Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ÉTALONNAGE.

Opération consistant à déterminer, plan par plan, les caractéristiques de la lumière de tirage (intensité et couleur) qui permettront d'obtenir une copie positive correcte. ( aussi COPIES, DOMINANTE, LABORATOIRE, SOURCES DE LUMIÈRE, TEMPÉRATURE DE COULEUR.)

Pour obtenir des images positives correctes à partir du négatif original, il est presque toujours nécessaire d'apporter des corrections au moment du tirage. Cette nécessité apparaît déjà si l'on considère chaque plan du négatif isolément : image trop claire ou trop sombre, ou bien présentant une dominante colorée. Elle provient surtout du fait qu'un film est une suite de plans tournés sans ordre chronologique précis et parfois dans des conditions très différentes ; de plus, le traitement des négatifs par le laboratoire peut varier légèrement durant le tournage. Il serait notamment inacceptable qu'à l'intérieur d'une même scène les couleurs varient d'un plan à l'autre.

L'étalonnage consiste à déterminer, plan par plan, les caractéristiques de la lumière de tirage (intensité et couleur) qui permettront d'obtenir une copie positive correcte.

L'étalonnage au temps du noir et blanc.

En noir et blanc, l'étalonnage est nettement plus simple qu'en couleurs. D'une part, les corrections se limitent à : plus clair ou plus sombre. D'autre part, un œil exercé peut, par simple examen du négatif devant un verre dépoli lumineux, définir avec précision les corrections nécessaires. Aux tout débuts du cinéma, le tirage se pratiquait dans l'appareil universel qui servait tour à tour de caméra, de tireuse, de projecteur. Pour corriger le tirage, il suffisait de tourner la manivelle plus ou moins vite selon les plans, ce qui modulait le temps d'exposition du positif. Lorsque apparurent les véritables tireuses, qui travaillent à vitesse constante, la seule solution consistait à faire varier la lumière de tirage, soit en réglant par rhéostat l'intensité de la lampe, soit grâce à une bande cache, similaire (à l'absence près de filtres colorés) à celle décrite ci-dessous.

L'étalonnage en couleurs.

En couleurs, deux méthodes de correction sont possibles. Dans les deux cas, le fait que le négatif soit en couleurs complémentaires de celle du sujet, et surtout l'existence d'un masque jaune-orangé ( COULEUR) excluent la détermination des corrections par examen visuel du négatif ; il faut tout d'abord reconstituer une image positive.

Les tireuses soustractives.

Sur les tireuses soustractives, on intercale (entre la lampe et le couloir de la tireuse) des filtres colorés qui soustraient une partie des radiations lumineuses émises par la lampe.

Ces filtres peuvent être agrafés devant des orifices pratiqués dans une bande cache, qui avance d'un cran à chaque changement de plan nécessitant un nouveau réglage. (L'avance de la bande cache est commandée soit à partir d'encoches pratiquées sur le bord du négatif, soit à partir de perforations pratiquées dans une bande pilote défilant en synchronisme avec le film.) Les filtres colorés règlent la couleur de la lumière. Pour régler son intensité, deux méthodes sont possibles. Ou bien les orifices de la bande cache sont des trous circulaires de diamètre variable, jouant le rôle d'un diaphragme. Ou bien ils sont de taille constante, et l'on superpose des filtres gris aux filtres colorés. Dans la seconde méthode, on peut remplacer la bande cache par une bande pochette, où les films sont tout simplement glissés entre deux films transparents.

Pour déterminer les réglages, on confectionne une chenille, succession de quatre images prélevées à la fin de chaque plan monté dans le négatif final. La chenille, qui constitue un raccourci de ce négatif, est tirée en positif à plusieurs réglages : en comparant les résultats, l'étalonneur définit les meilleurs réglages. Il peut être nécessaire de procéder à plusieurs tirages successifs de la chenille avant de parvenir à un résultat correct. Lorsque ce résultat est atteint, l'étalonneur transmet son étalonnage, c'est-à-dire le relevé des réglages nécessaires, à la personne qui confectionne les bandes caches.

Les tireuses additives.

Le temps demandé pour la confection des bandes caches, le coût et les risques de détérioration des filtres sont autant d'inconvénients qui ont conduit à la mise au point des tireuses additives.

Ici, le faisceau lumineux blanc de la lampe est d'abord divisé par un système optique en trois faisceaux distincts où sont regroupées les radiations lumineuses respectivement bleues, vertes, rouges. Un second système optique fusionne ensuite les trois faisceaux, ce qui reconstitue, par addition, le faisceau initial. En fait, des volets mobiles (ou light valves) modulent l'intensité de chaque faisceau, permettant ainsi de faire varier à la fois l'intensité globale et la couleur de la lumière finale. Le réglage des volets est commandé par les perforations d'une bande code dont l'avance, à chaque changement de réglage, est commandée comme précédemment par des encoches sur le négatif ou par des plots magnétiques collés sur le bord du film ou encore par un compteur électronique.

Outre la suppression des inconvénients mentionnés plus haut, ce procédé présente deux avantages sur le tirage soustractif. D'une part, il permet des réglages plus fins : 50 lumières par faisceau sur les tireuses modernes alors que les tireuses soustractives offrent seulement 20 lumières pour l'intensité globale et 20 graduations par couleur. (« Lumière » doit être entendu au sens, qu'on lui donne en mécanique, d'orifice laissant un passage — ici : un passage au faisceau lumineux. On peut retenir que les tireuses additives permettent un réglage deux fois plus fin que les tireuses soustractives.) D'autre part, le changement de réglage s'effectue en un temps très court, ce qui permet d'accroître le débit de la tireuse. Tout cela concourt à ce que le tirage additif ait presque entièrement supplanté le tirage soustractif.

Pour déterminer les réglages, l'étalonneur dispose ici de deux méthodes : la chenille, déjà décrite ; l'analyseur, dispositif électronique qui fournit sur un écran de télévision l'image positive du négatif à corriger, image qui peut être modifiée grâce à trois boutons, gradués en correspondance avec les réglages possibles des volets de la tireuse. Lorsque l'image observée sur l'écran est jugée satisfaisante, on prend note des nombres relevés sur les boutons, ce qui constitue l'étalonnage du plan. Ces nombres sont ensuite reportés sur la bande code. (Les analyseurs sont même couplés directement avec la machine à fabriquer la bande colle.) Il est possible de combiner l'analyseur et la chenille, afin d'éviter la manipulation excessive du négatif monté.