Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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HERNÁDI (Gyula)

écrivain et scénariste hongrois (Oroszvár 1926).

Publiant régulièrement récits, nouvelles, romans, pièces de théâtre, il travaille parallèlement pour le cinéma. S'il a collaboré avec Tamás Rényi (la Vallée [A völgy], 1968), Marta Meszarös (Adoption, 1975) et Ferenc Grunwalsky (Requiem pour un révolutionnaire [Vörös rekviem], 1976), Hernádi est avant tout le coéquipier de Miklos Jancsó, de Cantate (non crédité, 1963) à la Valse du Danube bleu (1991). Ensemble, ils ne cessent d'explorer et d'interroger leur histoire, de dévoiler les mécanismes du pouvoir et de la répression, mais aussi de mettre en évidence les aspirations à la liberté et au changement qui, sous forme de révolutions, ont périodiquement embrasé la Hongrie. Sans jamais en freiner l'élan, la phrase sèche et laconique de Hernadi a contribué à l'épanouissement du style quasi chorégraphique, purement visuel de Jancsó.

En 1988 il a aussi signé pour Z. Kezdi-Kovacs les dialogues de l'adaptation de son propre roman : les Cris.

HERNÁNDEZ (Teo)

cinéaste expérimental mexicain (Ciudad Hidalgo 1939 - Paris 1992).

Après des études d'architecture à Mexico, il s'installe à Paris en 1966. Avec sans doute Stéphane Marti Michel Nedjar et le tandem Maria Klonaris-Katerina Thomadaki, il y devient le maître en France du super 8 artistique conçu comme mise en scène cérémoniale du corps, mais aussi, comme parfois chez Morder ou Courant*, captation des moments et des lieux de grâce de la vie — particulièrement dans les villes, qu'il explore inlassablement, vivement, poétiquement (série des Souvenirs, 1980-...). Passant de l'hiératisme lent (Salomé, 1976) à la profusion saccadée (Corps aboli, 1978, Parvis Beaubourg, 1982) puis au rapide-ralenti (le Déjeuner, 1988), ou de l'œuvre-somme (le Corps de la passion, 1977-79, Maya, 1979) au haiku (30 films brefs, 1977-1984), il réalise plus de cent films en trente ans. Dans les années 90, il poursuit en France, où son grand talent tarde à être reconnu d'un large public, une œuvre de cinéartiste personnelle et lyrique.

HERRAND (Marcel)

acteur français (Paris 1897 - Montfort-l'Amaury 1953).

Homme de théâtre coté, il n'aborde que tardivement le cinéma avec le film de Jacques de Baroncelli : Le pavillon brûle (1941). C'est avec deux œuvres de Marcel Carné qu'il fournit la dimension de sa personnalité et de son talent : les Visiteurs du soir (1942) et surtout les Enfants du paradis (1943-1945), où il campe avec une hautaine désinvolture la figure de Lacenaire, le dandy du crime. On a ensuite l'impression que le cinéma l'ennuie un peu et qu'il met dans ses apparitions assez nombreuses une condescendance, affectée ou non. Aussi bien ne travaille-t-il qu'avec des réalisateurs de second rang. Ni Georges Lacombe (Martin Roumagnac, 1946), ni Maurice Tourneur (Impasse des Deux Anges, 1948), ni Marcel L'Herbier (les Derniers Jours de Pompéi, 1950), ni Louis Daquin (le Parfum de la dame en noir, 1949), ni même ses compositions de Fantômas (Jean Sacha, 1947) ou de Louis XV (Fanfan la Tulipe, Christian-Jaque, 1951) ne lui font retrouver l'éclat de ses premiers rôles.

HERRMANN (Bernard)

musicien américain (New York, N. Y., 1911 - Hollywood, Ca., 1975).

