Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ANDERSSON (Roy)

cinéaste suédois (Göteborg 1943).

Chef opérateur, puis assistant réalisateur (notamment de Bo Widerberg), il dirige son premier long métrage en 1970, sur le thème des amours d'adolescents Une histoire d'amour suédoise (En kärlekshistoria). Contrairement à ce premier essai, Giliap (1975) est un échec commercial, et l'auteur (scénariste, chef opérateur, monteur en même temps que réalisateur) – après avoir été contraint par la censure de laisser inachevé son film Quelque chose est arrivé (Någonting her hänt) qui traitait du mystère de l'apparition du virus HIV, renonce au cinéma jusqu'en 1991, année où il tourne Härling är jorden. Neuf ans plus tard, il est primé au Festival de Cannes avec son quatrième long métrage, un film d'auteur original Chansons du deuxième étage (Sångar från andra våningen, 2000).

ANDERSSON (Birgitta, dite Bibi)

actrice suédoise (Stockholm 1935).

Elle n'était encore qu'une adolescente lorsqu'elle apparut pour la première fois à l'écran dans un film publicitaire tourné par Ingmar Bergman pendant une grève de studios en 1951. Son intention était alors de se consacrer en priorité au théâtre. Effectivement, elle fera une grande carrière sur les planches, notamment sous la direction d'Ingmar Bergman. Elle jouera Schehadé, Strindberg, Hjalmar Bergman, Tchekhov, Shakespeare, Genet, Anouilh, Albee, Arthur Miller, Tennessee Williams, Molière, Marcel Aymé, avec un succès constant. Sa blondeur et sa délicatesse ingénue l'imposent pareillement à l'écran. Bergman lui demande d'interpréter la compagne fidèle du baladin dans le Septième Sceau (1957), puis un double rôle dans les Fraises sauvages (id.) : l'amour de jeunesse du professeur Isak Borg (Victor Sjöström) et l'autostoppeuse qui prend le vieil homme en pitié pendant son voyage à Lund. On la retrouve dans Au seuil de la vie (1958), le Visage (id.), l'Œil du Diable (1960) et surtout dans Persona (1966), où, face à Liv Ullmann, elle est une étonnante Anna, l'infirmière qui a la garde de l'actrice malade. En tournant avec Vilgot Sjöman (la Maîtresse, 1962), en tentant de faire une carrière internationale (la Bataille de la vallée du Diable de Ralph Nelson en 1966, la Lettre du Kremlin de John Huston en 1970, Jamais je ne t'ai promis un jardin de roses d'Anthony Page en 1977), on sent qu'elle cherche à échapper à l'univers bergmanien. Peine perdue. On se souvient plus d'elle dans Une passion (1969), le Lien (1971) ou Scènes de la vie conjugale (1973) que dans le Viol ou Blondy. Le cinéma n'a jamais effacé en elle la passion théâtrale (elle fut en 1975 une remarquable Viola dans la Nuit des rois de Shakespeare au Théâtre royal de Stockholm, dans une mise en scène de... Bergman).

Films  :

