Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FABBRI (Diego)

scénariste italien (Forli 1911 - Riccione 1980).

Auteur de pièces pour le théâtre, il s'affirme depuis les années 40 avec des drames souvent adaptés à l'écran. Son premier scénario, la Porte du ciel (V. De Sica, 1943-1946), contient déjà tous ses thèmes religieux et éthiques exploités dans de nombreux films, dont le Témoin (P. Germi, 1947) ; Fabiola (A. Blasetti, 1949), la Beauté du diable (R. Clair, 1950), Europe 51 (R. Rossellini, 1952), I vinti (M. Antonioni, 1952), le Général Della Rovere (R. Rossellini, 1959), Barabbas (R. Fleischer, 1962). Il a collaboré aussi à deux des plus virulentes satires des institutions familiales de Marco Ferreri (le Lit conjugal, 1963 ; Marcia Nuziale , 1965), plutôt anticonformistes par rapport à son esprit habituel. Ses compromis commerciaux sont plus évidents dans ses adaptations de deux de ses propres succès scéniques : Il seduttore (F. Rossi, 1954) ; Une fille qui mène une vie de garçon (L. Comencini, 1965).

FABER (Juliette)

actrice française (Grevenmacher, Luxembourg, 1919).

Sa carrière se fait à Paris, où elle triomphe à la scène dans les Jours heureux , qu'elle reprend à l'écran en 1941 (Jean de Marguenat). Auparavant, Henri Diamant-Berger lui avait fait interpréter le rôle dramatique de la Vierge folle (1938) et Henri Decoin va lui confier en 1942 la charge redoutable de donner la réplique à Raimu dans les Inconnus dans la maison. L'ombre de la vedette y éclipse un peu l'ingénue, que l'on ne revoit plus que par intermittence : l'École buissonnière (J. P. Le Chanois, 1949) ; Justice est faite (A. Cayatte, 1950) ; la Vérité sur Bébé Donge (Decoin, 1952).

FABIAN (Michèle Cortes de Leone y Fabianera, dite Françoise)

actrice française (Alger 1933),

d'origine espagnole par son père et polonaise par sa mère. Elle entre au conservatoire de Musique d'Alger pour y étudier le piano et l'harmonie, s'installe à Paris en 1954 afin de suivre les cours du conservatoire d'Art dramatique. Elle débute à l'écran l'année suivante, avec deux films médiocres : Mémoires d'un flic de Pierre Foucaud et Cette sacrée gamine de Michel Boisrond. Elle épouse, en 1957, le réalisateur Jacques Becker (ce dernier mourra trois ans plus tard sans avoir jamais dirigé sa femme). Son jeu sensible et retenu ne se prête guère aux personnages qu'elle incarne à cette époque dans des bandes comiques ou d'aventures. Mais, à la fin des années 60 et au début des années 70, des cinéastes comme Buñuel (Belle de jour, 1967), Rohmer (Ma nuit chez Maud, 1969 ; l'Amour l'après-midi, 1972), Deville (Raphaël ou le débauché, 1971), Rivette (Out One spectre, 1974) réveillent le feu qui couvait sous la glace et lui offrent des rôles qui mettent en évidence sa séduction naturelle et une sorte de force passionnelle intériorisée. On la voit encore dans Au rendez-vous de la mort joyeuse (J. L. Buñuel, 1973), la Bonne Année (Cl. Lelouch, id.), Salut l'artiste (Y. Robert, id.), Projection privée (François Leterrier, id.) ; mais, les metteurs en scène français paraissant, à nouveau, ne plus lui confier d'interprétations à sa mesure, elle se laisse séduire par des tournages en Italie (Vertiges, M. Bolognini, 1975 ; Al piacere di rivederla, Marco Leto, 1976) tandis qu'en France on la remarque plus à la télévision dans des œuvres de Nina Companeez, Jean Chapot, Édouard Molinaro, Marcel Bozzuffi, qu'au cinéma (Deux Heures moins le quart avant Jésus-Christ, J. Yanne, 1982 ; le Cercle des passions, C. D'Anna, 1983) ; l'Ami de Vincent (P. Granier-Deferre, id.) ; Partir, revenir (C. Lelouch, 1985) ; Faubourg Saint-Martin (J. C. Guiguet, 1986) ; Trois places pour le 26 (J. Demy, 1988) ; l'Ami retrouvé (J. Schatzberg, 1989) ; Plaisir d'amour (N. Kaplan, 1991) ; Secret défense (J. Rivette, 1998) ; la Lettre (M. de Oliveira, 1999).

