosi/Lon Chaney Jr : Frankenstein rencontre le loup-garou (Frankenstein Meets the Wolf Man, 1943) ; et les variations plus ou moins fidèles à Conan Doyle avec Basil Rathbone et Nigel Bruce : Sherlock Holmes et l'arme secrète (Sherlock Holmes and the Secret Weapon, id.) ; Échec à la mort (Sherlock Holmes Faces Death, id.) ; Sherlock Holmes à Washington (Sherlock Holmes in Washington, id.) ; la Femme aux araignées (Sherlock Holmes and the Spider Woman, 1944) ; la Griffe sanglante (The Scarlett Claw, id.) ; la Maison de la peur (The House of Fear, 1945) ; Mission au soleil (Pursuit to Algiers, id.) ; la Femme en vert (The Woman in Green, id.) ; le Train de la mort (Terror By Night, 1946) ; la Clef (Dressed to Kill, id.) ; l'Ange noir (Black Angel, id.) avec Dan Duryea, Peter Lorre et Broderick Crawford.

NEILL (Nigel Neill, dit Sam)

acteur néo-zélandais d'origine irlandaise (Omagh, Irlande du Nord, 1947).

Il se fit remarquer dans le film australien Ma brillante carrière (My Brilliant Career, 1979, Gillian Armstrong) et ce fut immédiatement le début d'une carrière internationale qui le mena aux quatre coins du monde. Grand et athlétique, il peut à loisir jouer les héros ou les méchants, les brutes ou les êtres sensibles. Il fut souvent un mari incrédule face à une femme murée dans son secret (Possession, A. Zulawski,1981 ; Un cri dans la nuit, F. Schepisi, 1988, et surtout la Leçon de piano, J. Campion, 1993, où il était admirable dans un rôle ingrat). Mais il fut également La Fayette dans la Révolution française (R. Enrico/Richard T. Heffron, 1989) ou le héros de Jurassic Park (S. Spielberg, 1993), toujours crédible et efficace.