Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MILIGI (Mahmud al-)

acteur égyptien (Le Caire 1910 - 1984).

Il débute au théâtre dès la fin des années 20. Son premier rôle à l'écran date de 1932, dans un film dont on ne sait pas grand-chose, sinon que l'actrice Fatma Rushdi affirmait l'avoir réalisé... et l'avoir détruit : ‘ le Mariage ’ (al-Zawag). La même année, Miligi apparaît dans le premier film produit par les nouveaux studios Misr, Wadad, réalisé par Fritz Kramp, et qui marque la naissance de l'industrie cinématographique en Égypte. Sans jamais abandonner le théâtre, Miligi accepte avec constance de jouer les seconds rôles. Acteur de composition, il se fait, ou on lui fait, une spécialité des personnages douteux, « effendis » lâches et corrompus, fonctionnaires sans foi, maris bafoués : ‘ I'Ingrat ’ (1956) et ‘ Nous les étudiants ’ (1959), de ‘ Aṭ if Salim ; les Révoltés (1966), de Tawfiq Salah ; ‘ Ces gens et le Nil ’ (1968), de Yussif Chahin... Ce dernier lui propose d'incarner le paysan dépossédé et révolté de la Terre (1969), puis l'étonnant « Johnny » du Moineau (1973), ce qui oblige l'acteur à réendosser avec brio la défroque du loser, nostalgique des trafics et du whisky anglais. Il y a des moments où Miligi ressemble à Pablo Picasso : ce visage buriné aux yeux saillants, exprimant la gouaille comme la mélancolie, Chahin en fait le visage du père : chef de famille las et lucide dans le Retour du fils prodigue (1976), ou père aimant et irresponsable dans Alexandrie pourquoi ? (1978). Très populaire, Miligi est un des rares acteurs à faire preuve d'une réelle exigence professionnelle au Caire. Il a épousé Alwiya Gamil, actrice de théâtre.

MILIUS (John Frederick)

scénariste et cinéaste américain (Saint Louis, Mo., 1945).

Après des études de cinéma à l'université de Sud-Californie, il entreprend une carrière de scénariste dont il renie furieusement les seuls films qui pourraient lui valoir, s'il ne s'en défendait, un peu du reflet du talent de Sydney Pollack à sublimer la solitude amère de Jeremiah Johnson ; ou encore de celui de John Huston à marier mythe et dérision sous la férule du juge Roy Bean — ces deux films en 1972. Pollack et Huston eurent pourtant à dépasser des schémas dont Magnum Force (Ted Post, 1973) ou Dillinger dirigé la même année par Milius lui-même, révèlent l'étroitesse des conceptions. Du brassage indécis de Coppola aux prises avec Apocalypse Now (1979), au 1941 de Spielberg (id.), l'éventuelle personnalité du scénariste se perd — « 1941 : brillante réalisation, mais l'idée était épouvantable », affirme George Lucas. Cinéaste, Milius ne paraît pas affirmer davantage sa stature après le Lion et le Vent (The Wind and the Lion, 1975), Graffiti Party (Big Wednesday, 1978), Conan le Barbare (Conan the Barbarian, 1982) ou l'Aube rouge (Red Dawn, 1984) : une certaine patte dans le spectaculaire mais beaucoup de vent. Il adapte en 1989 le roman de Pierre Schoendoerffer l'Adieu au roi (Farewell to the King) et tourne en 1990 Flight of the Intruder. Il a produit Hardcore (id.) de Paul Schrader en 1979. ▲

MILLAND (Reginald Truscott-Jones, dit Ray)

acteur américain d'origine britannique (Neath, pays de Galles, 1905 - Torrance, Ca., 1986).

Cet ancien garde royal londonien, qui s'est orienté vers la carrière d'acteur de manière accidentelle, a très vite quitté l'Angleterre pour Hollywood, qui devait se laisser séduire par son charme désinvolte. Nanti d'un contrat de la MGM, il orne de son élégance très britannique les films où apparaissent Kay Francis (Passion Flower, W. C. De Mille, 1930) ou Constance Bennett (Bought, A. Mayo, 1931). Après un retour infructueux en Angleterre, il tente à nouveau sa chance aux États-Unis, grâce à un contrat avec la Paramount. Après une année passée à jouer les utilités, il a suffi de le voir, soupirant effervescent et farfelu de Claudette Colbert, dans Aller et retour (W. Ruggles, 1935) pour comprendre qu'une nouvelle étoile était née. Il restera au sommet pendant une vingtaine d'années. Il excelle dans la comédie mordante (Vie facile, M. Leisen, 1937 ; l'Écurie Watson, A. Asquith, 1939 ; la Folle Alouette, M. Sandrich, 1941). Dans ce registre, sa prestation la plus remarquable est celle du Pygmalion dandy et cynique qui tire de la boue la Duchesse des bas-fonds (M. Leisen, 1946). Dans une tonalité plus sombre, il sait suggérer menace et inquiétude dans des drames d'atmosphère noire (la Falaise mystérieuse, L. Allen, 1943 ; le Poison, B. Wilder, 1945, qui lui vaut un Oscar ; la Grande Horloge, J. Farrow, 1948) jusqu'à jouer le Diable lui-même avec autorité (Un pacte avec le Diable [Alias Nick Beal], Farrow, 1949).

Dans les années 50, le vieillissement lui permet deux excellentes créations : le joueur de tennis assassin du Crime était presque parfait (A. Hitchcock, 1954) et le magnat pervers éperdument amoureux de Joan Collins, la Fille sur la balançoire (R. Fleischer, 1955). Ensuite, on le voit surtout dans des rôles de complément à la TV et rarement au cinéma (Love Story, A. Hiller, 1970 ; Frogs, George Mac Cowan, 1972). Ray Milland est aussi un cinéaste étrange et original qui n'a pas toujours trouvé un sujet à la hauteur de sa personnalité. On peut oublier le Perceur de coffres (The Safecracker, 1958) et Hostile Witness (1967, GB) mais pas le caractère inhabituel de son western : l'Homme traqué (A Man Alone, 1955, où son mutisme pendant la moitié du film était saisissant), quelques détails cruels du plaisant Homme de Lisbonne (Lisbon, 1957, où Claude Rains jouait au tennis avec des oiselets vivants), ainsi que Panique année zéro (Panic in Year Zero !, 1962) sur le thème de la peur atomique. Il est aussi l'auteur d'un volume de Mémoires acides et candides : Wide-Eyed in Babylon (New York, 1974).

MILLE (fam.).

Désigne l'enregistrement d'une fréquence sonore de 1 000 Hz, employé comme repère de synchronisation entre bande image et bande-son, et parfois employé pour « masquer » un dialogue censuré.

MILLER (Lucille Ann Collier, dite Ann)

actrice américaine (Chireno, Tex., 1923).

Elle danse d'abord dans des films peu coûteux, notamment à la Columbia ; mais la MGM s'intéresse enfin à elle en 1948. Son physique de brune, sa vitalité chorégraphique et sa sensualité primesautière lui ouvrent plusieurs beaux rôles secondaires : tentatrice (Parade de printemps, Ch. Walters, 1948), délurée (Un jour à New York, G. Kelly et S. Donen, 1949), swing (le Joyeux Prisonnier [Small Town Girl], Leslie Kardos, 1953), voire libertine (Embrasse-moi, chérie, G. Sidney, id.), elle est le plus souvent opposée à une héroïne plus pudique. Ses solos ont un extraordinaire éclat, comme le montre encore Au fond de mon cœur (Donen, 1954). Mais sa carrière ne survit pas à la comédie musicale.