Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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OGIER (Marie-Thérèse Thielland, dite Bulle)

actrice française (Boulogne-Billancourt 1939).

Elle grandit dans un milieu aisé : sa mère est peintre et son père avocat. En 1962, elle rencontre Marc'O, suit, pendant deux ans, son groupe de travail théâtral et fonde, en 1963, avec ce dernier et quelques comédiens, un des premiers cafés-théâtres parisiens. Les Idoles (1968), filmée par Marc'O lui-même, marque les débuts cinématographiques de l'actrice. L'année suivante, l'Amour fou, de Jacques Rivette, révèle en Bulle Ogier un des meilleurs espoirs du jeune cinéma français. Elle y cultive déjà son image de fille fragile et lunaire, évoluant dans un registre intimiste.

Elle reste fidèle à cette image dans les films d'André Téchiné (Paulina s'en va, 1969), Jean-François Adam (M. comme Mathieu, 1973), Jacques Rivette (Out One, 1974 ; Céline et Julie vont en bateau, id. ; Duelle, 1976 ; la Bande des quatre, 1988), Barbet Schroeder (la Vallée, 1972 ; Maîtresse, 1976 ; Tricheurs, 1984), Marguerite Duras (Des journées entières dans les arbres, 1977 ; le Navire Night, 1979 ; Agatha et les lectures illimitées, 1981, plus ses prestations théâtrales). Actrice exigeante, elle choisit ses rôles et tourne pour d'autres auteurs réputés difficiles : Alain Tanner (la Salamandre, 1971), André Delvaux (Rendez-vous à Bray, 1971), Luis Buñuel (le Charme discret de la bourgeoisie, 1972), Daniel Schmid (la Paloma, 1974), Eduardo de Gregorio (Sérail, 1976 ; les Papiers d'Aspern, 1982), Rainer Werner Fassbinder (la Troisième Génération, 1979), Luc Bondy (Terre étrangère, 1986), Xavier Beauvois (Nord, 1991), Marion Vernoux (Personne ne m'aime, 1994), Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber, id.), Emmanuelle Cuau (Circuit Carole, 1995), Olivier Assayas (Irmavep, 1996), Tonie Marshall (Vénus Beauté Institut, 1998), Claude Chabrol (Au cœur du mensonge, 1999) tout en poursuivant parallèlement une carrière au théâtre.

Sa fille, Pascale Ogier (1960 - Paris 1984), après un début prometteur (le Pont du Nord, J. Rivette, 1981), remporte le prix d'interprétation à la Biennale de Venise, en 1984, pour les Nuits de la pleine lune (É. Rohmer, 1984). Alors qu'on la sent désormais à l'aube d'une grande carrière, elle disparaît brutalement, victime d'une crise cardiaque, quelques semaines seulement après son triomphe.

OGURI (Kohei)

cinéaste japonais (Maebashi, préfecture de Gunma, 1945).

D'abord assistant du réalisateur Kiriro Urayama, il passe à la réalisation en 1981 avec un film en noir et blanc évoquant son enfance à Osaka : la Rivière de boue (Doro no kawa). En 1984, il tourne Pour Kayako (Kayako no tame ni), où il traite des problèmes entre Japonais et minorité coréenne, et il adapte en 1989 un roman autobiographique de l'écrivain Toshio Shimao, l'Aiguillon de la mort (Shi no toge), qui obtient le prix de la critique internationale au Festival de Cannes 1990. Oguri s'est imposé par la rigueur de son style et son absence de compromis artistique. En 1996, il signe l'Homme qui dort (Nemuru Otoko).

O'HARA (Maureen Fitzsimmons, dite Maureen)

actrice américaine d'origine irlandaise (Millwall, G.-B., 1920).