FABRE (Saturnin)

acteur français (Sens 1883 - Paris 1961).

Voilà un comique dont l'extravagance inquiète par sa démesure, et capable par conséquent du meilleur comme du pire : Ne bougez plus (Pierre Caron, 1941). Une abondante suite de succès théâtraux qui s'arrêtent peu avant 1939 et dont il rend compte avec une verve délirante dans ses souvenirs (intitulés Douche écossaise) lui donne d'emblée une place de choix dans le cinéma parlant. Ses apparitions sur l'écran muet avaient été plus modestes : Mademoiselle de La Seiglière (A. Antoine, 1920). De prestance imposante, il utilise avec une confondante habileté les ressources d'un visage qui garde son impassibilité en toutes circonstances et d'une voix profonde dont il tire des modulations irrésistibles. Il transporte d'ailleurs souvent l'originalité de ses rôles dans la vie courante. Grâce à lui, on se rappelle encore des films pourtant voués à l'oubli dès le départ : Sept Hommes, une femme (Y. Mirande, 1936) ; le Club des soupirants (Maurice Gleize, 1941) ; Un ami viendra ce soir (R. Bernard, 1946). Dès que le rôle l'avantage, il étincelle.

Autres films :

l'Hôtel du Libre Échange (M. Allégret, 1934) ; Pépé le Moko (J. Duvivier, 1937) ; Ignace (Pierre Colombier, id.) ; Désiré (S. Guitry, id.) ; Tricoche et Cacolet (Colombier, 1938) ; Ils étaient neuf célibataires (Guitry, 1939) ; Battement de cœur (Decoin, 1940) ; Marie-Martine (Albert Valentin, 1943) ; les Portes de la nuit (M. Carné, 1946) ; la Veuve et l'Innocent (André Cerf, 1949) ; Miquette et sa mère (H.-G. Clouzot, 1950).

FÁBRI (Zoltán)

cinéaste hongrois (Budapest 1917 - id. 1994).

Il est, avec Makk et Máriássy, l'un des principaux artisans de la première renaissance du cinéma hongrois qui se situe entre l'année de la mort de Staline et les événements de 1956. Son Petit Carrousel de fête (Körhinta, 1955), présenté au Festival de Cannes, remporte un large succès international et lance l'actrice Mari Törocsik. Professeur Hannibal (Hannibal tanár úr, 1956) confirme l'éclosion d'un réalisateur qui, sans se départir jamais d'une certaine lourdeur de style, saura aborder de front certains sujets historiques, sociaux ou politiques. Après une période d'hésitation, Fábri revient au premier plan avec Deux Mi-Temps en enfer (Két félidő a pokolban, 1961), les Ténèbres du jour (Nappali sötétség, 1964) et surtout Vingt Heures (Husz óra, id.), témoignage capital sur les contradictions et les vicissitudes du rêve socialiste depuis l'époque de la distribution des terres en 1945. Les films ultérieurs de Fábri, plus solides qu'inspirés, manquent parfois d'originalité (son adaptation de l'œuvre de Ferenc Molnár, les Garçons de la rue Pál [A Pál utcai fiúk, 1968], reste pesante et académique) mais conservent un intérêt « historique » de première importance (À un jour près [Plusz mínusz egy nap], 1972 ; la Phrase inachevée [141 perc a befejezetlen mondatból], 1975 ; le Cinquième Sceau [Az ötödik pecsét], 1976 ; les Hongrois [Magyarok], 1977).