Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BAI HUA (Chen Youhua, dit)

écrivain, poète et scénariste chinois (Xinyang, Henan, 1930).

Il commence à écrire au lycée. À moins de 17 ans, il s'engage dans l'armée communiste. À partir de 1949, il s'affirme comme écrivain et publie poèmes et nouvelles ainsi que deux scénarios : ‘ le Convoi ’ (Shanjian lingxiang mabang lai, Wang Weiyi, 1954) et ‘ l'Escadron tibétain ’ (Zangmin qibingdui). Condamné comme droitier en 1957, il traverse ensuite près de vingt ans d'obscurité (il réussit néanmoins à publier une pièce de théâtre en 1962, qui est alors primée) et c'est seulement après la chute de la « bande des quatre » qu'il peut à nouveau donner sa mesure comme un écrivain prolifique qui touche à tous les domaines. Il écrit en particulier plusieurs scénarios de films : ‘ l'Aurore ’ (Shuguang, Shen Fu, 1979), sur les luttes fratricides qui ont déchiré le parti communiste dans les années 30 ; ‘ Ce soir, les étoiles brillent ’ (Jinye xingguang canlan, Xie Tieli, 1980), où il s'inspire de ses souvenirs de jeune soldat pendant la guerre civile ; ‘ la Princesse Paon ’ (Kongxue gongzhu), d'après une légende du Yunnan, une région où il a vécu de nombreuses années ; et surtout ‘ Amour amer ’ (Kulian, Peng Ning, 1981) qui provoque de violentes réactions au sein de l'armée et du parti, entraînant l'interdiction du film et la condamnation de son scénariste rendue publique par un article du Journal de l'armée qui réveille les douloureux souvenirs de la Révolution culturelle et entraîne une vaste campagne d'opinion. Depuis, Bai Hua a continué d'écrire. Au printemps 83, sa pièce de théâtre la Hallebarde d'or du roi de Wu et l'épée du roi de Yue (Wuwang jinge, Yuewang jian) a été jouée à Pékin. En 1988, il adapte pour le cinéma une nouvelle de l'écrivain taiwanais Bai Xianyong dont Xie Jin tire le film les Derniers Aristocrates (Zuihou de guizu, 1989).

Son frère jumeau, Ye Nan (Chen Zuohua, dit), est également écrivain et scénariste. En 1962, il collabore avec Xi Nong au scénario de ‘ la Bataille navale de 1894 ’ (Jiawu fengyun de Lin Nong). En 1979, il écrit le scénario de Aolei Yilan de Tang Xiaodan en deux épisodes et de ‘ Une forêt au bout du monde ’ (Lühai tianya de Shu Shi). En 1980, ‘ Nuit pluvieuse à Bashan ’ (Bashan yeyu de Wu Yigong — sous la supervision du Wu Yonggang).

BAILLIE (Bruce)

cinéaste expérimental américain (Aberdeen, S. D., 1931).

Après avoir étudié le cinéma à l'université de Minnesota, puis à Londres, il réalise à San Francisco son premier film On Sundays (1960-61). Ce portrait d'une jeune Chinoise émigrée est, dit-il, « un mélange de documentaire et de fiction ». Tels seront ses principaux films : Mass (1964), dédié aux Indiens Sioux et structuré comme une messe, avec Introït et Gloria, Castro Street (1966), « film en forme de rue », ou Valentin de las Sierras (1968). Quixote (1964-65) est un bon exemple de ce réalisme lyrique. Il passe ensuite à un registre plus grave (et plus abscons) avec Quick Billy (1971). Il avait fondé Canyon Cinema (1961), principal lieu du film expérimental en Californie.

BAINTER (Fay)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1891 - id. 1968).

Elle débute au cinéma à plus de quarante ans, après une longue carrière théâtrale, se spécialisant dans les rôles de mère de famille à la vertu solide, voire empesée. Sœur de Katharine Hepburn dans Pour un baiser (G. Stevens, 1937), épouse de Thomas Mitchell dans Place aux jeunes (L. McCarey, id.), épouse de Claude Rains et courtisée par Donald Crisp dans Filles courageuses (M. Curtiz, 1939), mère de Danny Kaye dans la Vie secrète de Walter Mitty (N. Z. McLeod, 1947), elle reçoit un Oscar (« best supporting actress ») pour l'Insoumise (W. Wyler, 1938), où elle est la tante de Bette Davis, et joue son dernier rôle dans la Rumeur (id., 1962).