Il a fallu le Technicolor pour rendre pleine justice à la plus célèbre rousse aux yeux verts que l'Irlande ait déléguée à Hollywood, mais la vivacité de son jeu, son charme et son abattage s'étaient révélés plus tôt. L'humour un peu lassant dont John Ford l'a entourée vaut moins que les ressources qu'elle sut tirer d'elle-même, et pas seulement à l'écran (elle fut avec Dorothy Dandridge l'initiatrice de la campagne qui imposa silence à divers journaux de chantage dans les années 50). Lancée par Hitchcock (la Taverne de la Jamaïque, 1939), s'étant tirée au mieux du rôle écrasant d'Esmeralda dans le (discutable) Quasimodo de Dieterle, en 1939, elle conquiert la célébrité avec Qu'elle était verte ma vallée (J. Ford, 1941) et brillera dès lors dans la comédie (l'Homme tranquille, id., 1952) sans pour autant négliger certains films d'aventures, orientaux ou maritimes, où elle ne dédaigne pas quelquefois manier l'épée : le Cygne noir (H. King, 1942) ; le Pavillon noir (F. Borzage, 1945) ; la Fière Créole (J. Stahl, 1947) ; Bagdad (Ch. Lamont, 1949) ; Tripoli (Will Price, 1950) ; les Fils des Mousquetaires (At Sword's Point, L. Allen, 1952) ; À l'abordage (G. Sherman, id.). Elle incarne Lady Godiva dans le film homonyme d'Arthur Lubin (1955) avant d'accéder à une composition dramatique dans L'aigle vole au soleil (Ford, 1957), mais, après 1960, la plupart de ses rôles ne sont que de sympathiques apparitions. Après avoir abandonné le cinéma pendant une vingtaine d'années, elle réapparaît sur l'écran en 1991 dans Only the Lonely de Chris Columbus. Parmi ses autres films, il convient de citer encore : Vivre libre (J. Renoir, 1943) ; Buffalo Bill (W. Wellman, 1944) ; Rio Grande (Ford, 1950) ; Ce n'est qu'un au revoir (id., 1955) ; le Brave et la Belle (B. Boetticher, id.) ; la Montagne des neuf Spencer (D. Daves, 1961) ; le Grand Mac Lintock (A. McLaglen, 1963).

OKADA (Eiji)

acteur japonais (Chiba 1920 - Tokyo 1995).

Il a inauguré sa carrière en jouant des rôles romantiques dans des films de tendance ‘ progressiste ’ : Jusqu'à notre prochaine rencontre (T. Imai, 1950), la Tour des lys (id., 1953), Hiroshima (Sekigawa, 1953), à côté de films plus traditionnels comme Okasan (M. Naruse, 1952), qui le fait notamment connaître à l'étranger. Mais c'est évidemment son interprétation de l'architecte japonais dans le Hiroshima mon amour d'Alain Resnais (1959), aux côtés d'Emmanuèle Riva, qui lui apporte une consécration internationale, l'amenant à jouer un rôle dans le film de George Englund le Vilain Américain (The Ugly American, 1962). On le voit ensuite dans le rôle de l'entomologiste ‘ prisonnier ’ de la Femme des sables (H. Teshigahara, 1964), ainsi que dans celui du mari d'Elle et lui (S. Hani, 1963). Il joue encore des personnages intéressants dans le Parfum de l'encens (K. Kinoshita, 1964) et le Visage d'un autre (Teshigahara, 1966), mais, par la suite, sa carrière n'a pas été à la hauteur de ses débuts.

OKADA (Mariko)

actrice japonaise (Tokyo 1932).

Fille de l'acteur Tokihiko Okada, elle travaille très jeune pour le cinéma (1951), et entre à la Shochiku en 1957, pour y tenir des rôles types de jeune fille japonaise. Elle tourne notamment dans deux œuvres d'Ozu, Fin d'automne (1960) et le Goût du saké (1962), et rencontre pendant le tournage de ‘ la Source thermale d'Akitsu ’ (1962) le cinéaste Yoshishige (Kiju) Yoshida, qu'elle épouse peu de temps après. Elle devient alors l'interprète de plusieurs de ses films, dans le mouvement de ce que l'on appellera la « Nouvelle Vague » nipponne : ‘ Histoire écrite par l'eau ’ (1965), ‘ Flamme ardente ’ (1967), Éros + Massacre (1969), ‘ Purgatoire Eroïca ’ (1970) et ‘ Aveux, théorie, actrices ’ (1971), en participant à la production indépendante de ces films dès 1966. Lorsque son mari semble délaisser quelque peu le cinéma, elle joue dans des productions beaucoup plus commerciales comme ‘ la Preuve de l'homme ’ (Ningen no shomei, Junya Sato, 1977), à la télévision, et également au théâtre.