Dum-Bom (N. Poppe, 1953) ; ’Une nuit au château de Glimminge‘ (En natt på Glimmingehus, T. Wickman, 1954) ; le Trésor d'Arne (G. Molander, id.) ; ’Une fille sous la pluie‘ (A. Kjellin, 1955) ; Sourires d'une nuit d'été (I. Bergman, id.) ; ‘ Entrée privée ’ (Egen ingång, H. Ekman, 1956) ; le Dernier Couple qui court (A. Sjöberg, id.) ; le Septième Sceau (I. Bergman, 1957) ; ‘ On demande villa pour l'été ’ (Sommarnöje sökes, H. Ekman, id.) ; les Fraises sauvages (I. Bergman, id.) ; ‘ Tu es mon aventure ’ (Du är mitt äventyr, Stig Olin, 1958) ; Au seuil de la vie (I. Bergman, id.) ; le Visage (I. Bergman, id.) ; ‘ le Jeu de l'amour ’ (Den kära leken, Kenne Fant, 1959) ; ‘ Jour de noces ’ (Bröllopsdagen, K. Fant, 1960) ; l'Œil du Diable (I. Bergman, id.) ; ‘ Carnaval ’ (Karneval, Lenart Olsson, 1961) ; ‘ la Nuit des otages ’ (Nasilje na trgu, Leonardo Bercovici ; YU, id.) ; ‘ le Jardin des plaisirs ’ (A. Kjellin, id.) ; ‘ Pan ’ / ‘ L'été est court ’/l'Amour sous le soleil de minuit (B. Henning Jensen, 1962) ; ‘ la Maîtresse ’ (V. Sjöman, id.) ; Toutes ses femmes (I. Bergman, 1964) ; ‘ Nuit de juin ’ (Juninatt, Lars Eric Liedholm, 1965) ; l'Île (A. Sjöberg, 1966) ; Ma sœur, mon amour (Sjöman, id.) ; Persona (I. Bergman, id.) ; la Bataille de la vallée du Diable (R. Nelson, id.) ; Scusi, lei e favorevole, o contrario ? (A. Sordi, id.) ; le Viol (J. Doniol-Valcroze, 1967) ; les Filles (M. Zetterling, 1968) ; ‘ les Palmiers noirs ’ (L. M. Lindgren, id.) ; ‘ Histoire d'une femme ’ (Storia di una donna, L. Bercovici ; IT, 1969) ; ’Pense à un nombre‘ (P. Kjaerulff-Schmidt, id.) ; Une passion (I. Bergman, id.) ; Violenza al sole / Un’ estate in quattro / L'isola (F. Vancini, id.) ; la Lettre du Kremlin (J. Huston, 1970) ; le Lien (I. Bergman, 1971) ; ’Un homme de l'autre monde‘ (Čelovek s drugoj storony, Youri Egorov, id.) ; Scènes de la vie conjugale (I. Bergman, 1973) ; la Rivale (Sergio Gobbi, 1974) ; After the Fall (B. Cates, id.) ; Il pleut sur Santiago (H. Soto, 1975) ; Blondy (S. Gobbi, 1976) ; ’Jamais je ne t'ai promis un jardin de roses‘ (I Never Promised You a Rose Garden, Anthony Page, 1977) ; An Enemy of the People (George Schaefer, 1978) ; l'Amour en question (A. Cayatte, id.) ; Quintet (R. Altman, 1979) ; Airport 80-Concorde Airport 79-the Concorde, D. Lowell Rich, id.) ; Twee Wrouwen (George Sluizer, id., PB) ; ‘ Interdit aux enfants ’ (Barnförbjudet, Marie-Louise de Geer Bergenstråhle, id.) ; la Révolution des confitures (E. Josephson, 1980) ; ‘ Je rougis ’ (V. Sjöman, 1981) ; ’Une colline sur la face sombre de la Lune‘ (Berget på månens baksida, Lennart Hjulström, 1983) ; les Corbeaux (Svarte fugler, Lasse Glomm, NOR, id.) ; Exposed (id., James Taback, id.) ; ‘ le Dernier Été ’ (Sista leken, Jon Lindström, 1984) ; ‘ Demain ’ (Husmenna, Julia Rosma, FIN, 1986) ; le Festin de Babette (G. Axel, 1987) ; Los duenos del silencio (Carlos Lemos, ARG, id.) ; Fordringsägare (Stefan Bohm, Keve Hjelm, John O. Olsson, 1988) ; Il sogno della farfalla (M. Bellocchio, 1994) ; ‘ le Songe ’ (Drømspel, Unni Straume, id.) ; ‘ I rollerna tre ’ (Christina Olofson, 1996) ; ‘ Shit Happens ’ (Det blit aldrig som tänkt sig, Måns Herngren, Hannes Holm, 2000). .

ANDERSSON (Harriet)

actrice suédoise (Stockholm 1932).

Elle avait fait du cabaret à Stockholm et joué quelques rôles modestes à l'écran — notamment dans l'Esprit de contradiction de Gustav Molander en 1952 — quand Ingmar Bergman lui proposa d'incarner l'héroïne de Monika (1953). Elle y campe une jeune prolétaire à l'érotisme agressif qui va conduire au désespoir un amoureux trop naïf. La femme fatale auréolée de glamour se métamorphose ici en garce des faubourgs pour un résultat identique. Harriet Andersson fait sensation dans cette interprétation fortement naturaliste. Elle devient ainsi l'une des toutes premières actrices bergmaniennes. Quelques prestations à la scène (le Canard sauvage d'Ibsen sous la direction du même Bergman en 1954, le Journal d'Anne Frank de Goodrich et Hackett sous celle d'un autre réalisateur de cinéma, Molander, en 1955), mais surtout une suite de rôles dans des films bergmaniens. Elle est successivement l'écuyère de la Nuit des forains (1953), la jeune fille frigide tentée par Lesbos d'Une leçon d'amour (1954), le modèle de Rêves de femmes (1955), Petra la soubrette de Sourires d'une nuit d'été (id.), Karin la schizophrène d'À travers le miroir (1961). Les années 60 lui donnent quelques occasions de se mettre en valeur, principalement dans les Amoureux (1964) de Mai Zetterling et dans les films de son époux d'alors, Jorn Donner (Un dimanche de septembre, 1963 ; Aimer, 1964 ; Ici commence l'aventure, 1965 ; Anna, 1969). Elle accepte certaines propositions à l'étranger, tourne avec Sidney Lumet, revient au théâtre et se voit offrir à nouveau par Bergman un rôle marquant : celui d'Agnès, l'agonisante de Cris et Chuchotements (1972). Harriet Andersson est passée du registre des adolescentes délurées à celui des femmes inquiètes, écartelées entre leur désir et leur devoir social. Elle a représenté pour les spectateurs une certaine modernité à la suédoise sans pour autant rester prisonnière de son image de marque (Fanny et Alexandre, Bergman, 1982).