Issu de la Juillard School of Music, il compose dès 1933 la musique de milliers de programmes radio, dont le célèbre Guerre des mondes (1938) d'Orson Welles. C'est pour ce dernier qu'il signe sa première partition de film, Citizen Kane (1940), puis la Splendeur des Amberson (1942). Ce sont ensuite Jane Eyre (R. Stevenson, 1944), l'Aventure de Mme Muir (J. L. Mankiewicz, 1947), la Maison dans l'ombre (N. Ray, 1951), le Jour où la terre s'arrêta (R. Wise, 1951) et l'Affaire Cicéron (Mankiewicz, 1952). Mais qui a tué Harry ? (1955) inaugure une longue et fructueuse collaboration avec Hitchcock, qui se poursuit avec l'Homme qui en savait trop (1956), le Faux Coupable (1957), Sueurs froides (1958), la Mort aux trousses (1959), Psychose (1960), les Oiseaux (1963) et Pas de printemps pour Marnie (1964) ; on peut y rattacher quelques partitions pour deux disciples du maître, François Truffaut (Fahrenheit 451, 1966, et La mariée était en noir, 1967) et Brian de Palma (Sœurs de sang, 1972, et Obsessions, 1974). Herrmann écrit aussi des partitions aussi inventives qu'évocatrices pour les films animés par Ray Harryhausen : le Septième Voyage de Sinbad (N. Juran, 1959) ; les Voyages de Gulliver (Jack Sher, 1960) ; l'Île mystérieuse (C. Enfield, 1961) ; Jason et les Argonautes (D. Chaffey, 1964). Taxi Driver (1975), le dernier film qu'il ait écrit, lui a été dédié par Martin Scorcese.

HERSHEY (Barbara Herztein, dite Barbara)

actrice américaine (Hollywood, Ca., 1948).

Après avoir tenu, à dix-huit ans, la vedette du feuilleton westernien « The Monroes », elle révèle une personnalité et un instinct dramatique prometteurs dans Dernier été (F. Perry, 1969). Sa sensualité gracile et un reste, émouvant, de gaucherie adolescente contribuent à la réussite de Bertha Boxcar (M. Scorcese, 1972) mais l'actrice éprouve d'évidentes difficultés à aborder des emplois adultes. Fuyant Hollywood, elle tourne dans des productions indépendantes sous le pseudonyme de Barbara Seagull, que lui a inspiré son admiration pour le roman-culte Jonathan Livingston le goéland. Elle trouve enfin des rôles à sa mesure dans le Diable en boîte (R. Rush, 1980), l'Emprise (S. J. Furie, 1982) et le Meilleur (B. Levinson, 1984), et s'impose parmi les grandes actrices dramatiques de sa génération avec Hannah et ses sœurs (W. Allen, 1986), Tin Men (B. Levinson, 1987), le Bayou (A. Kontchalovsky, id.), Un monde à part (Chris Menges, 1988), Tante Julia et le scribouillard (Aunt Julia and the Scriptwriter (Jon Amiel, 1990), Defenseless (Martin Campbell, id.), Paris Trout (Stephen Gyllenhaal, 1991), A Dangerous Woman (id., 1993). En 1996, elle campe avec une cruauté qui fait froid dans le dos une manière de Mme de Merteuil dans Portrait de femme (J. Campion).

HERSHOLT (Jean)

acteur américain d'origine danoise (Copenhague 1886 - Los Angeles, Ca., 1956).

Enfant de la balle, il vient aux États-Unis en 1914. Homme corpulent, d'apparence truculente, il donne, dès le muet, de remarquables interprétations réalistes comme celle du cousin de Zasu Pitts dans les Rapaces (E. von Stroheim, 1923). Au parlant, il compose alternativement des hommes frustes et violents (Courtisane, R. Z. Leonard, 1932) ou des hommes pleins d'humanité et de bonté (Une femme survint, J. Ford, 1932 ; The Country Doctor, Henry King, 1936). Célèbre pour ses activités de bienfaisance, un Oscar spécial, pour services humanitaires, fut instauré quand il mourut du cancer en 1956. Il est distribué chaque année sous le titre de Jean Hersholt Humanitarian Award.