BAISHO (Mitsuko)

actrice japonaise (préf. d'Ibaragi, 1946).

Elle débute avec sa sœur aînée Chieko dans la troupe Kagekidan de la Shochiku en 1965, avant de passer aux studios en 1967, où elle interprète des femmes de tempérament dans plusieurs films, dont le Baladin aveugle (1977), de Kaneto Shindo. Elle apparaît dans Kagemusha (1980), et dans Rêves (1990), d'Akira Kurosawa, mais ce sont ses rôles de femme énergique dans les films de Shohei Imamura qui la révèlent à l'étranger : La Vengeance est à moi (1979 ; Eijanaika, 1981 ; la Ballade de Narayama, 1983 ; Zegen, 1987 ; l'Anguille, 1997). M. Baisho est également l'interprète de nombreux autres films, dont ceux de Sogo Ishii (Crazy Family, 1984), Tatsumi Kumashiro (Love Letter/Koibumi, 1985), Nobuhiko Obayashi (la Fille qui parcourt le temps, 1997), ou Jun Ichikawa (la Berceuse de Tokyo/Tokyo Yakyoku, 1997).

BAI YANG (Yang Chengfang, dite)

actrice chinoise (Pékin 1920 - Shanghai 1996).

À l'âge de onze ans, elle tient son premier rôle dans Nouveaux Chagrins dans le palais (Gugong xinyuan, Hou Yao, 1932). Puis elle se fait connaître au théâtre, en particulier dans la Dame aux camélias (Chahua nü, 1934). Mais c'est son rôle dans le film Carrefour (Shizi jietou, Shen Xiling, 1937), aux côtés de Zhao Dan, qui la révèle au grand public, à moins de dix-sept ans. Pendant la guerre, elle se consacre principalement au théâtre au Yunnan et au Sichuan, ce qui lui vaut d'être couronnée l'une des quatre meilleures comédiennes de Chongqing.

À cette époque, elle joue également dans trois films : Fils et Filles de Chine (Zhonghua ernü, Shen Xiling, 1939) ; Dix Mille Lis de ciel (Changkong wanli, Sun Yu, 1940) ; Jeune Chine (Qingnian Zhongguo, Su Yi, id.). De retour à Shanghai, après la guerre, elle revient au cinéma et, comme elle est très célèbre, elle est engagée par les studios gouvernementaux malgré ses sympathies avouées pour les communistes. Elle tourne, en 1947, pour la compagnie progressiste Kunlun, deux films dont elle est la vedette incontestée : Huit Mille Lis de lune et de nuages (Baqianli lu yun he yue, Shi Dongshan) et les Larmes du Yangtsé (Yijiang chunshui xiang dong liu, Cai Chusheng et Zheng Junli), en deux parties, qui eut un succès exceptionnel. En 1948, elle se réfugie à Hong Kong où elle joue dans des films progressistes comme Crémation (Huo zang, Zhang Junxiang, 1948). Revenue en Chine, elle poursuit sa carrière : Levons-nous et demain (Tuanjie qˇilai dao mingtian, Zhao Ming, 1951) ; Pour la paix (Weile heping, Zuo Lin, 1956) ; le Sacrifice du nouvel an (Zhufu, Sang Hu, id.) d'après une nouvelle de Lu Xun ; Le printemps règne partout (Chun man renjian, id., 1959) ; Jin Yuji (Wang Jiayi, 1960) ; le Prunus d'hiver (Dongmei, Wang Yan, 1961). Désignée en 1956 comme l'une des cinq comédiennes les plus appréciées du public, elle est nommée, l'année suivante, vice-présidente de l'Association des cinéastes. Élue à trois reprises député à l'Assemblée nationale populaire avant la révolution culturelle, elle devient membre du comité de la Conférence consultative politique. Elle est l'auteur de Notes sur l'interprétation cinématographique (1979). Bai Yang reste appréciée surtout pour son naturel, sa réserve et la qualité de ses interprétations. En cinquante ans de vie artistique, elle a été la vedette d'une trentaine de films et d'une quarantaine de pièces de théâtre.